Rapports Maroc/France
Saoudi El Amalki
S’achemine-t-on vers un apaisement tant espéré entre Rabat et Paris ? A croire les déclarations du chef de la diplomatie, Stéphane Séjourné et juste après, celles de l’ambassadeur tricolore au Maroc, Christophe Lecourtier, les rapports diplomatiques et politiques ont plutôt tendance à reprendre de pied ferme. Ce dernier s’est même montré plus explicite, lors d’une rencontre dans l’enceinte d’une faculté à Casablanca autour des rapports franco-marocains dont la reconnaissance de la marocanité du Sahara fut selon lui, le piédestal du projet de normalisation réussie des relations diplomatiques et politiques avec le Maroc. « Il serait illusoire et irrespectueux de croire être capable d’édifier pierre par pierre, sans avoir clarifié de quoi il est question, sachant que tout le monde à Paris est conscient de ce cachet essentiel du Royaume hier, à présent et demain, pour la sérénité de nos pays respectifs », précise-t-il, tout en s’interrogeant sur le fait de prétendre avoir des ambitions sans tenir en compte le souci principal du Royaume envers sa cause nationale. Ceci étant, on se demandera également de notre part, sur la sincérité de ces avances envers ce dossier qui paraît avoir pris beaucoup plus de temps qu’il n’en faudrait, en raison de la position biaisée de l’Hexagone à l’égard de son allié de prédilection. Face à la tergiversation inexpliquée dont ne cesse de faire montre la France, en particulier sous le règne du double quinquennat de l’actuel président de la République, le Maroc s’estime en droit à la prudence sans pour autant, se retenir de se réjouir du réchauffement du cœur à entendre de pareilles annonces émanant des nouveaux diplomates du pays Gaulois. D’autant plus qu’il se serait agi de la promotion d’un cran de l’appui traditionnel du plan d’autonomie suggéré par le Maroc depuis 2007 et dont l’Hexagone était, faut-il le reconnaître, l’un des tout premiers partisans. « L’heure d’aller de l’avant retentit ! », lâchait le ministre des affaires étrangères dans ce sens, tout en révélant son intention « d’écrire un nouvel épisode ! » inhérent aux rapports avec le Royaume. Il est clair que le discours Royal du 20 août 2022, au cours duquel le Souverain a lancé un appel solennel aux associés du Maroc de reconnaître la souveraineté du Royaume sur son Sahara, du fait que ce dossier est « une paire de lunettes avec laquelle il voit le monde, puisque c’est le seul critère évaluant l’authenticité de ses amitiés et l’efficience de ses partenariats, était sans nul doute pour quelque chose de la prise de conscience de la France à ce propos. Ce fut un message direct destiné à la France, encore en état d’oscillation voire de dérobade. En principe, la France devrait avoir le « Scoop » en la matière, vu l’exemplarité séculaire et la primauté affective, liant à jamais les deux Nations, à la différence des pays tel que l’Espagne, l’Allemagne, les Pays Bas…qui ont soutenu l’initiative d’autonomie préconisée par le Maroc. Devrait-on s’attendre au déclic de ce pas décisif de la France pour décrisper pour de bon « l’opiniâtreté macroniste » qui ne fait que durer ? Wait and see, dirait-on dans la langue de Shakespeare !