Hong Kong: Arrestation de Joshua Wong

Nabil El Bousaadi

Tête d’affiche du mouvement pro-démocratie hongkongais, Joshua Wong, 23 ans, qui s’était rendu célèbre en haranguant les foules lors du mouvement des «Parapluies» qui avait secoué Hong Kong, en 2014, alors même qu’il n’avait que 17 ans, a été arrêté, ce jeudi matin, en venant de lui-même, au commissariat, pour «pointer» au titre d’un contrôle judiciaire qui lui avait été imposé pour avoir, d’une part, «participé à une manifestation illégale le 5 Octobre 2019» et, d’autre part, «violé la loi draconienne anti-masque».

Pour rappel, au cours des innombrables manifestations qui avaient secoué Hong Kong au titre de la dénonciation de la main-mise de Pékin sur ce territoire, les protestataires étaient «masqués»; d’abord pour ne pas être reconnus par la police puis pour se protéger des grenades lacrymogènes. Cela n’étant pas du goût des autorités de Pékin, le pouvoir local se trouva, alors, contraint de sortir de ses tiroirs un vieux texte édicté en 1922 par les colons britanniques pour identifier les éléments les plus radicaux et interdisant le port de masque. Or, à l’heure de la pandémie du Covid-19, ce texte est bien malvenu du moment que, pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus, le port du masque est obligatoire dans les lieux publics.

L’arrestation de Joshua Wong, qui a rapidement fait le tour du monde, «mine la confiance de l’Union Européenne dans la Chine» a immédiatement déclaré Josep Borell, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne pour lequel «l’évolution de la situation à Hong Kong remet en question la volonté de la Chine de respecter ses engagements internationaux» et influera négativement sur les relations entre Pékin et l’UE.

Libéré quelques instants plus tard, le jeune trublion dira, aux journalistes venus l’interroger: «Je n’abandonnerai jamais (…) et ne cèderai pas devant la terreur blanche»; nom donné par les hongkongais à la campagne de répression et d’intimidation menée par les autorités de Pékin contre les militants pro-démocratie hongkongais.

Né peu de temps avant la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, Joshua Wong n’avait que quinze ans lorsqu’il avait décidé de fonder le syndicat lycéen «Scholarism» qui s’était opposé, avec force, à l’introduction, dans le cursus scolaire, des cours de «morale patriotique» téléguidés par Pékin.

Son courage, sa précocité et sa stratégie de communication l’ont rapidement érigé en symbole de la résistance hors des frontières du pays. «Les médias occidentaux me définissent comme un héros, pas moi. Je ne peux pas les contrôler alors je les utilise pour faire passer notre message» avait-il dit, en 2016, au quotidien français «Libération».

S’étant rapidement mué en homme politique, à l’âge précoce de 23 ans après avoir fondé le parti «Demosisto», Joshua Wong est immédiatement devenu la bête noire du régime de Pékin qui tentera, sans relâche, de l’envoyer derrière les barreaux pour les motifs les plus fallacieux et les plus saugrenus, allant du simple fait d’avoir «escaladé une barrière» à celui de «ne pas avoir évacué un campement» érigé lors d’une manifestation. Mais il convient de signaler, néanmoins, que ce dernier est toujours libéré quelques semaines plus tard soit après le paiement d’une caution soit pour «bonne conduite».

Et si, Joshua Wong n’est pas l’opposant politique qui pèse le plus dans le mouvement pro-démocratique du fait même de son manque d’expérience quand bien même son courage, sa précocité et sa stratégie de communication ont fait de lui, aux yeux de la communauté internationale, un symbole de la résistance, il y a lieu de rappeler, également, que, par un tour de passe-passe du pouvoir, celui-ci avait été déclaré inéligible l’an dernier. Jusqu’à quand cette inéligibilité restera-t-elle en vigueur ? Attendons pour voir…

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