«Kariati Hayati», quand un projet artistique se conjugue avec l’engagement citoyen

«Kariati Hayati», voici le nom de la nouvelle campagne artistique de Hassan Darsi dont l’exposition a commencé mercredi 12 septembre à la galerie 121 de l’institut français de Casablanca. Exposition qui durera jusqu’au 18 novembre, constituée, de ses œuvres récentes. La question qui se pose est comment une action artistique peut-elle prendre la forme d’un engagement citoyen et quelle en serait l’efficacité?

Ce nouveau projet de l’artiste s’inscrit dans la lignée des maquettes qu’il réalise, celles du Parc de l’Hermitage de Casablanca et le «Square d’en bas», aujourd’hui détruit. Pour le projet «Kariati hayati» (Mon village, ma vie), Hassan et toute son équipe ont pour ambition de refléter une réalité, celle d’un douar de la région de Benslimane, menacé par l’exploitation des carrières, et la résistance, la farouche volonté de la part de ses habitants de braver la fatalité. Malgré cela, l’artiste n’aime pas l’idée de dénonciation car tout projet artistique est pacifique selon lui, et se doit de ne pas s’imbiber de notion d’affrontement et de militantisme.

Les carrières, dont sont extraits des matériaux de construction, nuisent énormément à la santé de la région. Ainsi explique Hassan Darsi : «Mon projet vient proposer à ces habitants une autre alternative aux carrières, et c’est ainsi que je me suis lancé dans cette nouvelle aventure». De plus, l’intérêt n’est pas seulement écologique : «C’est aussi une véritable alternative économique. Les terrains sont devenus cultivables et les habitants commençaient à récolter le fruit de leur labeur». Ainsi la forêt de Benslimane est préservée et la localité est en passe de devenir un véritable village agro-écologique.

Un projet artistique qui déroule en parallèle un véritable projet de vie et de développement durable pour les habitants du douar, un work in progress initié il y a presque un an et dont l’exposition propose un moment arrêté. Installation vidéo, “Portraits de familles recomposées”, interventions in situ, performances culinaires… autant de jalons qui posent les fondations d’un projet collectif où l’art et la vie s’entremêlent. Souligne le communiqué de l’institut Français.

Hassan Darsi développe depuis 25 ans un travail artistique fortement imprégné par son vécu, son quotidien et son environnement, à partir de processus de travail, de médiums multiples et souvent sous la forme de projets participatifs. Nourri par l’utopie d’une “oeuvre d’art totale”, qui trouve son sens dans la multiplicité des disciplines de la création, dans l’histoire, la philosophie, la politique et l’actualité, il propose une oeuvre qui prend le contre-pied d’un art globalisé et s’inscrit toujours dans des contextes précis et des réalités contemporaines, poursuit la même source.

Le projet conduit à Benslimane par Hassan Darsi, bénéficie d’une bourse de recherche accordée par L’Open society Foundation, et l’accompagnement de l’association La source du lion.

Omar Abdelhannane

(Journaliste en stage)
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