Le corps en extension plastique

Saoudi El Amalki

Il vient de Taza, la tête pleine de réverbérations du relief austère et ringard du bercail. Mais, il débarque avec une vision, un message et une conception de ce qui le marque dans la nature et l’homme. Mohammed Qannibeau, l’artiste-peintre propose actuellement, au public de la capitale et plus exactement à la galerie Bab El Kébir, sa collection où trônent «les états du corps».

Le portrait de l’être, cette énigme qui l’intrigue, le tourmente et le malmène, il en fait toute une histoire. A chaque fois, il le met en évidence dans tous ses états, sans relâche au pont de l’obséder. Il a raison de le faire ! L’homme demeure opaque et hermétique à toute intrusion, à toute conquête de son pareil. Rien ne s’y infiltre, personne n’y accède car nul n’en ressort, au bout du compte!

Par des trait fins et des contours onctueux, tout en gardant l’anonymat des personnages, l’artiste tente de relever le pari de cette aventure machiavélique. Parvient-il ? Réussir a-t-il ? Il s’évertue à la galère, avec raffinement et pugnacité. Son inspiration féconde le mène à révéler les états pluriels de l’homme et en décortiquer les ondulations viscérales.

Mais, comment transmettre toutes ces révélations au récepteur hors de l’âme de l’émetteur ? C’est là toute la virtuosité du peintre qui fait usage de son talent pour exorciser cet homme secret ! Le tableau de Qannibou n’est pas aussi complexe que l’on peut imaginer, à première vue. Son œuvre suave et avenante donne cette immense liberté de réfléchir et de se faire interpeler.

Sans doute, l’artiste oscille-t-il entre plusieurs écoles de l’art contemporain. Nombre de sommités de la peinture reviennent sur la toile, sans avoir la certitude de se fixer l’une ou l’autre. Et c’est là où réside l’ingéniosité de Mohammed Qannibou, c’est pouvoir brasser en une série unie eh cohérente, une panoplie d’essais plastiques. C’est de l’impressionnisme dirait l’un ! Non, c’est du cubisme dirait l’autre ! C’est du réalisme rétorquerait un troisième ! Ni les uns ni les autres, pourrait-on également suggérer ! Mais, c’est tout simplement, un maillage prolifique et inventif de cet artiste bondé d’imagination.

A scruter ses trouvailles, on a l’impression qu’elles se ressemblent, qu’elles se superposent, mais rien de tout cela. A voir plus près dans le moindre détail, elles diffèrent les unes que les autres. Cependant, elles ont toutes un fil conducteur qui les harmonise pour mettre en valeur cette unicité, cette uniformité, cette asymétriemessagère et artistique à laquelle l’artiste tient tant. C’est, à coup sûr, l’aspect encyclopédique de l’artiste, ce qui fait aussi sa singularité et son authenticité sur la scène plastique nationale!

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