La République Démocratique du Congo est au bord de l’implosion…

Ce lundi 19 décembre s’est achevé le second mandat du Président Joseph Kabila sans que soit fixée la date des élections dont il avait dit qu’elles allaient avoir lieu  «dès que le registre des électeurs sera disponible» alors même qu’en l’absence d’un recensement, personne n’est, à ce jour, en mesure de dire combien d’électeurs compte la République Démocratique du Congo, le plus grand pays d’Afrique francophone, déstabilisée à l’Est par des groupes armées et à l’ouest par une pauvreté endémique accentuée par la volatilité des cours des matières premières. Autant de raisons qui ont poussé une opposition, qui n’est pas parvenue à arracher un accord avec la majorité présidentielle dans le cadre de ce qui a été appelé «médiation de la dernière chance» initiée par l’Eglise, à inciter les congolais à descendre dans la rue.

La jeunesse congolaise qui réside dans ces gigantesques quartiers populaires de Kinshasa et qui s’est entièrement ralliée à l’opposition se dit fin prête pour sortir ce lundi dans la rue afin de manifester sa colère en dépit du nombre impressionnant des forces de sécurité déployées aussi bien dans la capitale que dans les autres villes du pays pour contrecarrer toute éventuelle contestation.

Mais comment en est-on arrivé à une telle situation ?

En Mai 2016, la Cour Constitutionnelle avait statué en faveur du maintien de Joseph Kabila à la tête du pays jusqu’à la prochaine élection ; ce que les Congolais, dépités, avaient qualifié de «glissement» et qui lui a permis, conformément à un arrangement convenu sous l’égide de l’Union Africaine avec la société civile et quelques partis d’opposition, de désigner, le 17 novembre dernier, Samy Badibanga, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS – opposition) en tant que premier ministre en échange de son maintien au pouvoir jusqu‘en Avril 2018.

Il convient de signaler que la nomination de ce dernier n’est rien d’autre qu’une manœuvre qui a permis à Joseph Kabila non seulement de rester à la tête du pays mais, par la même occasion, de «fissurer» le parti d’Etienne Tshisekedi avec lequel M. Badinga avait pris ses distances et de marginaliser Vital Kamerhe qui s’est rallié à l’opposition après avoir été son directeur de campagne et présidé l’assemblée nationale jusqu’en 2009 en étant persuadé que le poste de Premier Ministre allait lui revenir; mais c’était sans compter avec l’intransigeance d’un Joseph Kabila qui ne pardonne jamais à ceux qui l’on trahi.

«C’est la première fois qu’un président élu au suffrage universel va quitter le pouvoir et on veut le faire dans des conditions optimales en s’assurant que toutes les conditions sont réunies pour des élections» déclare Henri Mova, le secrétaire général du Parti du Chef de l’Etat, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie.

Mais comme les congolais ne l’entendent pas de cette oreille, le pays est en effervescence, les investissements étrangers sont suspendus, les riches nationaux tout comme les étrangers quittent la RDC et les ambassades ont été vidées de leurs occupants en étant persuadées que le pays qui est au bord de l’implosion s’apprête à vivre les heures les plus sombres de son Histoire.

Nabil El Bousaadi

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