Organisé par le collectif des amis de Abdallah Stouky avec le soutien de l’Académie du Royaume
Mohamed Nait Youssef
Un cadencé d’émotions, un moment mémorable qui demeura à jamais dans les mémoires. Placé sous le thème «Le journalisme en question : évolution et problématique actuelle», un colloque en hommage à feu Abdallah Stouky a été organisé, le vendredi 21 octobre à Rabat, par le collectif des amis de Abdallah Stouky avec le soutien de l’Académie du Royaume du Maroc.
Ce fut un temps fort. D’éminentes personnalités des mondes de la culture, de la politique, de l’art et des médias ont répondu présents à ce rendez-vous pour rendre hommage à ce grand calibre de la scène médiatique et culturelle nationale, qui nous a quittés le 12 juillet 2022.
En effet, sa famille, ses amis, ses confrères et amis de la plume sont venus nombreux pour honorer sa mémoire et mettre les lumières sur son apport et parcours riches. Le regretté les a réunis. Les retrouvailles étaient enfin au siège de l’Académie du Royaume du Maroc, à Rabat.
Abdallah Stouky est un intellectuel et journaliste engagé qui a aspiré à la liberté d’expression, a souligné Abdeljalil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, dans son mot inaugural à l’occasion. Nous sommes, dit-il, devant une école en matière du journalisme qui nous apprend comment faire confiance à l’information que nous voulons et à l’avenir.
Témoigne de son temps, Abdallah Stouky, a-t-il ajouté, a présenté une leçon d’honneur de la parole transmettant des valeurs du dialogue et une leçon engagée en faveur de la culture et de la politique.
Mohamed Berrada : «la presse, un sujet qui passionnait Abdallah Stouky»
«Au début, le groupe d’amis de Abdallah Stouky a réfléchi à une journée commémorative après la quarantaine de sa disparition. Après, l’idée a germé… Dans ce cadre, monsieur Abdeljalil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, m’a demandé, ainsi que mes amis de faire quelque chose à l’Académie : un hommage, des témoignages mais sur un sujet scientifique qui passionnait Abdallah Stouky.», nous confie Mohamed Berrada, l’une des chevilles ouvrières de cette initiative qui a tenu toutes ses promesses. Et d’ajouter : «L’Académie nous a aidés pour inviter les personnalités étrangères pour débattre un sujet qui passionnait Abdallah Stouky, à savoir : la presse qui a été traitée sous plusieurs angles avec un parterre d’intervenants venus de différents pays».
Par ailleurs, la meilleure manière de rendre hommage à une telle personnalité hors pair, c’est d’aborder ses thèmes de prédilection qui traversent les temps et les sociétés.
«C’était extrêmement intéressant à tel point que je me dis qu’il y aura un après cet événement, parce qu’on a mis en relief quelques aspects de la presse dont on va tenir compte afin de réfléchir à la nouvelle presse du Maroc et à la presse d’une nouvelle ère.», a-t-il affirmé.
Selon Mohamed Berrada, les pays arabes et africains font face aux défis de la crise que traverse la presse aujourd’hui et dans l’avenir.
«Je pense que l’Académie du Royaume du Maroc a bien fait de choisir un tel sujet et de nous laisser honorer la mémoire de Abdallah Stouky par un tel événement», a-t-il fait savoir.
Nabil Benabdallah: «Abdallah Stouky, un érudit qui a accompagné un très fort engagement politique»
Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et ami du défunt a salué cette initiative organisée grâce à un certain nombre d’amis qui ont accompagné Abdallah Stouky durant toute son existence, notamment la dernière partie de sa vie, ainsi que de l’Académie du Royaume du Maroc pour avoir hébergé cet événement.
«Abdallah Stouky est un modèle en son genre en matière du journalisme, du journalisme engagé, du journalisme profond, du journalisme sérieux. C’est un genre qui se fait de plus en plus rare aujourd’hui», a-t-il déclaré à Al Bayane en marge de l’hommage.
