«Si le jeûne peut nuire à la mère ou le fœtus, il est primordial de le cesser»

Al Bayane : La pratique du jeûne peut-elle nuire à la santé de certains individus?

Docteur Jai Hokimi Amina : La pratique du jeûne présente des avantages pour la santé. C’est quelque chose qui est aujourd’hui reconnue scientifiquement et médicalement à l’échelon international pour les personnes en bonne santé. Mais quand le jeûne risque d’altérer significativement la santé ou lorsqu’on est déjà malade, l’Islam exempte tout simplement celle ou celui qui se trouve dans l’incapacité de jeûner : «Allah cherche à vous faciliter l’accomplissement de la règle, il ne cherche pas à vous la rendre difficile», Sourate Al Baqara, Verset 185. Le fait d’être malade entraîne un état de faiblesse de l’organisme, une diminution des capacités de la personne à réagir, à se défendre, à se mouvoir. La maladie provoque un déséquilibre au niveau de l’organisme. Ce qui fait que le jeûne peut être un facteur aggravant particulièrement pour certaines catégories de malades.

Quels sont ces malades auxquels vous faites référence?

Cette question fait couler beaucoup d’encre. C’est pourquoi il s’agit d’être très prudent, de prendre beaucoup de recul, d’analyser la situation de chaque malade et d’en cerner vraiment toutes les spécificités, surtout quand il s’agit pour le médecin de donner un conseil éclairé et motivé à son patient concernant la pratique ou non du jeûne au regard de sa maladie.

Le médecin traitant prend tout le temps qu’il faut pour informer son patient et lui expliquer les incidents et effets indésirables inhérents à la pratique du jeûne, surtout quand le malade souffre d’une pathologie lourde difficile à gérer. Donc, c’est au cas par cas, mais d’une manière générale,ce sont les malades chez qui la pratique du jeûne de ramadan peut représenter un facteur aggravant et donc des risques potentiels pour leur santé.

Il s’agit des malades diabétiques sous insuline et dont le diabète n’est pas bien équilibré, les patients qui souffrent d’hypertension artérielle, de l’ulcère de l’estomac, de l’insuffisance rénale, des malades cardiaques, des femmes qui allaitent, des personnes âgées faibles, vulnérables…

La liste n’est pas exhaustive. On peut y insérer d’autres pathologies et situations. L’important c’est de savoir que toutes ces personnes ne présentent pas les mêmes maladies, n’ont pas la même constitution physique et ne réagissent pas de la même manière face à la maladie. C’est pourquoi les conseils qui pourront  être donnés par les médecins ne seront pas forcément identiques. Une personne porteuse d’une maladie associée à une pathologie principale ne ressemble en rien à une autre qui ne présente que cette pathologie. De plus, on tient compte de l’état général du patient, de son terrain, de la gravité de l’atteinte et du traitement préconisé.

Qu’en est – il de la femme enceinte?

Il faut d’abord rappeler que la grossesse n’est pas une maladie. C’est un état physiologique, un état tout à fait normal pour une femme en bonne santé. Si la femme enceinte ne présente aucune maladie, aucune contre – indication et si le jeûne ne constitue pas un danger, ni pour la mère ni pour le fœtus, cette femme peut faire le jeûne,mais encore une fois, il est indispensable de consulter son médecin traitant. Il faut un avis médical.

Dans le cas où la mère est particulièrement à risque ou connaît déjà des complications médicales telles que le diabète gestationnel (de la grossesse) ou si la femme enceinte présente une anémie (diminution des globules rouges), il est fortement recommandé de ne pas jeûner.

Pour ce qui est de l’allaitement, le jeûne ne présente aucun danger sur la femme qui allaite et son bébé. En cas de crainte objective dans certaine situation, risque pour elle ou pour son nourrisson, elle peut ne pas jeûner.Dans tous les cas, la santé de la maman et celle de son bébé demeurent une priorité. Si le jeûne du Ramadan peut nuire à l’un ou l’autre, il est primordial de le cesser.

Related posts

Top