La cuisine africaine, mon amour!

Acacia Restaurant, Bouf Ivoire, Ortiz Maarif, La Teranga sénégalaise… quelques restaurants de la ville blanche qui délectent les papilles des saveurs culinaires de l’Afrique noire. Tchep, Thiéboudienne, Attiéké, feuilles de patates, feuilles de manioc… les célèbres plats africains constituent aujourd’hui les spécialités de certains restaurants de la capitale économique et quelque fois, sont réalisés par des Marocaines à la fibre culinaire poussée. Et les clients en raffolent.

Au cœur des célèbres Twin Center, au milieu des magasins de prêts à porter, des supermarchés, des salons d’esthétique, se dresse l’Acacia, un restaurant pas comme les autres. Lancé en novembre 2015, ce restaurant se distingue par son menu. Pas de tajine, de harira, de couscous, de rafissa comme on en a l’habitude de voir. Dans ce nouveau restaurant de la capitale économique, honneur aux délices culinaires des pays subsahariens, réalisés par les soins d’une marocaine…

Sa passion l’habite. Dans sa voix, se fait sentir son penchant pour la gastro. Et pas n’importe laquelle, la gastronomie africaine. H. est marocaine et amoureuse de la cuisine d’Afrique subsaharienne depuis sa jeunesse. «Je suis 100% marocaine», tient-elle à souligner, pour lever tout amalgame. Son restaurant propose les deux ou trois principaux plats de certains pays d’Afrique subsaharienne réalisés par elle-même, confie t-elle. Contrairement à plusieurs restaurants de la place, le restaurant géré par la Marocaine est l’un des rares à offrir autant de diversités culinaires. «Je ne suis pas focalisée sur les repas d’un certain pays comme certains restaurants qui sont juste sénégalais ou ivoiriens…Je ne suis pas typiquement tchep ou attiéké», ajoute t-elle. Tous les jours, le restaurant propose dans son menu, plusieurs spécialités de différents pays : sauce gombo, sauce feuilles de patates, feuilles de manioc, attiéké, aloco, poulet poivré, thiéboudienne…moyennant des tarifs qui varient entre 85 et 120 dirhams.

Si ses tarifs semblent plus élevés que d’autres restaurants qui proposent les mêmes plats à partir de 30 dhs, H. se justifie. «Cela parait trop élevé, mais ce n’est pas le cas. Comme je fais de la cuisine africaine, je trie ce que je vends. Mes sauces contiennent généralement de la viande et de la pate d’arachide, contrairement à d’autres qui n’y mettent que du poisson fumé ou des tripes», argue t-elle. Et ceci, sans oublier le tarif élevé des locaux, lance t-elle.

La cuisine africaine, plus qu’un business!

Pour H, la cuisine c’est une passion, autre chose qu’un simple business. «J’essaye de me démarquer des autres. Je fais le manger de maisons, pas le manger commercial et c’est pourquoi les gens viennent. Quand je prépare, c’est comme si c’est moi qui allais manger», déclare t-elle.

La qualité, le maitre-mot de H. La cuisinière s’approvisionne en ingrédients lors de ses voyages en Afrique subsaharienne ou par le biais de ses relations dans les différents pays. En cas de rupture de provisions, un petit tour à Bab Marrakech et le tour est joué. «Quand je suis plus ou moins en rupture, il y’a le marché sénégalais. On peut s’y procurer des choses». Mais la qualité reste son slogan. «Quand il ne s’agit pas de la qualité, je n’en prends pas. D’ailleurs, franchement c’est rare. Je n’y vais que quand je suis dans l’obligation d’acheter chez eux », confie t-elle.

Une clientèle aux milles et une couleurs

L’Acacia, carrefour d’une clientèle bigarrée. En moins d’un an d’existence, le restaurant africain des tours jumelles de Casablanca draine une clientèle aux origines variées. «Il y a pas mal de nationalités : marocaines, italiennes, françaises…japonaises qui sont passées dans mon restaurant, même des Africains et qui ont adoré ma cuisine. Ces personnes sont revenues à plusieurs reprises pour une découverte de nouvelles sauces», confie t- elle fièrement. Et pour cause, tout aura été bien réfléchi par la maîtresse des lieux, même le choix de l’emplacement. «J’ai choisi les twin centers justement parce que je ne cible pas uniquement les subsahariens mais aussi d’autres nationalités qui ont envie de goûter la cuisine africaine mais n’en ont pas la possibilité. Personne ne les aborde, ne les approche pour leur donner cette possibilité».

Du rêve…à la réalité

En 2015, en ouvrant l’Acacia, son rêve devient réalité. «C’était mon rêve depuis mes 16 ans. Je désirais exploiter les richesses que nous avons en Afrique et c’est désormais chose faite», confie t-elle à Al Bayane. Alors âgée d’à peine 17 ou 18 ans, la jeune marocaine commence à travailler. Elle a donc l’occasion de voyager dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. C’est le déclic. H. s’entiche pour la cuisine de plusieurs de ces pays et étoffe son cahier de recettes…Elle apprend notamment à faire plusieurs repas et surtout aiguise son flair en matière de cuisine africaine pour détecter les supercheries de certains vendeurs africains au Maroc. «Vous savez tout le monde fait tout et n’importe quoi pour se faire de l’argent», lance t-elle en fine connaisseuse de la gastronomie africaine. « Il y’en a qui font le poisson fumé n’importe comment ici au Maroc pour le revendre. Moi je sais détecter le poisson fumé qui a été fait ici et le poisson fumé venu de l’Afrique noire», souligne –t-elle. «Tout comme il suffit de goutter la pâte d’arachide pour savoir si elle a été mélangée ou pas, tout comme l’huile rouge et pas mal d’autres choses». «L’objectif est certes de gagner, mais pas moyennant des choses dégueulasses», enjoint–elle. «Mon concept n’est pas d’abord de vendre mais de faire plus ou moins connaitre la nourriture subsaharienne et je suis entrain de réussir à le faire», conclut la cuisinière passionnée.

Danielle Engolo

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