La culture au sein des perceptions et des programmes des intervenants publics

Journée d’étude :

«La culture au sein des perceptions et des programmes des intervenants et acteurs publics» est le thème de la journée d’étude organisée, samedi 15 juin à Salé, par la Fondation de Salé pour la Culture et les arts, en partenariat avec la Commune de Salé. Cette rencontre était l’occasion de se pencher sur la politique culturelle dans la ville de Salé et sa place dans les politiques publiques. La culture étant un domaine transversal, les initiateurs de cet événement en ont fait la tribune pour échanger les visions et expertises afin d’ériger la culture en levier de développement.

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Mohamed Lotfi Mrini

«La culture est une source génératrice de revenus»

Dans son mot d’ouverture, Lotfi Mrini a mis l’accent sur le contexte de l’organisation de cette journée d’étude, tout en insistant sur l’importance et la nécessité du renforcement du débat autour de la culture dans le secteur public. « Cette rencontre,  qui a pour but d’approfondir la réflexion et l’étude autour de la problématique de la culture dans les politiques publiques, sera couronnée par la création  d’un centre d’études. Le but également de cette journée est de passer de la théorie à la concrétisation et la mise en œuvre de nouveaux projets, des stratégies et des visions efficaces et efficiences », a- t’il indiqué. Lotfi Mrini a souligné en outre, dans son intervention, le développement de l’approche participative dans la prise de décision. Car, selon lui, la culture est une source génératrice de revenus. Elle est un facteur clé dans la création et l’industrie qui contribue au développement de l’économie nationale, a-t-il avancé. Il a distingué en revanche les composantes de la culture à la fois matérielles et immatérielles. L’intervenant a appelé à la mise en place d’une nouvelle vision pour la culture avec l’intervention de tous les acteurs concernés. «Il est temps de développer toutes les formes artistiques, entre autres le cirque, la danse, la musique pour mieux booster le secteur culturel et le mettre sur de bons rails. En outre, il faudrait que la culture soit présente dans la ville, comme la musique, les manifestations culturelles et artistiques destinées aux jeunes afin de créer une dynamique à Salé », a-t-il affirmé. D’après lui, la ville doit s’ouvrir sur le reste du monde  en organisant une manifestation internationale.

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Jamaâ El Moâtassim

«La culture comme levier de développement dans la ville de Salé»

Le président de la commune de Salé, Jamaâ El Moâtassim, a estimé que cette rencontre est une occasion idoine pour communiquer avec les acteurs concernés, tout en considérant la culture comme un levier de développement dans la ville de Salé. «La culture est un facteur majeur et fort de la ville de Salé. Elle est un carrefour de cultures, de civilisations et une ville avec un patrimoine matériel et immatériel riche et diversifié », a-t-il affirmé. Selon le président de la Commune de Salé, la ville a été inscrite en 2016 au Patrimoine national avec plus de 12 sites historiques et patrimoniaux. Et d’ajouter : « Salé est une ville d’intellectuels, des créateurs, des bibliothèques privées. C’est une ville d’activités culturelles dont le bon nombre est organisé par le tissu associatif », a-t-il ajouté.  Pour lui, la société civile est très active dans le domaine. Il a souligné également que la vision pour la culture dans la ville a été élaborée par 1000 participants qui ont considéré que la culture est un levier pour le développement. «Ce qui a été réalisé dans le domaine de la culture reste encore limité», a-t-il fait savoir.  Il a en outre mis la lumière sur des conventions signées visant l’ouverture de plus de bibliothèques, de complexes culturels, d’instituts de musique et de maisons de jeunes. D’après lui, il faut créer un musée à Dar El Baroud et garantir la diversité et la richesse de la ville en matière d’offre artistique et culturelle. A côté du soutien accordé aux associations (1000 associations) et la proposition de 41 projets dans le domaine culturel, la ville de Salé a besoin d’une vision renouvelable pour relancer la culture dans les veines de la ville, a t’il conclu.

