Investiture de José Ramos-Horta, président du Timor oriental

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Le 19 Avril dernier, José Ramos-Horta, 72 ans, qui s’était vu octroyer le Prix Nobel de la Paix en 1996 pour sa quête d’une solution pacifique au conflit du Timor oriental, a été élu, pour la seconde fois, à la présidence de ce petit pays semi-insulaire de 1,3 million d’habitants situé entre l’Asie du Sud-Est et l’Océanie aux destinées duquel il avait déjà présidé de 2007 à 2012.

Figure politique majeure de l’indépendance de cette nation qui partage son territoire avec l’autre moitié de l’île appartenant à l’Indonésie – à savoir, le Timor occidental – dont il avait déjà été Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, José Ramos-Horta a remporté, lors de ce scrutin, 62,09% des suffrages exprimés alors que le président sortant, Francisco Guterres, n’en avait recueilli que 37,91%.

A l’issue de la cérémonie d’investiture qui s’est déroulée le vendredi 20 mai, qui est aussi le  jour de la célébration du 20ème anniversaire de l’indépendance du Timor oriental, José Ramos-Horta, qui avait passé des décennies en tant que porte-parole en exil du mouvement de guérilla pendant l’occupation indonésienne est devenu le cinquième président du pays.

Plusieurs milliers de personnes ont fait le déplacement jusqu’à Dili, la capitale du pays, pour assister à « l’intronisation » de leur nouveau président qui a prêté serment peu avant minuit au cours d’une cérémonie qui avait été agrémentée de coups de canon et de feux d’artifice.

Après avoir déclaré représenter tous ses compatriotes en s’engageant à leur assurer une grande sécurité alimentaire et à créer un fonds pour le café afin de protéger les agriculteurs contre les fluctuations des prix mondiaux, José Ramos-Horta a promis, dans son allocution d’investiture, de s’atteler à la consolidation de l’unité nationale après une impasse politique prolongée au Parlement, à l’établissement de relations plus étroites avec la Chine mais aussi au renforcement des liens avec l’Indonésie, l’Australie et tous les pays de la région.

Pour ce qui est des relations avec Pékin, le nouveau président du Timor oriental a l’intention d’étendre la coopération entre les deux pays « dans les domaines de l’agriculture durable et biologique, des petites industries, du commerce, des nouvelles technologies, des énergies renouvelables, de la connectivité, de la numérisation, de l’intelligence artificielle et des infrastructures urbaines et rurales ».

Il a clairement manifesté, dans son allocution, le souhait de voir la Chine qui, à ses yeux, n’est pas une « menace » mais une « opportunité », poursuivre ses investissements au Timor oriental avec notamment le financement d’un mégaprojet d’exploitation de gaz et de pétrole au large de la côte méridionale du pays estimé à près de 18 milliards de dollars qui permettra l’exploitation de quelques 141 milliards de mètres cubes de gaz naturel et l’extraction de 226 millions de barils de pétrole. La seule ombre au tableau est qu’avec un PIB de 3 milliards de dollars, le Timor oriental court le risque de se retrouver fort dépendant de Pékin ; ce qui pourrait gêner considérablement l’Australie avec laquelle il entretient, depuis longtemps, une relation assez ambivalente.

Le président José Ramos-Horta prévoit de continuer à entretenir une relation spéciale avec les Etats-Unis et à plaider pour que le Timor oriental rejoigne, dans les meilleurs délais possibles, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

Enfin, à en croire les déclarations faites sur le site « Nikkei Asia Review » par Parker Novak et Jack Mullan, deux spécialistes américains du Timor oriental, loin d’être véritablement un anti-occidental, José Ramos-Horta aurait, plutôt, un profil « prochinois » beaucoup « plus marqué que d’autres personnalités politiques locales ».

Cet infléchissement vers Pékin qui ne peut pas être du goût de Camberra risque, à terme, de gêner considérablement le voisin australien avec lequel le Timor oriental entretient, depuis longtemps déjà, une relation ambivalente mais attendons pour voir…

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