Le gouvernement présente le projet de loi-cadre sur l’Enseignement

Le projet de loi-cadre sur l’Enseignement, qui vient d’être présenté par le gouvernement, remet le secteur sur le devant de la scène politique et médiatique. D’emblée ce constat : L’égalité des chances, base de toute équité, a brillé par son absence dans ce projet, qui plonge dans des généralités conceptuelles, en contradiction flagrante avec les principes soulignés, dans ce sens, par le texte fondamental.

La qualité, condition sine qua non, pour obtenir des résultats concluants, permettant à la société d’accéder au savoir et à la connaissance pour promouvoir le progrès scientifique et servir le pays, a été définiepour ne pas signifier, sous des pressions contextuelles et conjoncturelles, ce que le concept signifie dans l’univers de la science et de la connaissance. Du coup, les principes de «l’égalité des chances» et de «la qualité», qui vont sanctionner la compétence, ne cadrent pas le parcours.

En plus de l’absence des deux piliers fondamentaux, le projet, qui ambitionne de baliser une voie pour l’avenir, a rompu avec le passé où l’échec politique dans le secteur serait la seule raison de l’énonciation de ce projet. Et avant la période de la crise, d’aucuns s’accordaient à dire que ce système était efficace, productif et prometteur. Un constat sur la décadence du système et la politique qui l’avait conduit au désastre, sans pour autant que les plans politiques ayant suivi cette crise, dans l’ultime objectif de sauver le navire, n’ont pas été concluants, devait être dressé de nature à tirer les conclusions nécessaires. Les enseignements proviennent de l’Histoire, dit-on. Chose que l’actuel projet cadre a balayé d’un revers de main, sans prendre en compte les rapports des instances nationales et internationales qui classent le Maroc au bas de l’échelle.

La couleur est ainsi annoncée dès le départ. Ainsi, on fait triompher l’une des conceptions d’un concept, tout en sacrifiant les autres pour le vider en fin de compte de toute sa signification. Ce qui le met hors de l’ère constitutionnelle actuelle. Par exemple, le projet parle de la décentralisation et d’une approche de gestion au niveau territorial, alors que le pays est sur la voie de la régionalisation, encore à la recherche des mécanismes de nature à assurer son efficience en parfaite harmonie avec la nouvelle vision constitutionnelle. L’autre paradoxe, est non des moindres, est que ce projet de loi-cadre No 51.17 relatif au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique se base sur des recommandations d’une charte qui a démontré ses limites et son échec, en dépit d’un plan d’urgence qui a fini à son tour aux «urgences», sans pour autant être réanimé. Et les rapports des instances de suivi n’ont cessé de le démontrer. De même, le projet se caractérise par des généralités et de vagues définitions des concepts loin de la sémantique scientifique qui pourrait cadrer le contenu.

Ainsi, on rencontre des concepts dont la définition cache l’ambigüité et laisse présager dès maintenant les résultats, tels les termes de «l’apprenant», de «l’alternance linguistique», du «comportement civique», de «l’équité» et de «la qualité». Ce qui pousse à dire qu’il s’agit d’un cadrage d’apprentissage des sciences de l’éducation et non pas d’un projet cadre qui devait être accompagné par des mesures balisant la voie pour sa mise en œuvre effective.

De même encore, le projet cadre en question reste flou et ne définit pas clairement les rôles des différents intervenants et des institutions. Ainsi, on passe de l’Etat au gouvernement et vice-versa, puis au conseil supérieur de l’éducation et de la formation sans aucune précision des responsabilités. Cette ambiguïté sera mise à profit pour se renvoyer les responsabilités sans savoir qui rendra des comptes comme le dispose, d’ailleurs, les lois constitutionnelles. Il faut dire enfin que seule une mise en œuvre saine et démocratique du texte Fondamental est de nature à promouvoir le modèle de développement du pays.

Belkassem Amenzou

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