«Le festival gnaoua, l’unique cachet des maâlems!»

Maâlem Abdeslam Alikane, directeur artistique

Pour Mâalem Abdeslam Alikane, directeur artistique du festival, la 19e édition du festival gnaoua et des musiques du monde s’est achevée, mais la prochaine s’annonce à grands pas. Pour la 20e édition du festival qui se déroulera du 29 juin au 2 juillet 2017,la programmation serait déjà sur les rails… Les propos.

Al Bayane : Quelle a été la particularité de la programmation de cette édition, tenant compte de l’absence du maâlem Mahmoud Guinea?

Abdeslam Alikane : Maâlem Guinea a laissé un grand vide en moi, en tant que programmateur du festival et maâlem gnaoui. Pour arriver au niveau de maâlem Mahmoud, il faut un long chemin. Nous n’avons pas beaucoup de maâlems qui ont autant d’expériences que lui, un public nombreux. Maâlem Guinea est parti et il m’a beaucoup manqué ainsi qu’à tous les gnaouas dans la programmation de cette édition. Mais, il faut se dire que la mort nous attend tous. C’est quelque chose que l’on ne peut pas contrôler.

Quelle est la valeur ajoutée du festival pour les maâlems?

Le festival a apporté beaucoup aux gnaouas. Avant le festival, nous les maâlems gnaouas ne nous connaissions pas assez.  Grâce au festival, les gnaouas des différentes régions du Maroc se rassemblent. Aujourd’hui, cela fait 19 ans d’expériences, de rencontres, de travail. Pour les maâlems c’est une expérience importante. On ne peut pas être maâlem gnaoui si on n’a pas l’expérience de la scène, si on ne maîtrise pas l’accordage avec les artistes.

En plus, cela permet d’avoir un public. Normalement, la musique gnaoua, on la joue dans les maisons, les zaouïas, mais grâce au festival, ces maâlems peuvent avoir un public. Pour eux, l’unique cachet, c’est le festival. Tous les maâlems veulent venir ici. Il y’en a qui annulent même des rendez-vous artistiques ailleurs juste pour assister au festival gnaoua.

Sur quelle base, les artistes sont-ils choisis pour assister au festival?

Nous avons une équipe artistique coordonnée. Avec Karim Ziad avec qui je fais la programmation, nous rencontrons des musiciens en Occident, dans les autres tournées en Afrique. Nous sommes également branchés en ligne. Mais la base du festival c’est le public. On essaie d’être équilibré et pas seulement rythmique. D’une part, on donne au public la musique gnaoua et du côté du jazz, du blues, on varie entre des rythmes calmes et cadencés.

En quoi consistent les résidences organisées dans le cadre du festival?

On parle de résidences, mais en fait une résidence qui ne dépasse pas 15 jours n’en est pas une. Nous, avec les moyens dont nous disposons, nous essayons de transférer les enregistrements des uns et des autres et quand ils arrivent au festival, nous essayons de faire 2 ou 3 séances mais il y’a de l’improvisation et du professionnalisme.

Avez-vous déjà une idée sur la programmation de la prochaine édition?

Oui. Nous avons déjà des propositions. Puisque ce sera la 20e édition, on pense programmer des concerts avec ceux qui avaient déjà été au festival dans le passé. Nous essayerons d’avoir de bons moments lors de cette édition, mais tout dépendra également des moyens dont nous disposerons.

Danielle Engolo

Top