L’Association des parents d’élèves, un partenaire incontournable

Dans chaque établissement scolaire, on trouve une Association de parents d’élèves. Si l’existence de celle-ci est prescrite par la réglementation en vigueur, les adhérents-mêmes (les parents), premiers concernés, ignorent le rôle de l’instance qui les rassemble tout en continuant de verser de l’argent dans son trésor ! Une situation alarmante, drôle et triste à la fois, vu la sincérité qu’exige l’exercice d’un pouvoir parental sur un élève innocent, passionné et inconscient des menaces qui l’entourent à l’intérieur des classes scolaires.

L’approche participative conduit à la réussite : premier point de vue ! Aucun bien n’est attendu d’un groupe d’humains dépourvu de compétences et sans aucune vision commune. Second point de vue ! Ces deux courants se concrétisent en parlant des Associations des parents d’élèves. À mi-chemin, entre les deux positions et dans un contexte où la réforme de l’enseignement se conçoit comme un choix stratégique du pays, la voix de la raison invite à ressusciter le sens d’Association et l’esprit du partage qui en découle.

Pour certains parents interviewés sur le sujet, «il ne faut jamais mettre tout le poids sur l’Etat à l’heure où les parents disposent d’un moyen pour participer à l’amélioration de l’entourage dans lequel leurs enfants apprennent les premières lettres».

Qu’en est-il de la création de la FNAPEME, le nombre des Associations la composant, son action et ses perspectives?

La Fédération nationale des Associations des parents d’Elèves du Maroc (FNAPEM) est une instance nationale créée en 2006. Elle se compose de 50 sections provinciales et de 5 sections régionales dont le réseau abrite sous son égide 520 Associations toutes convaincues d’un principe fondateur, celui d’un « mouvement associatif indépendant, démocratique et actif.»

Au niveau national, la Fédération est un partenaire officiel de la réforme de l’enseignement depuis le lancement de la Charte nationale d’éducation et de formation. Elle présente ses propositions au ministère par voie de notes adressées, ou directement, lors des rencontres officielles. Elle a participé à tous les pourparlers relatifs à la réforme du système de l’enseignement, effectués au niveau du Conseil supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique ou au niveau du ministère de tutelle. On a organisé des débats et des conférences durant lesquelles l’état du secteur a été décrypté. On a été parmi les premiers à appeler à la réforme du système, incapable, à l’époque, de jouer son rôle.

La Fédération est au service des Associations des parents des élèves, de l’école, de l’élève et de la patrie. Elle assure la pertinence de l’action des Associations qui s’impliquent à leur tour dans le fonctionnement quotidien de l’école, dans l’éducation et l’enseignement des élèves, le suivi des élèves en difficulté, la gestion des problèmes de délinquance et de sécurité ainsi que les litiges impliquant élèves et enseignants. Une famille par extension, des gardiens par procuration qui assurent le suivi des élèves et veillent à l’amélioration des conditions au sein de l’établissement scolaire.

Servir l’intérêt ultime des apprenants et apprenantes demeure notre objectif. L’Association sensibilise et mobilise ses adhérents, elle les assiste et les incite à s’engager dans la gestion de l’école, à la protection de son environnement social et environnemental et à la contribution aux projets de réhabilitation et de maintenance des infrastructures et des équipements.

Source d’appui matériel et moral à ceux en situation précaire et d’encouragement des apprenants (es) excellents (es), l’Association des parents d’élèves participe à la préparation des conditions nécessaires pour la réussite de tous et toutes. Outre l’amélioration de la communication entre la famille et l’école, elle assure le suivi de la performance des apprenants et apprenantes en luttant contre les absences individuelles et collectives pour garantir la continuité de la scolarisation et mettre fin à l’abandon scolaire.

Vu sa présence sur le plan institutionnel, comment évaluez-vous l’action des Associations des parents d’élèves?

L’Association des parents d’élèves dispose d’un cadre d’intervention très large. Elle bénéficie d’une reconnaissance vu la présence de ses représentants à certains niveaux de décision, à savoir le Conseil d’administration de l’Académie et les Conseils des établissements scolaires.

  • Au niveau du Conseil d’administration de l’Académie, la présence de trois représentants des Associations des parents d’élèves à raison d’un représentant pour chaque niveau d’enseignement est une réalité. Ce Conseil, présidé par l’autorité gouvernementale de tutelle, établit le programme prévisionnel régional de formation des enseignants et du personnel administratif et technique ; le programme prévisionnel de construction, d’extension ou de grosses réparations des établissements d’éducation et de formation et le fonctionnement des établissements d’éducation et de formation.