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Mohamed Aouad

«Salé est au cœur du programme du développement régional»

Dans son intervention, Mohamed Aouad s’est penché sur la part de Salé dans l’axe culturel en ce qui concerne le développement  régional. Selon lui, cette journée est importante, notamment dans un contexte national marqué par les grands chantiers culturels lancés par Sa Majesté le Roi, entre autres le Programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne ville de Salé avec une enveloppe budgétaire importante.  Il a souligné que le Conseil régional vise à faire de la culture un levier de développement. «Le  Conseil régional accorde une importance à la culture et au patrimoine de la région. Il contribue à la sauvegarde des sites patrimoniaux et historiques tout en gardant la spécificité régionale, ainsi qu’à l’organisation des manifestions artistiques et culturelles afin d’encourager le tourisme et d’attirer plus d’investissements pour  la région », a-t-il indiqué.  Le Conseil régional a veillé à élaborer une vision dans le domaine de la culture à travers le programme du développement régional.  Selon lui, neuf grands chantiers ont été ouverts pour accompagner cette dynamique qui accorde une place de choix à la culture, la jeunesse et le sport avec un budget de 390 millions dirhams. D’après lui, de nombreux projets ont été élaborés ou sont en cours d’élaboration. Il s’agit de la construction et l’équipement du théâtre de la ville de Salé auquel le Conseil contribue avec une enveloppe de 10 millions dh, la réhabilitation de l’ancienne médina de Salé avec 60 millions de dh à, sans oublier le soutien aux associations organisatrices d’événements et manifestations culturelles et artistiques avec un budget de 8 millions de Dh.

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Mohamed Es-Semmar

«Il n’y a pas de rive droite sans la rive gauche»

Quant à Mohamed Es-Semmar, directeur du Patrimoine historique et archéologique au sein de l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg, il a présenté les programmes et les projets de l’agence à Salé, notamment les grands projets du patrimoine de l’aile droite de la vallée de Bouregreg. Dans son intervention, il a braqué les lumières sur la réhabilitation et la restauration de la porte de «Sqala lwastiya» sur la façade maritime de la médina de Salé qui a perdu, d’après lui presque 90% de cette porte qui a été restituée. Selon lui, il y a un équilibre entre la rive droite et gauche qui se voit au niveau du port et de la médina, au niveau des quartiers qui se regardent d’un côté et d’un autre par rapport à la vallée de Bouregreg. Pour lui, il n’y a pas de rive droite sans la rive gauche et vise versa. «Pour moi, tout ce qui se passe sur la rive droite, il doit y avoir un équilibre sur la rive gauche et vise versa », a-t-il indiqué.

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Mhamed Kroumbi, conservateur des monuments et des sites de Salé

«20 sites classés comme patrimoine national à Salé»

Mhamed Kroumbi, conservateur des monuments et des sites de Salé, a mis l’accent sur les interventions du secteur de la Culture dans la ville de Salé : la réalité et les perspectives. «Dans la ville de Salé, il y a 20  sites classés patrimoine national. La ville de Salé a été inscrite comme patrimoine national à partir de 2016 et ce, après les efforts déployés par les institutions et les associations de la société civile», a-t-il fait savoir. Selon lui, la ville de Salé est dotée d’une infrastructure culturelle importante qui est sous la tutelle du ministère de la Culture, entre autres le Centre culturel de Sala Al Jadida avec 24 fonctionnaires et géré avec une enveloppe budgétaire de 100.000 dh, la médersa mérinide, les deux bibliothèques, notamment la bibliothèque Mohammedia  (plus de 6000 livres) et la bibliothèque Abderrahman Hajji, l’Institut de la chorégraphie et la danse (2500 élèves, 17 salles et une salle pour les spectacles) géré avec un budget de plus de 206.000 Dh. «Il y a aussi des projets en cours de construction comme le théâtre de Bettana, le Complexe culturel et artistique de Tabriquet», a-t-il ajouté.

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Mohamed Amine Sbihi :

«L’assiette foncière est un problème qui freine le domaine culturel dans la ville»

Mohamed Amine Sbihi a appelé quant à lui à faciliter l’accès aux domaines artistique et culturel. «Il faut développer l’offre ainsi que l’esprit de consommation des produits artistiques et ne pas se limiter uniquement à la gratuité et aux invitations offertes», a-t-il expliqué.  Il a souligné également la nécessité de mettre en place les infrastructures nécessaires gérées par des professionnels. «La ville de Salé a besoin d’infrastructures  culturelles», a-t-il affirmé. Pour lui, l’assiette foncière reste un problème qui freine le domaine culturel dans la ville de Salé.

Lors de cette journée d’étude, de nombreux représentants de la société civile et du tissu associatif de la ville ont appelé à la restauration et la réhabilitation des monuments et des sites historiques de Salé, à donner au moussem des Cires une dimension internationale, surmonter les conflits politiques, donner une priorité à la culture et l’art, à sensibiliser la population et des décideurs  à l’importance du patrimoine, encourager l’investissement dans le domaine des industries créatives, la formation dans le domaine des métiers artistiques , la conservation du patrimoine du Malhoun en concrétisant l’idée de «Dar Al Malhoun» à Salé.

Mohamed Nait Youssef

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