Hassan Aourid: «l’amazigh ne peut connaitre un plein essor avec le tifinagh»

Il est désormais de notoriété publique que le débat sur les langues ressurgit à chaque rentrée. Après la récente polémique sur la darija et la langue arabe dans l’enseignement, c’est au tour des associations et coordinations amazighes de monter au créneau et de pointer du doigt la régression et le recul de l’enseignement de l’amazigh au sein de l’école marocaine.

Un communiqué conjoint a été rendu public par ces associations pour alerter sur l’état «critique» de cette langue dans le système éducatif national. Il faut dire que ce débat ne date pas d’aujourd’hui.

En effet, plusieurs facteurs entravent le développement de cette langue officialisée dans la constitution de 2011, particulièrement la lenteur dans la mise en œuvre du caractère officiel de l’Amazigh. Pour le politologue Hassan Aourid, l’un des principaux défis est que malgré l’officialisation de la langue amazighe depuis 7 ans, elle n’est toujours pas standardisée. «Je suis pour l’enseignement de la langue amazighe, ainsi que pour sa  promotion. Mais il faut dire que la langue amazighe n’est pas encore standardisée. Il n’y a pas de manuels, nous n’avons pas de formateurs…

Il faut  être réaliste.  Au lieu  de commencer par le bas, il faudrait commencer par le haut et descendre  au fur et à mesure», déclare-t-il dans une interview.

Autre challenge pour la promotion de l’amazigh c’est le choix du caractère tifinagh, de l’avis du politologue et écrivain. Si le débat sur le choix de l’alphabet a été tranché depuis plusieurs années, Hassan Aourid s’accroche toujours au choix du caractère latin pour mieux promouvoir l’amazigh. «Il y a certaines points sur lesquels je m’inscris en faux contre la tendance générale. L’un de ces points c’est que je suis favorable à l’usage du caractère latin. Je pense que la langue amazighe ne peut finalement connaitre son plein essor avec le tifinagh, malgré la charge symbolique de cet alphabet que je comprends tout à fait», affirme Hassan Aourid.

Dans un contexte où règne un blocage jugé «inexplicable» par plusieurs acteurs amazighs, tous les regards sont rivés sur la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication, pour dénouer la situation. «A mon humble avis, nous sommes des fois face à des choix douloureux et difficiles… entre l’identitaire et l’universel. Pour moi, je privilégie l’universel à l’identitaire»,  conclut Hassan Aourid.

Mohamed Nait Youssef

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