Le droit à la santé et à la protection sociale, une priorité du projet social du PPS

Dans le cadre du débat général et électoral engagé par le PPS sur la base de son programme électoral aux élections législatives du 7 Octobre, Dr Oualalou Abdelhafid, pharmacien et ancien Coordinateur National du Secteur Santé du PPS propose certaines mesures concrètes pour la poursuite des réformes engagées pour la mise à niveau du secteur de la santé et de la couverture sociale et médicale.

Partant d’un diagnostic objectif de ce secteur, de ses dysfonctionnements, de ses contraintes budgétaires et de son déficit en matière de Gouvernance hospitalière, une autre Stratégie nationale de Santé 2017-2021 est indispensable et nécessaire pour notre pays et qui sera une des priorités du prochain gouvernement après le 7 Octobre dans la continuité des récentes réformes qui auront un impact réel sur la santé des populations surtout rurales, si on les applique en concertation avec les professionnels de santé et leurs représentants syndicaux et autres.

Santé et protection sociale

Pour réduire le déficit en ressources humaines et faciliter l’accès aux soins surtout en milieu rural, nous proposons une formation médicale et paramédicale accélérée durant les 5 prochaines années en concertation avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Cette formation sera axée sur des programmes adaptés aux besoins des Marocains, aux pathologies courantes, selon un délai correct et selon un système de passerelle pour éviter les déperditions dans nos facultés de médecine et pharmacie.Des expériences en Chine ou à Cuba et dans les pays scandinaves sont à étudier pour un ériger un modèle marocain de formation médicale. Le but étant de réduire les départs des Marocains vers l’étranger, notamment l’Europe centrale et de l’Est, sachant que ces derniers sont soumis à des concours d’entrée ou ont des notes insuffisantes au Bac. Rien qu’en Ukraine cette année, plus de 1000 étudiants marocains étudient la médecine et la pharmacie, ce qui engendre des sorties de devises étrangères et des sacrifices chez les parents.
L’un des grands défis du secteur de la santé publique au Maroc c’est le déficit chronique en ressources humaines : médecins, pharmaciens, paramédicaux et techniciens spécialistes de santé, ce qui explique la fermeture des dizaines de centres de santé et de dispensaires dans le rural et les montagnes. A cela s’ajoutent le manque d’encadrement médical, de médicaments, d’ambulances, le manque de motivations de ces professionnels, l’absence d’indemnités et de logements dans ces régions lointaines. Dans cet effort national, les communes rurales et les urbaines aussi doivent s’impliquer dans un Partenariat public-privé.
Pour réduire le déficit en ressources humaines et faciliter l’accès aux soins surtout en milieu rural,nous proposons une formation médicale et paramédicale accélérée durant les 5 prochaines années :

– Former 4500 médecins par an dans les 5 Facultés de médecine : Rabat, Casa, Fès, Oujda et Marrakech ,une médecine centrée sur la Prévention sanitaire et les soins primaires de base ,une médecine de proximité ,de famille et ciblée sur le monde Rural.

– Recruter 200 Pharmaciens par an pour développer la Pharmacie Hospitalière et pour une gestion maîtrisée des médicaments et dispositifs médicaux en milieu hospitalier.

– Former 4000. Infirmiers et infirmiers et techniciens par an dans les écoles de formation des études de santé du ministère de la Santé et dans les autres écoles agréées du secteur privé.

– Créer au moins 4500 postes budgétaires par an pour ces nouvelles formations médicales et paramédicales.

 – Assurer un service national obligatoire pour ces diplômés durant deux ans en garantissant des conditions de travail et de promotion pour ces jeunes diplômés en concertation avec leurs représentants et syndicats professionnels de santé  et en tenant compte de la carte sanitaire et la régionalisation pour réduire les disparités entre le monde rural,urbain et les régions défavorisées.

– Encourager les investissements privés dans ce secteur par des facilités fiscales pour les cliniques,les pharmacies rurales en vue de leur installation dans les zones défavorisées sous le contrôle du ministre de la santé et en conformité avec la carte sanitaire. L’objectif étant de réduire les disparités géographiques en matière d’offre de soins tout en veillant au contrôle médical du secteur privé de santé dans le cadre du Partenariat public – privé sous des conditions claires pour éviter une médecine libérale basée uniquement sur le profit et le mercantilisme. Il ne s’agit pas de privatiser la santé ou de développer une médecine à deux vitesses : une pour les pauvres et ramedistes et une autre pour les mutualistes et patients aux revenus moyens, mais de mettre en place une politique de santé basée sur le Public d’abord et sur le privé et le secteur mutualiste sous la responsabilité du ministère de la Santé pour dépasser les grands déficits en ressources humaines essentiellement dans le monde rural et les quartiers pauvres.

