«La voix du sud», un projet musical inédit

C’est à travers la musique que le chanteur Mohammed Bahri, alias Barry, compte promouvoir la culture et la philosophie hassanies au Maroc et ailleurs.

Issu des régions du Sud, le fils de Hay Mohammedi a présenté son nouveau projet «la voix du sud», vendredi dernier lors de la première édition du festival Wennibick à  Laâyoune. Ce projet inédit est le fruit d’une résidence musicale de deux mois dans le Sud marocain. Il s’agit d’une fusion entre la musique actuelle et la musique hassanie.

«C’était une expérience très facile parce que je suis d’ailleurs d’origine sahraouie.  J’ai grandi dans la culture de Roukba de la région de Foum Zguid et de la région de Ouarzazate», nous explique l’artiste.  «C’est une culture que je connais très bien», a-t-il ajouté.  Or son seul souci réside dans le fait de trouver de bons musiciens issus de cette région et capables de prendre part à ce projet sans rencontrer aucune difficulté à fusionner le Jazz, le Rock, le funk ou le reggae avec notre culture, a-t-il précisé.

«Au début, j’ai invité des musiciens qui jouaient le tidinit, un instrument à quatre cordes qui rime avec la culture hassanie. On a rencontré des difficultés au niveau de la recherche des musiciens pouvant participer à ce projet. Au final, sur 30 musiciens, on a pu en retenir 3, à savoir Hassan au niveau de la percussion ; Morad, un virtuose du tidinit et un chanteur de Daf de Laâyoune», a-t-il confié. «Dans la musique hassanie, il y a de l’improvisation. C’est pour cela que nous avons travaillé avec une démarche professionnelle en démarrant avec des ateliers et des Master Classes», a-t-il indiqué.

Pour Barry, il s’agit de faire rayonner cette composante artistique auprès des Marocains, et du large public d’ici et d’ailleurs. Ainsi, «la voix du sud» est un album de 10 chansons. «Je voudrais que ce projet ait une place à l’international. Je vais le présenter lors de ma prochaine tournée en Europe afin de donner plus de visibilité à notre culture sahraouie auprès d’autres peuples», a-t-il fait savoir.  «Mon idée est de vendre la culture hassanie à l’international. Pour ce faire, il faut faire un travail professionnel digne de notre culture». Et ce n’est pas tout ! Le chanteur prépare une surprise pour son public. Un album de Malhoun est en cours de préparation et verra le jour l’année prochaine.

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La modernité dans la poésie hassanie

Du débat jaillit la lumière. Les passionnés et admirateurs de la poésie moderne et classique n’ont pas raté le débat fructueux qui a eu lieu vendredi 20 janvier au Palais des Congrès de Laâyoune dans le cadre de la première édition du festival Wennibik.

En effet, les intervenants Aslima Amrez, critique littéraire et le professeur et conférencier Abdellah Habbab se sont penchés, tour à tour, sur les questions de la modernité et de la poésie arabe et hassanie. Abdellah Habbab a abordé un concept à la fois délicat, vaste et énigme : la modernité. Selon lui, les peuples arabes d’antan ont vécu sous différents aspects la modernité, à travers plusieurs pratiques, en l’occurrence la poésie. «Les aspects de la modernité ont été vécus dans les sociétés de «Al amawayin » et «al-abbasiyyin», a-t-il martelé. L’intervenant a par ailleurs cité dans son intervention des changements qui ont été intégrés dans la poésie surtout avec al-Mutanabbi et Abū Tammām. Ces jaillissements de modernité ont connu bien évidement des critiques, a précisé le conférencier. Abdellah Habbab a mis également le point sur les différents aspects de la modernité dans la poésie et le poème arabe modernes et contemporains, notamment au niveau de la langue, de la rime et des images poétiques. Pour ce qui est de la langue, il a révélé certains changements apportés par les poètes iraquiens, parmi lesquels le poète Badr Shakir al-Sayyab dont le langage poétique est proche de la langue arabe classique. D’autres aspects de la modernité poétique ressortent aussi dans le langage utilisé par le poète Adonis qui regorge de symboles et de signes et celui du poète soudanais Mohamed Fitouri.

Quant au chercheur et écrivain, Aslima Amrez, il a braqué les lumières sur trois axes fondamentaux, à savoir le concept de la modernité dans les dictionnaires arabes, la modernité au niveau conceptuel, ainsi que les approches théoriques et critiques. «La modernité dans sa dimension temporelle, artistique, spatiale a connu une grande évolution», a-t-il fait savoir. Ainsi, s’est-il penché lors de son intervention sur les aspects de la modernité dans la poésie hassanie en évoquant les différences entre ce qui est classique, authentique et moderne.

Mohamed Nait Youssef

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