Vendredi dernier, le forum «Les Panafricaines» s’est ouvert à Casablanca, en présence d’un illustre invité. Le grand rendez-vous des femmes des médias d’Afrique, organisé par la chaine 2M, a été marqué par la présence de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Le chef de la diplomatie marocaine, qui a prononcé une allocution inaugurale, s’est attardé sur la migration en tant qu’opportunités, thème central de cette 2e édition du Forum.
Après avoir accueilli jeudi dernier, au siège du ministère des affaires étrangères et de la coopération une délégation de 116 femmes journalistes issues de 53 pays d’Afrique, le ministre des affaires étrangères a de nouveau participé au lancement des travaux du Forum les Panafricaines vendredi dernier, qui a réuni cette année, dans la capitale économique, plus de 200 femmes journalistes femmes du continent, le Maroc y compris. Dans son allocution, le chef de la diplomatie a abordé la nécessité pour les médias africains de déconstruire et démystifier les stéréotypes autour de la migration, estimant que travailler à corriger les mauvaises perceptions est une partie majeure de la solution.
Aujourd’hui, l’image de l’Afrique est construite dans les rédactions d’ailleurs, chargée de stéréotypes et pourtant, intégrée et consommée en Afrique, par les Africains eux-mêmes», a-t-il déclaré. «Si l’Afrique bouge, sa perception de l’autre stagne. C’est bel et bien la démonstration que quels que soient les efforts et les acquis, l’Afrique sera écrasée sous le poids de sa propre image, aussi longtemps que celle-ci lui échappera. Car l’Afrique qui a à cœur d’écrire sa propre image, devrait aussi façonner sa propre image», a-t-il ajouté. La migration « ne doit pas devenir une recette électorale comme cela est le cas actuellement dans certains pays d’Europe. Les stéréotypes sont un fonds de commerce pour certaines formations politiques. Ils constituent l’ingrédient d’une recette électorale prouvée».
Pour le chef de la diplomatie marocaine, il incombe aux médias de combattre les messages xénophobes, de se mobiliser pour rectifier l’image biaisée de la migration africaine auprès de l’opinion publique, en Afrique ou ailleurs. Ce travail ne consisterait pas à « donner une image romancée de l’Afrique ; mais il s’agirait plutôt d’une démarche réfléchie qui reconnait les forces et faiblesses du continent, sans complaisance ». Il s’agit pour le forum de fédérer les vocations des femmes des médias, partager les bonnes pratiques,… pour véhiculer une image des Africains en phase avec la réalité. Pour lui, «tant que l’Afrique n’écrira pas son récit, elle continuera d’être victime d’une image déformée». «Il faut que l’Afrique présente une vision lucide sur ces questions migratoires, et la responsabilité première revient aux pays africains eux-mêmes. Une concertation sous-régionale, continentale doit avoir lieu. Cette Afrique ne pourra pas se faire si ses décideurs attendent les réunions pour coordonner leurs actions», avait-il déclaré la veille lors de son entrevue avec les femmes journalistes d’Afrique.
A noter que le forum Les Panafricaines s’est déroulé du 26 au 27 octobre. Il a été marqué par des sessions de travail de journalistes en ateliers, sur 6 thématiques dont «Quel traitement journalistique des questions migratoires ?», «Mineurs en errance : comment cerner un phénomène complexe ?», «Mobilité Féminine : une nouvelle dynamique migratoire», «Migrations Climatiques et Sécurité Alimentaire», «Migrations intra-africaines : une chance pour le développement» et «Migrations Africaines : De l’importance de disposer de données fiables». Un 7e atelier a abordé les «structures et modèle organisationnel du réseau « Les Panafricaines ». A la suite des deux jours du forum, deux documents seront produits, notamment un rapport exhaustif de l’ensemble des travaux et une synthèse du Plan d’action 2018/2019 qui a été adopté par les femmes de médias du continent.
Danielle Engolo