Il comprend, outre le président du Conseil régional, le Wali de la région, les gouverneurs des provinces et préfectures de la région, les présidents des communautés urbaines, les présidents des assemblés préfectorales et provinciales, le président du Conseil des Uléma de la région, le ou les présidents des universités se trouvant dans la région, le délégué régional de la formation professionnelle, ainsi que les présidents des chambres professionnelles de la région.

  • Au niveau des Conseils d’établissements scolaires (Conseil de gestion, Conseil pédagogique, Conseil des classes), l’Association des parents des élèves exerce un pouvoir relatif à sa mission d’encadrement et de gestion pédagogique et administrative des établissements en accompagnant l’administration (chef d’établissement et du personnel).

Le président de l’Association des parents et tuteurs d’élèves fait partie des membres du Conseil de gestion. Il participe, aux côtés du directeur de l’établissement, des cadres administratifs et d’un représentant du Conseil communal, à la proposition du règlement intérieur de l’établissement conformément aux textes législatifs et réglementaires en vigueur, à l’étude et à l’approbation des programmes d’action des autres Conseils  (Conseil pédagogique et Conseil d’enseignement) en travaillant pour exploiter les résultats de leurs travaux en vue d’améliorer le niveau de la gestion pédagogique, administrative et financière de l’établissement. Ce Conseil étudie les mesures appropriées pour garantir l’entretien de l’établissement et la protection de son patrimoine, formule un avis sur les projets de conventions de partenariat que l’établissement se propose de conclure, étudie les besoins de l’établissement au titre de l’année suivante et approuve le rapport annuel général relatif à l’activité, au fonctionnement et à la gestion administrative, financière et comptable.

La voix des pères est bel et bien entendue au sein du Conseil pédagogique. Ils interviennent lorsqu’il s’agit de la formulation de propositions concernant les programmes et les méthodes d’enseignement et leur présentation au Conseil d’administration de l’académie concernée ; la formulation des avis concernant la répartition des élèves selon les classes et de l’emploi du temps ; la programmation des épreuves et des examens et la participation au suivi et à la réalisation des opérations. Pour l’étude des demandes de soutien social, la proposition des élèves candidats à en bénéficier et pour l’organisation des activités parascolaires, des concours et des compétitions culturels, sportifs et artistiques, l’Association des parents d’élèves participe à la prise de la décision.

À l’instar des autres Conseils, les Conseils de classes sont présidés par le directeur de l’établissement. Leurs membres se composent de tous les enseignants de la classe concernée et d’un représentant de l’Association des parents et tuteurs d’élèves. Ce cadre permet à cette dernière de prendre part à l’examen périodique des résultats des élèves et de prendre les décisions d’appréciation appropriées à leur égard, d’analyser et d’exploiter les résultats des acquis scolaires en vue de définir et d’organiser les opérations d’appui et de renforcement, de prendre les décisions de promotion des élèves aux niveaux suivants ou d’autorisation de redoublement ou d’exclusion à la fin de l’année scolaire compte tenu des résultats obtenus, d’étudier et d’analyser les demandes d’orientation et de réorientation et d’en délibérer, y compris la proposition de décisions disciplinaires au regard des élèves non disciplinés.

Et pourtant, c’est un cahier de charge à respecter ; et au défaillant de justifier les causes de ses négligences !

Classes surchargées ! Baisse du nombre d’enseignants et crise des enseignants stagiaires ! Quel est l’apport de l’Association des parents des élèves devant cette situation?

La position de la Fédération a été et restera toujours claire en ce qui concerne les dossiers sensibles tels que la question des classes préparatoires en appelant à leur subsistance, les enseignants stagiaires en exigeant le traitement de leurs demandes comme priorité, la généralisation de la bourse universitaire et l’hébergement des étudiants.

En ce qui concerne la rentrée scolaire 2016-2017, la Fédération exprime sa très forte inquiétude vis-à-vis du sort du secteur de l’enseignement, on constate la perturbation organisationnelle qui se manifeste comme ceci : l’augmentation du taux de surpeuplement des classes scolaires allant jusqu’à 70 élèves, la défaillance structurelle chronique, un départ tardif de la saison scolaire dans un nombre important d’établissements et le nombre d’enseignants et de cadres administratifs qui reste toujours insuffisant.

À vrai dire, la Fédération impute les problèmes déjà cités à la mauvaise gestion de la part du ministère de l’Education nationale. Un nombre élevé de départs à la retraite au sein de la famille des enseignants explique seulement une faille parmi d’autres. Comme je l’ai déjà déclaré dans différentes sorties médiatiques, « Les parents d’élèves expriment leur indignation face à cette situation qualifiée de scandaleuse, les parties concernée se doivent d’agir le plus rapidement possible».

Youssef Boukioud

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