La fausse-joie de Laurent Gbagbo…

Alors que mardi 15 Janvier, le juge-président de la Cour Pénale Internationale, Cuno Tarfusser, s’était prononcé en faveur de l’acquittement de Laurent Gbagbo, l’ancien président de Cote d’Ivoire, de «l’ensemble des charges» retenues contre lui et avait «ordonné sa mise en liberté immédiate», dès le lendemain, un appel a été introduit contre cette décision si bien que le vendredi d’après, trois juges de la chambre d’appel de la CPI qui en compte cinq, ont estimé, en invoquant des «raisons exceptionnelles», que «la détention de M. Laurent Gbagbo sera maintenue en attendant l’examen de l’appel».

La chambre d’appel ayant «programmé une audience le 1er février 2019», les deux parties seront donc appelées ce jour-là à faire valoir leurs arguments et la chambre statuera soit pour le maintien en détention de l’ancien chef de l’Etat jusqu’à un hypothétique procès en appel soit pour une libération.

Si l’option du procès en appel est retenue, comme le souhaite l’accusation, la procédure y afférente pourrait alors prendre plusieurs mois. Aussi, pour éviter que Laurent Gbagbo ne puisse se soustraire à la convocation de la CPI et se tenir hors de sa portée – en Cote d’Ivoire ou ailleurs – les procureurs s’opposeront, de toute évidence, à sa libération ; que celle-ci soit conditionnelle ou non.

C’est dire que l’ancien Président qui, le 15 janvier dernier, s’était cru au bout de ses peines risque encore de passer de longs mois dans sa cellule du centre pénitentiaire de Scheveningen.

A noter aussi que même en cas de libération inconditionnelle par la Cour Pénale Internationale, Laurent Gbagbo reste sous le coup d’une condamnation par contumace par la Justice ivoirienne à 20 années de réclusion pour le «casse», en 2011, de la succursale abidjanaise de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Et même si, par ailleurs, le président Alassane Ouattara avait décrété en Août 2018, une très large amnistie au profit de 800 condamnés parmi lesquels Simone Gbagbo condamnée à 20 années de prison pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», plusieurs Etats africains lésés par le fameux «casse» de la BCEAO, risquent de s’opposer à une libération sans conditions de l’ancien président ivoirien.

Enfin, Laurent Gbagbo quittera-t-il, un jour prochain, sa cellule de Scheveningen pour respirer le bon air frais de la liberté ou seulement pour occuper une autre -certainement beaucoup moins «confortable» – en Côte d’Ivoire d’où vu son âge il ne pourra sortir que les pieds devant? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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