Journée mondiale du don de sang

Le Maroc encore loin des objectifs de l’OMS

Le Maroc est loin du taux de 3% de donneurs de sang pour la totalité de la population du pays tel que fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a affirmé le directeur du Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie (CNTSH), Mohamed Benajiba.
Malgré la hausse du nombre de donneurs de sang au niveau national (297.073 donneurs en 2015), le taux actuel de 0,95% reste faible par rapport à la totalité des habitants, a souligné M. Benajiba dans un entretien à la MAP à l’occasion de la Journée mondiale du don de sang (14 juin).
Quelque 550.656 sacs de sang ont été distribués sur les hôpitaux en 2015, enregistrant une hausse de 20,02% par rapport à 2014, a-t-il précisé, ajoutant que la distribution de produits sanguins sur les établissements hospitaliers dans le secteur public demeure élevée par rapport au secteur privé.
Le système de transfusion sanguine au Maroc se distingue par sa qualité et son efficacité, notamment au niveau de la sécurité des dérivés sanguins, s’est-il félicité, et ce à travers le diagnostic des donneurs de sang, la sélection biologique des dérivés sanguins, le programme de contrôle interne et externe de transfusion sanguine et le système de qualité.
Le directeur du CNTSH a fait savoir à cet égard que l’opération de collecte et de sélection nécessite de grands efforts, à partir des mécanismes nécessaires au traitement du sang, aux analyses effectuées pour s’assurer de l’absence de toute maladie transmissible comme le Sida ou l’Hépatite C, en passant par le tri du sang en plasma, plaquette sanguine et cellules rouges.
Après avoir rappelé que le CNTSH est le seul établissement habilité par la loi à collecter et distribuer le sang, M. Benajiba a relevé que le Centre vend des sacs de sang aux hôpitaux au prix de 360 DH l’unité, alors que ce prix atteint 186 euros en France, assurant que le patient paie pour un service médical en échange de l’opération de sélection et d’analyse du sang.
Par ailleurs, M. Benajiba a noté que l’année 2013 avait inauguré une nouvelle ère de culture de don du sang grâce à la dynamique insufflée par la campagne de don du sang qui a été lancée sous la présidence effective de SM le Roi Mohammed VI, assurant que le don volontaire et organisé permettra d’atteindre l’autosuffisance au niveau national.
A cet égard, il a indiqué que le CNTSH avait esquissé plusieurs orientations, notamment le programme relatif à la promotion du don de sang (2017-2020) dans le but de disposer d’un stock suffisant et permanent de l’ensemble des dérivés sanguins.
Ces orientations, a-t-il dit, se répartissent entre des objectifs généraux et d’autres spécifiques, précisant que les objectifs généraux consistent essentiellement dans la préservation de l’autosuffisance des produits sanguins dans l’ensemble des centres de transfusion sanguine, la promotion de la culture de don du sang, outre l’instauration et la généralisation des principes de fidélité au système relatif à l’attraction des donneurs.
S’agissant des objectifs spécifiques, M. Benajiba a révélé que le CNSTH ambitionne de relever la moyenne des donneurs de sang de 4 pc par an, de maintenir à 100 pc le taux des donneurs volontaires et de réaliser 80 pc de dons structurés à l’horizon 2020.
De même, il a fait observer que le don du sang n’était pas une responsabilité exclusive du ministère de la Santé, mais plutôt de l’ensemble des acteurs et intervenants dans la société ainsi que toutes les parties publiques ou privées concernées par ce domaine, soulignant que le don du sang est la responsabilité de chaque famille, enseignant, directeur d’établissement, imam et chef d’entreprise.
Concernant la célébration de la Journée mondiale de don du sang, le professeur Benajiba a annoncé que les 16 centres régionaux de don du sang ont préparé un programme varié comprenant de nombreuses activités visant à sensibiliser les citoyens à cette question tout en coordonnant avec la société civile pour mener une série de campagnes visant à attirer le plus grand nombre de donneurs des différentes régions du Royaume.

