Facturation rapide : La Lydec s’explique

Depuis près de deux mois, les Casablancais reçoivent une facture d’eau et d’électricité un peu plus salée qu’à l’accoutumée. Une augmentation tout à fait normale, se défend la Lyonnaise Des Eaux De Casablanca (Lydec).

Du côté des ménages casablancais, il y a de l’électricité dans l’air. Beaucoup de familles se sont dirigés vers les régies de la Lydec et les associations de consommateurs pour essayer de comprendre pourquoi, tout en consommant autant d’eau et d’électricité que d’habitude, leurs factures semblent exagérées.

En Effet, depuis déjà deux mois, le système de tarification a changé, chose prévisible depuis trois années. Car depuis le 1er août 2014, et dans le but de sortir l’ONEE de sa crise financière (l’Office souffrait alors d’un déficit cumulé de 15 milliards de DH de 2008 à 2012), le gouvernement Benkirane a pris des décisions relatives aux nouvelles dispositions de facturation et de tarification, objet du contrat-programme État-ONEE couvrant la période 2014-2017.

Un système de tarification rigoureux

Ainsi, le système de tarification pour les tarifs particuliers est désormais composé de deux modes de facturation des consommations : des tranches auxquelles correspondent des tarifs progressifs, et celles auxquelles s’appliquent des tarifs sélectifs. La facturation progressive a été maintenue pour les consommations mensuelles inférieures ou égales à 12m3 pour l’eau potable, et à 150 kWh pour l’électricité. Pour sa part, la facturation sélective a été instaurée pour les consommations mensuelles supérieures à 12m3 pour l’eau potable et à 150 kWh pour l’électricité.

Le principe de la facturation sélective consiste à facturer la totalité de la consommation mensuelle au prix de la tranche dans laquelle elle se situe, précise la Lydec.

En d’autres termes, si la consommation atteint la tranche 3, que ce soit d’un litre ou d’un Kilowattheure, elle sera entièrement facturée en tranche 3… Et ce contrairement à ce qui faisait avant, à savoir une 1ère partie en tranche 1, une 2ème en tranche 2 et la 3ème en tranche 3.

À l’instar des autres distributeurs du Royaume (ONEE, Régies, Municipalités et Délégataires), l’entreprise de gestion déléguée explique qu’elle n’a fait que se conformer aux décisions en vigueur. Pour mieux expliquer la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions, la filiale de Suez annonce avoir mis en place un dispositif de communication via un message sur les factures, le dépliant d’information «Lydec et Vous» disponible en agence et distribué par les encaisseurs, ainsi que le site web. La grille tarifaire est également affichée en agence.

Au lieu des gestionnaires délégués, c’est le consommateur qui trinque

Si cette mesure trouve une bonne justification dans le souci gouvernemental de rationnaliser l’usage de ces ressources et de venir en aide à l’ONEE, on apprécie moins le tour de force du côté des associations de consommateurs, et encore moins son manque d’impact sur les caisses de l’Office. Bouazza Kherrati, président de la Fédération Marocaine des Droits du Consommateur, estime que le citoyen n’a pas de recours contre cette décision, motivée lors de sa prise par le spectre de la faillite auquel l’ONEE faisait face. «L’Office, fournisseur principal de ces ressources que sont l’eau et l’électricité, est toujours en situation difficile, mais les régies et les gestionnaires délégués réalisent des excédents, chiffrés en milliards de centimes dans certains cas. C’est une chose que nous n’arrivons pas à comprendre», s’exclame Kherrati. Ce dernier reproche également aux concessionnaires d’une part, d’octroyer des «salaires exorbitants» à leurs cadres, de l’autre, des revenus maigres pour l’Etat qui «ne gagne malheureusement presque rien de ce deal».

Sans mâcher ses mots, il qualifie la rigidité de l’application de ces décisions par les gestionnaires délégués d’«aberrante» et s’indigne de voir qu’un litre ou un kilowattheure de dépassé puisse imploser la facture du consommateur. Le président de la FMDC va même jusqu’à reprocher au système de concession d’être «la principale cause de la faillite du secteur de l’eau et de l’électricité au Maroc», et invite les autorités à s’inspirer des modèles alternatifs adoptés par d’autres pays pour le remplacer. En attendant, l’été s’annonce chaud pour les ménages qui ne surveilleraient pas la consommation de leurs climatiseurs et de leurs robinets. La consommation de l’eau et de l’électricité atteint son pic lors de cette saison.

Iliasse El Mesnaoui

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