Abdallah Stouky, a-t-il dit, a accompagné un très fort engagement politique. Il était un journaliste de son temps , c’est-à-dire que dans les années 60 lorsqu’il s’est profondément engagé dans les combats politiques et dans le journalisme, il avait imprégné les idéaux de libération, les idéaux de liberté, les idéaux de démocratisation, les idéaux de l’ouverture sur le monde. Cela a marqué toute sa vie, il a fait de lui quelqu’un qui a pu côtoyer les plus grands de ce pays depuis l’aube de l’indépendance jusqu’à son dernier souffle», a-t-il révélé. Et d’ajouter : «j’ai pu connaitre Ssi Abdallah Stouky, notamment la deuxième partie de sa vie, et je peux vous dire que c’était un homme de conviction, un homme de principes. Au-delà du fait qu’il était d’une grande érudition, je me permets de le dire, c’était un homme délicieux dans la mesure où il avait toujours le bon mot, il avait le sens de la répartie extraordinaire et il était doué et doté d’une capacité analytique et de se projeter. En plus de cela, j’ai la faiblesse de croire que nous avions de manière mutuelle une relation empreinte de beaucoup de sympathie et de considération».
Un livre pour immortaliser son passage…
«Mélanges. Abdallah Stouky» est l’intitulé du livre fraichement édité par l’Agence marocaine de presse (MAP). Cette nouvelle publication intéressante réunissant les textes de Stouky est sans doute l’un des beaux hommages immortalisant son passage dans le monde des vivants.
«(…) D’une culture vaste, sinon encyclopédique, d’un style classique naviguant avec maestria dans les eaux ô combien turbulentes de la langue de Voltaire, d’un regard aiguisé, à la fois profond et critique, quelquefois féroce et passionné, c’est avec sa même délicatesse à l’égard de la gent féminine qu’il traite Dame culture avec beaucoup de classe. Qu’il s’agisse de littérature, de théâtre, de cinéma, des arts plastiques, Abdallah écrit avec une aisance époustouflante», écrivait le journaliste Mohamed Ameskane dans l’avant-propos du livre.
Et d’ajouter : «ainsi fut et restera Abdallah Stouky. Il ne se sent bien qu’entre les livres. Les murs de ses demeures successives ont toujours été tapissés, du plancher au plafond, par des milliers de livres. Bien entouré, entre de bonnes mains, un livre à la main, il oublie le monde et son fracas».
Ce livre est à la fois une référence incontournable et un hommage à l’homme qui aimait la vie et les livres.
Le journalisme en question…
Un sujet d’actualité. Le colloque en hommage à Abdallah Stouky, placé sous le thème : «Le journalisme en question : évolution et problématique actuelle», était l’un des temps forts de cette journée commémorative. Le premier panel présidé par Mohammed Essaouri, professeur de l’enseignement supérieur, a été marqué par la participation d’une pléiade d’intervenants, à savoir Jamaa Baida, directeur des Archives du Maroc, Philippe Jourdan, grand maître de la Confrérie des Compagnons de Gutenberg et Samba, président de l’Autorité Nationale de la Presse en Côte d’Ivoire. Quant au deuxième panel présidé par Nadia Bernoussi, professeur et membre du Comité Consultatif des Droits de l’Homme et membre de la commission de Venise, il a réuni une belle brochette de chercheurs, professeurs et journalistes à savoir : Soliman Gouda, journaliste et écrivain égyptien, Nadia Lahmaidi, professeure chercheure marocaine, Mor Faye, sociologue sénégalais et Hassan Benaddi, professeur marocain. Les interventions ont été riches que variées portant sur l’avenir du journalisme et ses enjeux majeurs dans les temps actuels.
Des témoignages pour rafraîchir les mémoires…
Abdallah Stouky a été un homme exceptionnel connu par son franc-parler. À prendre ou à laisser ! Or, il avait certainement de nombreuses amitiés qui n’ont pas pris une seule ride. En effet, lors de cet hommage, de nombreux amis et connaissances du regretté sont venus évoquer ses qualités à la fois intellectuelles, professionnelles et humaines. L’émotion y était.
«Il avait le sens de l’hospitalité et de la chaleur. Abdallah Stouky, c’est le dévouement, l’amitié, l’engagement. Il était un très bon compagnon. Sa beauté est très originelle», c’est avec ces mots que Samir El Chammah, ami du défunt, a ouvert le bal des témoignages.
Tour à tour, les intervenants ont mis la lumière sur le parcours de l’homme : ses valeurs, ses engagements, ses qualités professionnelles, intellectuelles et humaines.