Industrie: un projet pour le Maroc

pour les 7 ou huit prochaines années. C’est le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’Investissement et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy,  qui présentera devant le Souverain la feuille de route de ce projet, validé par le gouvernement, et détaillera aussi les échéances de sa mise en œuvre et les modalités de sa gouvernance.

Un communiqué de ce département indique que la stratégie industrielle 2014-2020 se présente comme un «catalyseur intégré de la croissance pour faire face aux nombreux défis que l’avenir comporte». Pour la première fois, la cérémonie verra la présence d’une importante délégation africaine, outre les membres du gouvernement et des chefs d’entreprises nationales et internationales.

Elalamy, homme de terrain, a la conviction que la réalisation de cette ambition suppose une amélioration rapide de la compétitivité et du financement de notre appareil de production (développement d’un réseau de PME exportatrices et compétitives au niveau international, renforcement des fonds propres des entreprises…) qui permette au Maroc de figurer parmi les leaders de la région MENA et ouest-africaine en matière de compétitivité et d’attractivité à horizon 2020.

En principe, l’objectif de réaliser une croissance économique de long terme supérieure à 5% devrait surtout reposer sur un effort accru d’investissement et d’innovation, mais aussi sur une meilleure qualification du capital humain et une gouvernance opérationnelle partagée.

Le projet industriel que présentera Moulay Hafid Elalamy devant Sa Majesté aura l’avantage d’offrir de la visibilité aux opérateurs économiques et investisseurs nationaux et internationaux. Comme dans le cas du Programme «Emergence», on s’attend à un élargissement et approfondissement des stratégies sectorielles. Le «Maroc Numeric», une des priorités du pays, semble accuser beaucoup de retard. D’autres programmes (énergie, éducation et formation, infrastructures et aménagement du territoire, gouvernance et moralisation de la vie publique, marchés financiers et CFC, Maroc vert…) ont besoin, sans nul doute, d’être actualisés et reboostés.

C’est ce que propose, en tout cas, la CGEM qui vient de présenter à la presse, vendredi dernier, les résultats et les recommandations d’une étude sur «les leviers de la compétitivité de la PME marocaine». L’étude, réalisée par le cabinet «Valyans Consulting» propose, en effet, 100 mesures dont une trentaine d’urgence ! Tout en saluant les avancées du Maroc, sur la dernière décennie, l’étude en question (un document de 700 pages) pointe du doigt, avec une attention toute particulière, des difficultés liées à la cohérence et à la complémentarité des stratégies sectorielles. Elle épingle, également, les questions liées à la fiscalité, à la qualification de la main d’œuvre, au coût des facteurs, à la faible valeur ajoutée de l’économie marocaine, à la fragilité de notre commerce extérieur avec des exportations à très faible teneur technologique, au déficit structurel de la balance commerciale et de la balance des paiements…

L’étude Valyans, qui reprend un diagnostic connu depuis plusieurs années, a tout le moins le mérite de souligner, dans cette perspective, quelques convictions essentielles:

-L’industrialisation, passage obligé, est un long processus qui nécessite la constance dans les efforts ;

-Les actions de  transformations doivent être menées dans la durée et doivent être cohérentes entre elles pour en assurer le succès au profit des générations futures ;

-Faire de l’entreprenariat et de la lutte contre l’économie informelle une cause politique nationale ;

-Poursuivre l’effort de dialogue social avec les partenaires sociaux de l’entreprise pour favoriser un meilleur partenariat employeurs / employés ;

-Améliorer l’accès au financement bancaire, notamment pour les PME ;

-Renforcer la notoriété et l’attractivité du label «made in Morocco», à travers une meilleure distribution et un meilleur marketing, tant au Maroc qu’à l’international.

Dans son modèle industriel de croissance, l’organisation patronale semble proposer une sorte de «New deal» qui appelle à une forte implication des décideurs politiques, des syndicats mais aussi tous les entrepreneurs et opérateurs économiques.

En rendant publique son étude, à la veille de la cérémonie de présentation de la stratégie industrielle 2014-2020, la CGEM chercherait-elle à marquer sa présence ou voudrait-elle tout simplement focaliser les regards, après un silence insoupçonné pendant les deux dernières années?

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