La Chambre de Commerce Britannique au Maroc a tenu jeudi dernier une conférence débat afin d’établir un diagnostic du secteur de l’assurance, ainsi que de présenter quelques stratégies pour soutenir sa croissance.
Quel rôle peut jouer l’Assurance pour épauler les entreprises face à l’émergence des risques? C’était un check-up routinier de l’actualité du marché de l’assurance, initié par la Chambre Britannique de Commerce au Maroc (BritCham) jeudi dernier à Casablanca, où il était question d’établir un diagnostic du secteur et de présenter quelques stratégies pour soutenir sa croissance.
L’événement à caractère explicatif a réuni acteurs institutionnels et assureurs autour de la même table. La BritCham a fait appel à des panélistes de renom pour vulgariser les enjeux qui s’imposent aux entreprises marocaines, et expliquer les formes d’appui que peut leur fournir les assurances crédits dans le volet de la couverture contre les risques.
En vieux routier de l’assurance, Bachir Baddou, Directeur Général de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR), a dressé un bilan détaillé de l’état du marché, tout en mettant en avant les défis et opportunités de développement de secteur. Selon lui, le développement de ce métier s’effectue avec une célérité qui lui permet d’accompagner efficacement les autres secteurs. Pour sa part, l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) a été représentée par son Secrétaire Général Othmane El Alamy. Ce dernier a mis l’accent sur les mesures stratégiques à même de soutenir la croissance du secteur au niveau national. Ce qui importe l’autorité de contrôle le plus, c’est d’avoir un secteur solide, solvable, qui puisse posséder les capacités financières pour se développer, innover et se déployer notamment en Afrique. «Mais on insiste énormément sur la solvabilité, par ailleurs, la protection des assurés», déclare El Alamy, car «plus ils sont protégés, plus le climat de confiance est nourri, ainsi davantage de personnes se dirigeront vers l’assurance, ce qui conduira de facto à développer le secteur.
Les interventions des professionnels du marché, elles, recelaient également une plus-value enrichissante. Achraf Ftouhi, Directeur du pôle technique à Atlanta Assurances, a dépeint un panorama des défis de demain, en argumentant sur l’importance que revêt l’accompagnement des entreprises marocaines par leurs assureurs. Enfin Tarik Hasim, responsable chez Euler Hermès, a conclu le débat en présentant les moyens mis en place par l’assurance-crédit pour couvrir les entreprises contre les risques.
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Bachir Baddou, (DG de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de Réassurance)
Bachir Baddou connait le secteur de l’assurance comme la paume de sa main. Après douze ans à la tête de La Marocaine-Vie, ce diplômé en sciences économiques de l’Université Mendes France de Grenoble est actuellement Directeur Général de la Compagnie d’Assurance Transport (CAT), fonction qu’il cumule avec la direction générale de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR), celle du Bureau Central Marocain d’Assurances (BCMA) et la vice-présidence du Comité National de Prévention des Accidents de la Circulation (CNPAC).
Quels rôles peut jouer un assureur dans le développement de l’économie d’un pays?
Le Maroc est un pays en phase d’émergence, et nous sommes un secteur qui accompagne le développement économique et social. Quand on parle d’émergence donc, le secteur des assurances est directement concerné. La finance au Maroc a connu, à mon sens, un développement plus rapide que le reste des secteurs économiques, ce qui fait qu’aujourd’hui la taille du secteur bancaire et de celui de l’assurance ont atteint un certain niveau qui leur permet d’accompagner efficacement le développement économique et offrir des solutions. Par exemple, nous en tant qu’assureurs, nous arrivons aujourd’hui à offrir des solutions sur des programmes assez complexes de tous ce que vous voyez émerger au Maroc que ce soit l’industrie, les centrales solaires, des bâtiments comme la Tour Maroc Télécom à Rabat et j’en passe. En somme, un secteur qui se renouvelle, qui accompagne ce développement et qui va même au-delà puisqu’aujourd’hui, nous avons un rayonnement régional et africain, et les acteurs nationaux sont présents dans plus d’une vingtaine de pays du continent.
Quelles peuvent être les formes de contribution à cette émergence?
Le programme est d’abord assurer la matière assurable. C’est d’abord des personnes physiques de tous les corps de métiers, et qui doivent s’assurer pour couvrir les risques auxquels ils sont exposés dans leur activité au quotidien mais aussi des nouvelles industries et des entreprises qui ont un certain nombre de besoins, donc on est obligés d’offrir des programmes, des couvertures adaptées et d’innover. Quand vous avez par exemple une centrale comme Nour, qui est un projet à caractère unique pour le Maroc et même dans un grand nombre de pays à travers le monde, il nous faut en tant qu’assureurs être capables de comprendre cette industrie, de connaitre les risques inhérents à cette centrale et de pouvoir offrir des solutions de couvertures adéquates. L’émergence c’est ça aussi, c’est d’être capable d’accompagner un tissu économique qui se développe par des solutions répondant à des besoins spécifiques.
Justement, on lie souvent le développement futur de l’assurance à l’adaptation des avancées technologiques dans le Big Data, le digital… est-ce que les entreprises marocaines sont aptes à suivre ces créneaux?
Oui, tout à fait. En fait, le Big Data et le digital relèvent du développement mondial, pas uniquement que de l’assurance. Nos voitures aujourd’hui sont connectées, nos smartphones sont capables de tellement de choses, etc. Si nous assureurs restons en marge, nous disparaitrons. Aujourd’hui, beaucoup d’assureurs marocains offrent des solutions digitales, que ce soit à leur clientèle ou à leurs réseaux de distribution, à leurs propres ressources en interne… et donc je pense que nous somme un secteur assez avancé dans ce type de réflexion au Maroc.
Iliasse El Mesnaoui