contemplation et à la réflexion.
Ses œuvres allégoriques sont dotées d’une force tranquille auxquels il tente d’insuffler une nouvelle vie, en les gérant, en les vibrant. Cet acharnement sur la couleur et la matière est sous-tendu par un rapport passionné au mémorable, aux atmosphères et ambiances du terroir au féminin. Sa peinture expressionniste voir symboliste, fondée sur les jaillissements des traits, est dominée par la nouvelle figuration. En quête d’espace à revisiter, l’artiste privilégie les grands formats et donne libre cours à son énergie, offrant à ses toiles des compositions magistrales, riches en matières et actes gestuels, où se déploient traits fougueux et impressions colorées : «Ici tout bouge, nage, fuit, revient, se défait, se refait. Tout cesse, sans cesse», écrit Samuel Beckett à propos de Bram Van Velde. Cette phrase s’applique parfaitement à la peinture de Chahidi.
Le travail néoplasique de Chahidi est distingué et reconnu de tous par sa force et son intense créativité: féru de technique double (peinture et lumière noire) qu’il approfondit, il se remet régulièrement en question. Il reste toujours préoccupé par le problème de la transparence et du mouvement. Cette quête inépuisable donne à l’œuvre son unité. Ainsi, les tableaux fusionnels et lyriques nous révèlent un effort acharné au point du vue esthétique et marquent ainsi sa touche relative à la peinture connotative. Il s’agit des registres visuels qui nous invitent à découvrir et à saisir la dimension apparente des temps perdus au-delà de toute reproduction imitatrice de la réalité observée (l’artiste a été hanté par la représentation des sujets figuratifs). Le paradigme de sa sensibilité d’artiste se présente comme un espace symbolique où se mêlent recherche approfondie, perception analytique, narration poétique, témoignage subjectif, spontanéité, doigté et maîtrise des couleurs reconnaissables
Il s’agit d’un diaporama en couleurs et mouvements qui émanent du moment, un moment de révélations et introspections. Impressionniste de son état, Chahidi incarne le passionnant et le laborieux chemin de la vie et de la créativité, et ce dans le cadre d’un projet esthétique reposant sur l’authenticité de l’art pictural au Maroc. Hommage sublime à la femme voire le témoignage quintessencié de la mémoire vécue, sa peinture est un acte de réminiscence et souvenance, enfoui dans un imaginaire ivre qui est demeuré rebelle à l’effacement et à l’oubli.
Chez l’artiste peintre Abdelilah Chahidi, la référence à l’imaginaire collectif est toujours mise en valeur d’une façon synthétique et bien élaborée. C’est un cri d’âme animé par les scènes cinétiques de l’enfance.
Son parcours d’artiste a démarré dans les sillages des peintres marocains et étrangers de renom. Son esthétique des formes et sa vision des choses rendent la peinture narrative une trace indélébile de la mémoire à travers les impressions de voyage et les scènes éloquentes de la vie.
Chahidi est l’auteur d’une atmosphère harmonieuse, en exaltant la perspective spirituelle qui interpelle une lecture plurielle de l’œuvre. Dans ses tableaux récents, il accorde une primauté à la matière et à l’intensité chromatique, ce qui suscite des connotations. C’est un acte référentiel d’une profonde gestualité qui donne à voir, à percevoir et à concevoir.
*(critique d’art)