Le chef de l’AIEA cherche un terrain d’entente avec l’Iran

Energie atomique

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a affirmé mardi en Iran chercher un « terrain d’entente » sur fond d’inquiétude occidentale après l’augmentation par Téhéran de son stock d’uranium hautement enrichi, en riposte aux sanctions américaines.

La visite de M. Grossi survient à une semaine de la reprise prévue à Vienne des négociations pour sauver l’accord international sur le nucléaire iranien suspendues depuis juin.
Signe de la tension entre l’ONU et Téhéran, les journaux ultraconservateurs iraniens ignorent totalement la venue du chef de l’AIEA.

Arrivé lundi soir dans la capitale iranienne, ce dernier a rencontré dans la matinée le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami.
« Notre travail a été intense (…) Nous poursuivons nos négociations afin d’aboutir à un terrain d’entente », a affirmé M. Grossi lors d’une conférence de presse commune avec son interlocuteur iranien.
« Nous travaillons aussi sur d’autres sujets (…) C’est très important de mettre le tout dans la perspective du programme nucléaire pacifique de l’Iran », a souligné le patron de l’AIEA.

« Nous travaillons très dur et nous multiplions nos efforts pour conclure nos échanges aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Dans un bref communiqué mardi, l’OIEA affirme que « l’établissement d’un cadre clair de coopération entre l’OIEA et l’AIEA est l’un des principaux sujets de discussion entre les deux responsables ».

M. Grossi n’était pas revenu depuis le 12 septembre à Téhéran où il n’avait rencontré alors que le chef de OIEA.
Il s’était plaint de l’absence de contacts avec des membres du gouvernement, mis en place en août, dans la foulée de l’élection présidentielle remportée en juin par l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi.
« C’est stupéfiant », avait-il dit, expliquant qu’il y avait « une longue liste de choses » dont il voulait discuter avec les dirigeants iraniens.

Cette fois, M. Grossi doit s’entretenir dans l’après-midi pour la première fois avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, chargé du volet politique du dossier nucléaire.
Ces rencontres ont lieu une semaine avant la reprise à Vienne le 29 novembre des pourparlers entre l’Iran et les grandes puissances pour tenter de sauver l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Saïd Khatibzadeh, avait souhaité lundi que la réunion avec M. Grossi soit « constructive ».

« Nous avons toujours conseillé à l’AIEA de rester sur la voie de la coopération technique et de ne pas laisser certains pays poursuivre leurs objectifs politiques au nom de l’AIEA », a-t-il indiqué.
Le déplacement de M. Grossi intervient après que l’AIEA a fait état la semaine dernière d’une nette augmentation du stock d’uranium hautement enrichi par Téhéran, en riposte au rétablissement en 2018 des sanctions américaines.
Selon un rapport de l’instance onusienne consulté par l’AFP, la quantité d’uranium accumulée dépasse désormais de plus de douze fois la limite autorisée par l’accord de 2015: il était ainsi estimé début novembre à 2.489,7 kg.
Surtout, l’Iran a dépassé le taux d’enrichissement de 3,67% fixé par l’accord, montant d’abord à 20%: il dispose maintenant de 113,8 kg, contre 84,3 kg fin août.

Puis il a franchi le seuil inédit de 60%, se rapprochant des 90% nécessaires à la confection d’une bombe: il en a produit 17,7 kg, contre 10 kg il y a trois mois.
Ce rapport sera examiné lors du Conseil des gouverneurs de l’AIEA prévu la semaine prochaine, juste avant le retour des négociateurs à Vienne, le 29 novembre.

L’accord de Vienne, conclu en 2015 entre l’Iran d’une part et les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie, la France et l’Allemagne de l’autre, offrait à Téhéran la levée d’une partie des sanctions internationales étranglant son économie en échange d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l’ONU.
Mais Washington a quitté unilatéralement l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, et rétabli les sanctions contre Téhéran. En retour, l’Iran, qui nie chercher à se doter de l’arme atomique, a progressivement abandonné ses engagements.

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