Une industrie virtuelle qui rapporte des milliards

La cryptomonnaie a généré plus de 2 milliards de dollars de revenus en huit ans. Le secteur emploie environ 2.000 personnes.

Une monnaie virtuelle au succès bien réel. Depuis son lancement en 2008, le bitcoin s’est fortement développé et a dépassé la barre symbolique des 2 milliards de dollars (1,84 milliard d’euros) de revenus, comme l’indique un rapport publié par l’Université de Cambridge. Des gains qui pourraient même se révéler encore plus élevés, alors que les activités connexes de sécurité et de chiffrement ne sont pas comptabilisées.

L’industrie du bitcoin a profité de l’engouement des utilisateurs et du travail des «mining pools», les créateurs de cette cryptomonnaie. Les raisons de son succès ? Sa dématérialisation et sa rareté, qui permettent d’importantes activités de spéculation, alors que le nombre de bitcoins demeure limité à 21 millions d’unités.

Des millions d’utilisateurs

Le bitcoin a réussi à séduire entre 2,9 et 5,8 millions d’utilisateurs, qui utilisent un ou plusieurs portefeuilles dans 42 monnaies différentes. Au total, le secteur compte entre 5,8 et 11,5 millions de portefeuilles considérés comme actifs, pour un volume moyen de 250.000 transactions quotidiennes.

Pour gérer et faire circuler tous ces flux financiers, le secteur des monnaies virtuelles emploie au moins 1.876 personnes à temps plein, même s’il est difficile de savoir précisément combien de personnes y travaillent réellement. Ce calcul est difficile à réaliser notamment parce que les plus gros «mining pools» qui produisent les bitcoins ne fournissent pas leurs effectifs.

Un marché florissant

Cette performance s’incrit dans un contexte favorable pour les monnaies virtuelles. Sur les douze derniers mois, le marché a connu une croissance fulgurante. Il a plus que triplé et atteint 27 milliards de dollars de devises en circulation. A côté du bitcoin, qui reste la locomotive du secteur en volume (19 milliards de dollars) et en nombre d’utilisateurs, des cryptomonnaies comme l’Ethereum, le Litecoin ou le Ripple ont réussi progressivement à s’imposer dans le paysage.

La poursuite de cette forte croissance est cependant conditionnée à la capacité des réseaux de paiement, des institutions bancaires et de l’industrie du bitcoin à coopérer et à s’échanger des informations. Car, si 79 % des entreprises du secteur des cryptomonnaies ont des liens avec des banques traditionnelles, ces relations sont incertaines, ce qui limite son intégration dans l’économie réelle.

Enfin, si le bitcoin a réussi à se développer partout dans le monde, l’influence chinoise est croissante. Plus de la moitié (58%) des principaux «mining pools» se trouvent dans l’empire du Milieu. Les Etats-Unis, qui jouent toujours le rôle de marché directeur, ne représentent plus que 16 % du marché, les autres pays se partageant le solde.

Des rapports de force qui se retrouvent également dans les visions sur l’avenir du système du bitcoin, plusieurs fois annoncé comme condamné. Deux communautés s’opposent notamment sur la pertinence d’augmenter la taille des blocs et donc le nombre de données traitées dans les blockchains. Une bataille pour l’instant virtuelle, mais qui pourrait avoir des conséquences bien réelles.

Fairouz El Mouden

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