La transition démographique au service de la croissance

La corrélation entre croissance économique et celle de la démographie n’est plus à prouver. Les statistiques montrent souvent que la hausse de la population entraine un accroissement du niveau de vie moyen, avec toutefois des disparités sociales.

Tout l’enjeu est de trouver les moyens à même de booster l’impact de la transition démographique surla croissance économique tout en limitant les inégalités. Youssef Courbage, chercheur à l’institut national d’études démographiques à Paris (INED), a tenté d’apporter des réponses lors d’une conférence organisée par la CDG sur le thème «Perspectives démographiques et croissance au Maroc». Pour lui, une meilleure corrélation entre l’évolution démographique et celle de la croissance réside dans la bonne gouvernance politique et économique.

Youssef Courbage considère que «le Maroc est en mesure de tirer profit de l’aubaine que présente la transition démographique dont l’une des caractéristiques est la baisse de la part des jeunes dans la population». Il pourrait profiter notamment du tassement de la natalité pour accroitre son économie. L’expert évoque une très forte baisse du taux de natalité, qui est passé de 7,4 enfants par femme en moyenne à 2,2 en 2014. Il s’agit d’une baisse de moins de 2% par an.

Pour cet expert démographique et auteur de plus de 600 ouvrages, la transition démographique marquée par le changement de la pyramide des  âges, doit être accompagnée d’une bonne gouvernance pour permettre au pays de tirer le meilleur profit de ce «bonus démographique», citant comme exemple le cas de l’Asie orientale. «Une bonne gouvernance est nécessaire pour accompagner une démographie marquée par une très forte baisse du taux de natalité». Cela devrait se traduire, d’après lui, par une meilleure scolarisation. «Une population mieux instruite, mieux nourrie et en bonne santé est d’une importance extrême pour la croissance», dit-il.

Pour l’heure, le Maroc tarde à tirer profit des retombées de la transition démographique, comme l’a souligné Youssef Courbage. En cause, la non-orientation des investissements publics et des infrastructures. Les investissements représentent 34% du PIB, mais ils restent mal utilisés. A cela s’ajoute une dégradation de l’efficacité des investissements, constate Youssef Courbage qui appelle le secteur privé à s’orienter vers une économie moins capitalistique afin de permettre la création de plus d’emplois. En effet, l’expert en démographie pointe le manque d’une approche sociale pour traiter le phénomène du chômage prévoyant la création des petits emplois à petit revenus pour lutter contre le phénomène NEET (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire). Il reconnait toutefois que la courbe du chômage des jeunes est en baisse. Contrairement aux mauvais augures, le chômage des jeunes a plutôt reculé de 20 à 18% chez les hommes de 15-24 ans, au moment où il est resté stable chez les femmes, soit de 16%.

Hajar Benezha

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