Abdelhaq YAHIA (MAP)

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Le sang, un lien universel

Remercier les donneurs de sang volontaires et mettre l’accent sur le « partage » et le « lien » qui unit les donneurs de sang et les patients, tel est l’objectif de la Journée mondiale des donneurs de sang (14 juin), célébrée cette année sous le thème « Le sang, un lien universel ».
La campagne organisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à cette occasion a opté pour « Partagez la vie, donnez votre sang » comme slogan pour cette année en vue d’attirer l’attention sur le rôle des systèmes de dons volontaires, d’encourager les gens à prendre soin les uns des autres et de promouvoir la cohésion sociale, indique l’OMS dans un document publié à cette occasion.
Par ailleurs, la campagne mettra en lumière les témoignages de personnes dont les vies ont été sauvées grâce au don de sang, ce qui permettra de motiver les donneurs réguliers à continuer à donner leur sang et les personnes en bonne santé qui ne l’ont jamais fait, en particulier les jeunes, à commencer à le faire afin de garantir la qualité, la sécurité et la disponibilité du sang et des produits sanguins pour les patients qui en ont besoin.
La transfusion du sang et de produits sanguins aide à sauver des millions de vies chaque année. Elle peut contribuer à prolonger la vie de patients souffrant de maladies mortelles et d’améliorer leur qualité de vie, et est utilisée lors d’actes médicaux et chirurgicaux complexes. Elle joue également un rôle essentiel et salvateur pour la santé de la mère et de l’enfant et des traumatisés (victimes d’accidents de la route et de conflits armés) ainsi que lors des catastrophes naturelles, explique l’OMS.
Toutefois, dans de nombreux pays, la demande est supérieure à l’offre et les services de transfusion sanguine sont confrontés à la nécessité de trouver suffisamment de sang tout en en assurant la qualité et la sécurité. Un approvisionnement suffisant ne peut être garanti qu’à travers des dons de sang réguliers par des donneurs volontaires non rémunérés. L’objectif de l’OMS est que tous les pays parviennent à s’approvisionner exclusivement auprès de donneurs de sang volontaires non rémunérés d’ici 2020.
À l’heure actuelle, à peine 62 pays disposent d’approvisionnements en sang reposant presque totalement sur des dons de sang volontaires non rémunérés, 40 pays étant encore tributaires de donneurs familiaux voire de donneurs rémunérés, souligne la même source.
Pour sa part, le Maroc a affiché une progression soutenue depuis plusieurs années et les donneurs de sang sont de plus en plus nombreux, le nombre de dons ayant augmenté de 92.845 durant la période 2000-2010 à 111.819 en 2010-2014, soit une hausse de 18%.
Toutefois, le pourcentage des donneurs par rapport à la population demeure faible (0,95 pc), ce qui reste en deçà du taux minimum du 1 pc préconisé par l’OMS pour les pays en développement comme le Maroc.
Pour célébrer la journée mondiale des donneurs de sang, le ministère de la Santé, à travers les différents centres de transfusion sanguine, a prévu un programme comportant plusieurs manifestations s’étalant sur le territoire national dans le but de promouvoir la culture de don de sang et de sensibiliser davantage le grand public au besoin de donner régulièrement son sang en raison de la faible durée de conservation des constituants du sang.
Ces activités concernent essentiellement l’organisation d’une journée d’information sur le don de sang au niveau de tous les centres de transfusion sanguine, la distribution de diplômes et de médailles aux donneurs de sang, la remise de trophées aux associations de donneurs de sang, outre l’organisation de carnavals pour la sensibilisation au don de sang.
En raison du caractère périssable du sang et pour faire face à la pénurie en produits sanguins, il est nécessaire de fidéliser des donneurs réguliers afin de garantir un stock de sécurité à l’échelle nationale et d’aller vers le donneur en développant les collectes mobiles.

Hajar Erraji (MAP)

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