La leçon de Youssoufi!

Toute la classe politique et l’ensemble des concitoyens du pays ont été ébranlés par la  disparition du grand patriote et fin sage feu Abderrahmane Youssoufi.

Une icône si  emblématique de l’histoire s’éteint dans la douleur collective. Cette force paisible qui disparaît dans le mutisme embrase les sens et attise les compassions de tout un peuple endolori.

Pourquoi toute cette empathie à  souhait pour un nonagénaire qui succombe aux soubresauts de la maladie? Une immense figure de proue qui force aujourd’hui toute l’estime des masses en pleurs et toute la tendresse du Roi dont le bécot déposé sur le front du regretté souffrant, avait vivement suscité un fervent pathétisme.

Il n’y aurait qu’une explication à toute cette sympathie envers un militant de première heure qui a roulé sa bosse dans les dédales du sacrifice sincère et les méandres du mouvement national ! C’est que la chasteté du défunt n’a d’égale que son abstinence au profit personnel. Il vécut dans la privation et mourut dans l’austérité au dernier soupir de son existence.

Durant tout son long parcours qu’il empruntait avec noblesse, le choix de la moralité, car la politique n’a de valeur que si elle est ainsi menée. C’est pourquoi, ce fils du peuple fut entendu par les grandes foules puisqu’il pratiquait avec hargne, la politique de la pudicité intellectuelle et de la probité politique.

«Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses !», disait un jour, le leader communiste, Karl Marx. C’était là l’idée principale qui faisait la différence, celle de la pudeur et de la foi en la justesse de la cause suprême à laquelle il se dévouait pleinement. Des combattants de cette trempe, il y en a eu, dans l’histoire du Maroc contemporain.

Des charismes de haut acabit, tels Abderrahim Bouabid, Ali Yata, Omar Benjelloun, Allal El Fassi, Aziz Belal, Abdeslam Bourquia, Mehdi Benberka (…),  on en trouve rarement de nos jours ! Car, la politique devient orpheline de l’une de ses enfants majeurs que sont la moralité, l’intégrité et les valeurs.

A l’époque, la politique était intimement liée à ces fondamentaux, avec des praticiens qui ne cherchaient jamais leurs propres faveurs. Ils savaient qu’ils étaient dans la politique pour se sacrifier et défendre l’intérêt général, au prix de l’exil, de la torture, de l’incarcération, de la peine de mort… Et c’est pour cette raison que les masses croyaient en eux et épousaient leur pensée !

Abderrahmane Youssoufi qui rend l’âme dans la gloire, a mangé de ce pain, sans relâche pour une nation digne, libre et prospère. Actuellement, la politique n’est plus qu’une réminiscence nostalgique, depuis que des opportunistes se servent de la politique pour servir leur égo et desservir le pays, que des intrus usent de leur business pour s’immuniser pour leurs biens ou utilisent la théologie pour tromper les néophytes et parvenir à leurs fins ignobles. Et c’est aussi pour cette raison que les masses n’ont plus confiance en la politique, se réfugient dans le dédain et moisissent dans le nihilisme mortel !

Le Maroc qui prétend accéder au rang des nations de l’émergence, ne saurait jamais le faire si la politique est infestée par les grabuges des malveillants dont pullule la vie politique nationale…C’est la meilleure leçon qu’on puisse tirer de la mort des feux Youssoufi et consorts qui ont toujours imprimé à la politique le sens noble et chevaleresque!

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