«Il faut privilégier des partenariats public-privé»

Aicha Lablaq, présidente du Groupement du Parti du progrès et du socialisme (GPPS)

Propos recueillis par Khalid Darfaf

Aicha Lablaq, présidente du Groupement du Parti du progrès et du socialisme (GPPS),  appelle à une régulation plus maitrisée du secteur de l’enseignement, ayant pour objectif la responsabilisation et la participation de tous les acteurs dans le processus décisionnel. Pour la militante du Parti du Livre, contrairement aux idées reçues, certains partis, dont notamment le PPS,  font un travail remarquable et font preuve d’un sens de responsabilité et d’engagement. D’ailleurs, la problématique du système éducatif se situe au cœur des préoccupations du PPS.

Al Bayane : Quelle analyse faites-vous du litige opposant les propriétaires des écoles privées et les parents d’élèves?

Aicha Lablaq : Inutile de rappeler que la pandémie a eu des effets néfastes sur plusieurs secteurs économiques et sociaux. Il faut dire que ces effets sont la conséquence normale des mesures préventives prises dans le cadre du confinement sanitaire. En fait, la fermeture des écoles et l’adoption de l’enseignement à distance a fait encore émerger le débat sur la qualité des programmes et méthodes pédagogiques adoptés, non seulement dans le secteur de l’enseignement  privé mais également dans le celui du public.  Certains parents d’élèves ont été dans l’obligation d’assumer l’achat de matériels nécessaires pour permettre à leurs enfants de poursuivre les cours. A cela s’ajoute, quelques défaillances qui ont ponctué l’opération d’apprentissage à distance. D’où le mécontentement des parents qui ont estimé que le service offert par les écoles ne correspond point aux frais de scolarités exigés. Cela a débouché sur un litige entre les deux parties et même déclenché un mouvement de protestation dans plusieurs villes du Royaume.

Il y a des écoles qui ont déployé un effort considérable pour assurer la continuité pédagogique, ce qui n’ pas été le cas pour d’autres. Cela s’applique à toutes les régions.   Cependant, je dois souligner que le problème doit être analysé de manière globale sans parti pris et sans avoir un jugement de valeur, car la question de l’enseignement est une affaire de toute une nation. La variable de la disparité sociale et  spatiale est déterminante pour appréhender le problème dans sa globalité.

Partagez-vous l’avis de certains parents estimant  que les partis politiques ont sombré dans une attitude neutre en faillant à leur mission, celle de défendre les intérêts de cette catégorie sociale?

Il faut se départir des stéréotypes et idées reçues qui dévalorisent l’action politique. Les partis politiques ne sont pas les mêmes. Certains parti, dont notamment le PPS,  font un travail remarquable et font preuve d’un sens de responsabilité et d’engagement.  D’ailleurs, la problématique du système éducatif se situe au cœur des préoccupations du PPS. Notre parti n’a cessé de défendre une  école publique de qualité garantissant l’égalité des chances tout en étant dotée d’efficacité notable. D’ailleurs les propositions du PPS concernant le Maroc  post-covid contiennent un point d’une importance cruciale, celui de faire de la qualité et de l’égalité des chances une priorité dans l’agenda de la réforme de l’enseignement.  L’autre point en vigueur est sans doute, celui d’inciter les opérateurs des télécommunications à permettre l’accès gratuit aux plateformes d’enseignement à distance. A cela s’ajoute la valorisation du métier d’enseignant et la réhabilitation de  l’élément humain, pédagogique et administratif, sur les plans moral et matériel. Au niveau du parlement notre Groupement tient à être présent aussi bien lors  des séances des questions orales ou de la Commission. D’ailleurs,  on a présenté une note au ministre contenant les modalités pour sauver l’année scolaire et les mesures à prendre lors de la prochaine rentrée… Notre devoir, en tant que représentants de la nation, nous impose d’interagir avec les revendications et demandes des citoyens.  Notre groupement parlementaire  a même sollicité un avis du conseil de la concurrence,  notamment en ce qui concerne la pratique des tarifs dans le secteur privé.

Comment doit-on procéder pour régler ce problème?

Dans ce moment de crise, les parties concernées  doivent faire preuve d’un sens de responsabilité tout en faisant prévaloir l’élan de solidarité et  privilégier la voie du dialogue. Parfois, la mauvaise image que se font les citoyens sur le secteur privé sape les efforts de négociations. Soulignons dans ce sens qu’il y a des établissements qui font un travail remarquable et remplissent parfaitement leur engagement. Notre  devoir consiste à mettre en place les mécanismes permettant d’instaurer  un dialogue sérieux et responsable loin de toute surenchère.

La résolution du problème dans sa globalité  requiert de se poser les questions de fonds relatives  à l’harmonisation des programmes, le contenu dispensé en lien avec la qualité tout en faisant prévaloir l’intérêt des élèves… D’ailleurs, le ministère a tranché  concernant la question des établissements qui refusent de procurer aux parents les documents scolaires. Concernant les mensualités, la pomme de discorde entre les parents et les patrons d´écoles,  on aimerait bien avoir un avis de la justice, étant donné qu’il s’agit d’un problème de nature juridique.

Qu’en est-il du volet de régulation du secteur?

En premier lieu, il faut revoir la loi pour garantir les droits des parties contractuelles. Je dois souligner dans ce sens que nous  présentons une proposition de loi pour renforcer le rôle des associations des parents d’élèves. Une loi visant leur implication dans le processus décisionnel  dans les programmes, entre autres, pour qu’elles jouent un rôle de partenaire dans le processus de fabrication de la politique publique de l’enseignement.  En deuxième lieu, il faut renforcer le contrôle, tout en veillant à privilégier  des partenariats public- privé (PPP). Le secteur privé est invité à assumer sa responsabilité sociale dans les zones enclavées et les régions lointaines afin de mettre un terme aux disparités régionales. Cela étant, il faut mettre en place une régulation ayant pour objectif la responsabilisation et la participation de tous les acteurs afin de servir l’intérêt des citoyens.

Pouvez-vous nous en dire plus?

Au-delà de l’aspect financier, le secteur de l’enseignement à un rôle éducatif. Ainsi,  les établissements privés doivent savoir que certains parents d’élèves ont été gravement impactés par la crise.  De leur côté,  les parents d’élèves doivent considérer que ces établissements ont également des charges.  Le plus important, c’est de trouver une solution médiane et en tirer les leçons qui s’imposent.  Je pense aussi qu’il est temps de  mettre en œuvre la loi-cadre N°51.17 relative au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique, adoptée en juillet 2019.

Il ne faut point aussi omettre que le secteur de l’enseignement privé procure un service public et  a un rôle éducatif consistant; celui de  transmettre des valeurs de la citoyenneté à l’instar de l’école publique. C’est un espace de socialisation sociale et politique.

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