La convergence

Par : Abdeslam Seddiki

Au terme d’un un long et laborieux processus qui s’est étalé sur plus de six mois,  le PPS vient d’achever son Xème congrès. Après l’élection d’un nouveau comité central, des commissions de contrôle politique et financier, le renouvellement du mandat du Secrétaire Général. Il ne lui reste plus que l’élection de l’instance exécutive, le Bureau Politique, qui devrait en principe intervenir le 26 mai prochain pour boucler la boucle et passer à la mise en œuvre des résolutions du congrès.

Car, on ne le dira jamais assez, le congrès n’est jamais une fin en soi bien qu’il constitue un moment privilégié dans l’histoire d’un parti politique. A cet égard, il faut enregistrer le fait que le PPS ait tenu à respecter la régularité  de ses assises nationales et ceci bien avant la promulgation de la loi sur les partis politiques qui l’exige. Ainsi, dix congrès ont été organisés depuis 1975, soit une moyenne d’un congrès tous les 4 ans et 3 mois.

Chaque congrès, outre le renouvellement des instances dirigeantes tant au niveau national que local, apporte des réponses appropriées aux problèmes posés en procédant à une analyse à la fois rétrospective et prospective. C’est une démarche à laquelle tient le PPS depuis toujours : faire d’abord  le diagnostic  d’une façon objective à travers une critique constructive et procéder par la suite à l’élaboration d’un  «business plan» pour utiliser ce terme à la mode !

De par sa participation à la gestion des affaires publiques,  le parti a acquis au fil des ans un savoir-faire et une ingénierie incontestables en matière de management. En mettant la «main à la pâte» tant au niveau national (participation aux gouvernements successifs depuis 1998) qu’au niveau territorial (conseils communaux, provinciaux et régionaux, chambres professionnelles), le parti est parvenu à acquérir ses titres de noblesse et à disposer d’une assise nationale, ce qui le qualifie à jouer dans la cour des grands.

Mais chaque médaille a son revers et toute évolution est contradictoire.  Si le PPS a acquis des atouts certains, il souffre néanmoins de certaines  faiblesses. La   plus importante à notre sens réside dans le fait que l’extension quantitative du parti s’est effectuée  généralement au détriment de la qualité. On l’a relevé lors des débats sur les documents du congrès. Ainsi, les militants, dans leur majorité, ont montré peu d’intérêt aux questions d’ordre politique et idéologique.  Ils sont, par contre,  très attentifs,  ce qui n’est pas une mauvaise chose, aux problèmes concrets que vit la population dans leur commune, leur quarter ou leur douar. Ces problèmes qui reviennent dans la discussion comme un leitmotiv ont comme noms : l’accès aux soins,  le droit à une éducation gratuite et de qualité,  le droit à un emploi décent, le désenclavement  de certaines localités…Bref, tout ce qui fait partie des besoins basiques de la population.

Mais pour un parti politique comme le PPS qui a un socle identitaire et idéologique, il en faudra plus.  Surtout de la part de ceux qui briguent des mandats au Comité central et au Bureau Politique. Entendons-nous bien : si le parti ne doit pas se limiter à jouer le rôle d’un bureau d’études et d’un simple producteur d’idées, il ne doit pas non plus se transformer en une simple machine électorale et un «chasseur de voix». Il faut combiner les deux fonctions et chacune d’elles a ses propres exigences. Car pour paraphraser Feu Amilcar Cabral, ce grand dirigeant africain : «pas de pratique révolutionnaire sans théorie révolutionnaire».

On mesure, par conséquent, tout le travail qui nous attend au cours des prochains mois et des prochaines années si l’on veut effectivement que notre parti préserve son identité et  son unité (dans la diversité),  voir l’ensemble des militants «logés à la même enseigne» et assurer, par conséquent, la convergence entre la  pensée et l’action.

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