« Le développement du futur, on le renforce en le travaillant au présent. »

La perception du changement des conditions de vie de la personne humaine est évidente partout dans le monde, même si elle n’est pas partout identique. Toutes les sociétés, quel que soit leur niveau de développement, sont soumises à de nouvelles contraintes issues essentiellement des variations climatiques, de la disponibilité de l’énergie, du facteur démographique et du degré de la répartition des richesses créées.

Les cicatrices profondes de la mondialisation, renforçant le néolibéralisme et le moins d’Etat, fragilisent la cohésion sociale particulièrement dans les pays comme le nôtre ; alors que la crise sanitaire de la covid 19 a montré l’inefficacité du « laissez aller laissez faire » à répondre aux besoins élémentaires des populations.

La marchandisation des services nécessaires au développement humain accroit les inégalités sociales et approfondit le gap entre les territoires.

Le fléau de la guerre persiste à travers la planète. De manière larvée ou déclarée, elle fauche les humains et accroit la pauvreté partout dans un monde où la consommation est devenue une préoccupation de la communauté internationale. Le maintien de la paix coûte cher et fait l’affaire des industriels de l’armement. La course à l’achat des armes, aussi nécessaire soit-il pour dissuader, grèvent les finances publiques et obèrent l’effort national.

La révolution numérique bat son plein et s’impose à tous. Autant, voire plus, que la révolution du Néolithique, elle gère déjà les comportements des humains lors de cette époque de l’Anthropocène pendant laquelle « l’activité humaine est devenue la contrainte géologique dominante devant toutes les autres forces … ».

C’est dans ce contexte que notre beau pays tarde à mobiliser sa population et ses forces vives dans la mise en œuvre d’un « modèle marocain » de développement et d’émergence socioéconomique et culturelle.

S’il fait bon vivre au Royaume du Maroc, relativement par rapport à son environnement régional, il reste que l’horizon reste bas suite à cette dystopie qui empêche le changement et freine la réforme convoitée. Le processus démocratique, entamé depuis longtemps, stagne dans tous ses aspects.  

Les répercussions économiques de la guerre en Europe, qui connaît une crise d’une profondeur inégalée jusqu’à présent, constituent un danger potentiel sur les relations économiques extérieures du Maroc déjà « déséquilibrées, notamment en raison de la nécessité d’importer des produits énergétiques et céréaliers en cas de mauvaise récolte, et des intrants pour les écosystèmes industriels. ».

Certes, le constat du déficit commercial extérieur n’est pas nouveau ; cette tendance ne cesse d’inquiéter depuis que « le Maroc a ouvert son économie à travers ses engagements dans le cadre de l’OMC et des accords de libre-échange avec l’Europe, les Etats-Unis et la Turquie. (et que) Toutefois, le pays n’a pas su profiter des concessions qui lui ont été offertes dans le cadre de ces accords. Une situation qui s’explique par la modeste productivité de ses entreprises et la faible qualification de sa main d’œuvre. ».

Heureux que les transferts des Marocains du Monde ne cessent d’augmenter !

Cela ne devrait-il pas inciter notre gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour que nos entreprises gagnent en productivité, en encourageant les investissements productifs (y compris ceux concernant l’élément humain, sa formation et ses conditions de vie) pour aboutir à « une prospérité partagée » au lieu de protéger les surprofits issus de la rente et aggraver les inégalités sociales et spatiales ?

Va-t-on encore « rater une opportunité » pour parvenir à la convergence économique et sociale alors que les conditions nécessaires à sa réussite sont reconnues dans les potentialités du royaume, ses ressources naturelles et les aspirations de son peuple ? Pour le moins que l’on puisse dire, la réforme peine à frayer son chemin malgré une majorité gouvernementale dominante en nombre mais incapable d’agir pour transformer « ses idées » en changement.

C’est dans les moments difficiles que la détermination partagée par l’ensemble des partenaires socioéconomiques et politiques d’agir autrement trouve le chemin de la réalisation, si la volonté de le faire est présente. à défaut, l’usage des atermoiements ne fait que compliquer les choses. 

Ainsi ; s’il est bon d’arriver à un accord entre le gouvernement et les syndicats pour un « statut unifié pour tous les fonctionnaires de l’enseignement » et l’amélioration des conditions de la profession, surtout que l’usure du pouvoir d’achat ne cesse d’affecter quotidiennement la population par le renchérissement des prix à la caisse ; il serait encore meilleur de mettre en œuvre une offre éducative de qualité qui tarde en se délitant à travers des « feuilles de route » dont le destin redouté serait les archives au lieu d’un réel décollage de notre système éducatif. Le sort du rapport concernant « le Nouveau Modèle de Développement, libérer les énergies et restaurer la Confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous » en est témoin de cette non réalisation !

Il est bon de discourir sur une proche politique sociale généralisée ( voire de l’Etat social), non pas comme un palliatif aux mesures libérales entreprises depuis l’avènement de l’ajustement structurel, mais comme une urgence nécessaire à cette convergence économique et sociale que le pays dans son ensemble appelle ; et il serait encore meilleur d’assurer au présent, sans la contrainte pécuniaire et dans les meilleures conditions, l’accès aux soins, garanti par la constitution, la promotion dans le secteur public d’une formation compétente permettant l’embauche et d’assurer l’égalité entre les marocains de tout genre. Il suffit de le vouloir …

Il est bon de voir des travaux menés pour que nos agglomérations soient « vivables » et intelligentes dans le cadre d’une politique de la ville qui préserve des risques sociaux et environnementaux liés à la cité et à la stratification de la population ; et il serait encore meilleur que ces travaux ne s’éternisent pas en provoquant le tohubohu et le bouchonnement asphyxiant des artères de la cité. Casablanca en est l’exemple le plus alarmant.

Last but not least, comment expliquer à un(e) marocain(e) du quartier des Oudayyas, dans la capitale du royaume, de produire sa carte d’identité pour pouvoir traverser le jardin du même nom, espace public reconnu sur plusieurs générations comme tel ? La culture ne peut servir de levier au développement local par la négation de la liberté, eût-elle un splendide Musée de la Parure, nouvellement créé, comme raison. Inquiétante mesure de voir un espace public érigé en « préside » pour garantir un droit d’entrée de 10 dirhams !

Etc…, la liste serait longue à contenir dans l’espace alloué à cette chronique…

Il est bon d’entendre des discours motivants où la promesse se réaliserai à plus ou moins brève échéance, en 2025, 2030, 2040 … ; et il est encore mieux de pouvoir vivre au présent l’amélioration des services rendus à la population, préfigurant la transformation progressive de notre société vers l’émergence socioéconomique et le bienêtre social ; car le développement du futur, on le renforce en le travaillant au présent.             

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