Politique pharmaceutique et accès aux médicaments

Pour la nouvelle politique pharmaceutique et l’accès aux médicaments essentiels pour les patients, surtout en milieu hospitalier et pour les Ramedistes, nous recommandons de développer et d’encourager l’industrie pharmaceutique nationale et des génériques pour assurer des médicaments de qualité à des prix justes et contrôlables par l’Etat.
Poursuivre les efforts pour baisser les prix des médicaments essentiels des maladies chroniques et coûteuses à travers entre autres la création d’une TVA sociale de 2% au lieu de 7% actuellement pour les médicaments coûteux et aussi pour les dispositifs médicaux importés et de ramener la TVA de 20 à 7% pour les autres produits de santé et équipements médicaux.
Pour la poursuite des réformes engagées dans ce secteur, nous recommandons la mise en œuvre de l’Hôpital Public, une urgence pour le succès du RAMED et pour assurer une justice de santé et un Droit à la Santé pour tous.
Pour atteindre les objectifs de la nouvelle stratégie de la santé : 2017-2020, il est impératif d’augmenter le budget du ministère de la Santé à 10% du budget national comme le recommande l’OMS depuis des années.

Il est également nécessaire de réviser les conditions de remboursement des médicaments par la Cnops et la CNSS et réactualiserles listes de ces médicaments et aussi les tarifs de médecine et de cliniques et analyses biologiques et de radiologie.
La mise à niveau de l’ANAM et le renforcement de ses compétences et de ses moyens humains est une urgence pour accompagner la gestion de cette couverture médicale techniquement et financièrement de même que pour la pérennité de cette couverture et son équilibre financier sans oublier la problématique de la gestion du RAMED.

Pour généraliser la couverture sociale et médicale à toute la population d’ici 2020 d’une manière progressive, il convient d’accélérer la mise en œuvre de cette couverture aux indépendants et professions libérales et de revoir la gouvernance du RAMED et de l’AMO et du système mutualiste pour une complémentarité et une convergence des programmes et objectifs entre les secteurs public,privé et mutualiste en plein développement dans notre pays et qui sera encadré par le nouveau code de la Mutualité.

La couverture sociale et médicale

Il faut procéder à la réforme de la CNSS et de la Cnops pour leur mise à niveau et assurer une gestion démocratique et de rigueur pour la pérennité du système de protection sociale.
La gestion des accidents du Travail et des maladies professionnelles doit être confiée à la CNSS au lieu des assurances privées.
Pour assurer une protection sociale de certaines catégories sociales vivant dans des situations difficiles et de précarité, il convient de donner une pension de solidarité aux personnes âgées, une pension  vieillesse  de 1.500 DH aux personnes de plus de 65 ans dépourvues de protection sociale. Celle-ci sera versée par mois par la CNSS après recensement national de ces bénéficiaires et leur bancarisation à la Poste. La même pension de prise en charge sera versée mensuellement aux personnes en situation de handicap par le fonds de cohésion sociale qui sera alimenté par l’impôt sur la fortune et les taxes sur les produits de luxe et résidences secondaires.  Il est également nécessaire de booster le secteur par des facilités fiscales dans les zones défavorisées afin de réduire les disparités géographiques et pour plus de justice médicale.

La mise à niveau de l’Hôpital Public est un préalable pour la réforme de notre système de santé, son humanisation, sa bonne gestion, l’accueil des patients. La qualité des services rendus sans corruption ni clientélisme fera de notre système public de santé un lieu attractif pour tous et non seulement pour des Ramedistes ou malades pauvres.

Pour atteindre ces objectifs de la nouvelle stratégie de la santé : 2017 -2020 et dépasser les contraintes budgétaires et de manque de postes pour réduire le grand déficit en ressources humaines, il est impératif d’augmenter le budget du ministère de la Santé à 10% du budget national comme le recommande l’OMS depuis des années et ce, progressivement sur 5 ans au lieu de 5,2% actuellement alors qu’elle était de 8% avant le Programme d’ajustement structurel (PAS) de 1983. Ceci nous permettra de réduire les dépenses de santé supportées par les familles pour passer de 65 à 15% en maîtrisant ces dépenses par une nouvelle Gouvernance et un contrôle efficace et régulier des dépenses du Ministère de la Santé et de ses services centraux et hôpitaux.

La Généralisation de la couverture médicale est une revendication populaire et une nécessité pour garantir le droit à la santé pour tous.

Oualalou Abdelhafid

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