Le Cachemire à feu et à sang…

Ce dimanche, 17 soldats indiens ont été tués lors d’une attaque contre une base militaire au Cachemire; ce qui porte à 90 le nombre de morts en l’espace de deux mois au Cachemire, un territoire contestée à la fois par l’Inde qui, depuis 1989, y a déployé près de 50.000 soldats et par le Pakistan qui, par l’entremise de plusieurs groupes séparatistes, réclame soit son indépendance soit sa fusion avec le Pakistan. Mais d’où vient le problème?

Autrefois Etat princier vassal de l’Empire britannique à forte population musulmane, le Cachemire, qui a été vendu au 19ème siècle à un riche maharadja hindou, fait l’objet, depuis lors, d’un conflit entre musulmans et hindous.

Pratiquant une politique à caractère religieux, le Pakistan qui considère que ce territoire devrait servir de terre d’accueil aux musulmans indiens souhaiterait l’annexer; ce que l’Inde conteste et qui donne lieu à des luttes sanglantes entre les deux parties.

Ainsi, alors que ces dernières années, la violence semblait avoir quelque peu baissé d’intensité, le Cachemire s’est embrasé à nouveau ces derniers temps après les récentes attaques entreprises contre les forces indiennes par de jeunes cachemiris qui contestent leur présence.

Le 8 juillet dernier, Burhan Wani, un jeune rebelle de 23 ans est assassiné lors d’une fusillade menée par les forces de sécurité indiennes. Ce dernier, un des commandants du groupe séparatiste Hizbul Mujahideen, était devenu un des nouveaux visages du séparatisme cachemiri car étant donné que la ligne frontalière dite «ligne de contrôle» est fortement surveillée par les forces indiennes, les pakistanais sont de moins en moins nombreux à pouvoir s’infiltrer dans le territoire pour les attaquer. Ce sont donc, désormais, des combattants cachemiris, souvent nés et vivant sur place, qui s’opposent aux «forces occupantes».

Dans les jours qui précédèrent cet assassinat, le monde assista alors à un embrasement sans pareil du Cachemire quand les dizaines de milliers de personnes qui participaient aux funérailles du jeune cheffe rebelle manifestèrent et que la police fut contrainte de tirer à balles réelles. Cet embrasement se solda par la mort en trois jours de plus de 30 personnes alors que plusieurs centaines de manifestants furent blessés. Un couvre-feu a donc été imposé sur une grande partie du territoire, magasins et écoles furent fermés et l’accès aux services Internet suspendu.

Moins d’un mois plus tard, soit le 15 Août dernier, jour anniversaire de l’indépendance de l’Inde, les affrontements armés entre les forces de l’ordre indiennes et les manifestants séparatistes firent neuf tués en plusieurs endroits du territoire. Il est à signaler, à cet effet, que, depuis le mois de Juillet dernier, c’est pratiquement chaque jour que des heurts sanglants opposent les rebelles aux soldats indiens près de la frontière indo-pakistanaise.

C’est donc dans ce cadre que, ce 18 Septembre, 17 soldats indiens tombèrent sous le feu des assaillants pakistanais.

Ce dimanche le Cachemire a donc vécu la pire attaque du genre depuis bien longtemps déjà. C’était, en effet, en Décembre 2014, qu’un raid quasi-similaire lancé au petit matin contre la base militaire d’Uri par des rebelles fortement armés venus du Pakistan avait fait 11 morts du côté indien et 4 du côté des rebelles.

Ainsi, aux cours des six dernières semaines, ce sont 64 personnes qui périrent lors d’accrochages entre séparatistes, aux visages cachés par des foulards, et forces de l’ordre indiennes.

Nabil El Bousaadi

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