Le Guatemala ferme sa porte aux migrants honduriens

Nabil Bousaadi

Après une fermeture qui aura duré six mois pour cause de pandémie, le Guatemala a rouvert, le 18 septembre dernier, ses frontières terrestres, maritimes et aériennes ; ce qui fut une aubaine pour ces milliers de ressortissants du Honduras voisin qui n’attendaient que cette occasion pour fuir la pauvreté et la violence qui sévissent dans leur pays armés du seul espoir de fouler, un jour, le sol de l’eldorado étasunien.

C’est à ce titre, d’ailleurs, que quelques 3.000 honduriens qui s’étaient regroupés à San Pedro Sula, la deuxième ville du pays, située à 180 kilomètres au nord de la capitale Tegucigalpa, prirent la direction du poste-frontière de Corinto qui sépare le Honduras du Guatemala.

Arrivée  à destination jeudi soir aux cris de «Dehors JOH» (initiales de Juan Orlando Hernandez, le président du Honduras) la caravane des migrants fut encerclée par des policiers et des militaires qui, après avoir vainement tenté de dissuader les intéressés de franchir la frontière ont été contraints de baisser les bras et de leur ouvrir les barrières.

Mais, après une longue attente et un contrôle minutieux de leurs documents d’identité par les autorités guatémaltèques, les demandes d’entrée de plusieurs d’entre eux furent rejetés. Ce refus poussera certains, à l’instar de Carlos Salgado, 21 ans, à traverser la frontière de manière illégale en ouvrant une clôture non loin du poste de douane.

Raison pour laquelle, en prenant la parole, lors d’une allocution télévisée, le président Alejandro Giammattei ordonnera l’arrestation et le renvoi «à la frontière de leur pays pour y être placés sous la surveillance des autorités honduriennes» de tous ceux qui sont «entrés illégalement» au Guatemala car à l’heure de la pandémie du nouveau coronavirus, «ni les protocoles d’entrée dans le pays ni les protocoles de santé instaurés pour garantir la protection des guatémaltèques n’auraient été respectés».

Le chef de l’Etat ajoutera, par ailleurs, qu’il n’acceptera pas qu’un étranger entrant illégalement au Guatemala puisse croire qu’il a le droit de venir «contaminer» et «mettre en grave danger» la vie des guatémaltèques principalement en ce moment où, dans le pays, 3260 personnes auraient péri des suites du Covid-19 selon le Ministère de la Santé.

«Nous ne pensons pas à la pandémie (…) Nous voulons que notre famille s’en sorte » dira aux correspondants de l’AFP, Jefrey Amaya, un hondurien de 20 ans, qui a répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux.

«Nous partons à cause de la pauvreté, de la pandémie et de tout ce qui se passe ici (…) Nous sommes à la recherche d’autres rêves. Nous voulons évoluer. Si nous restons ici, nus allons mourir de faim» déclarera, de son côté, Geovanny Torres, son autre compatriote âgé de 27 ans.

Ainsi, comme lors des caravanes précédentes, les honduriens justifient leur fuite de leur terre natale par le fait qu’au chômage qui y sévit, à la défaillance des secteurs de l’éducation et de la santé ou encore à la violence qu’y font régner les gangs, est venue s’ajouter la pandémie du nouveau coronavirus qui ne peut que contribuer à aggraver encore plus une situation économique bien mal en point.

Enfin si, durant ces dernières années, ce sont des milliers de ressortissants d’Amérique centrale qui, en fuyant en masse la pauvreté et la violence dans leurs pays, sont parvenus à franchir la frontière avec le Mexique avec pour objectif de passer la frontière américaine et d’accéder aux Etats-Unis, ce franchissement de la frontière américaine ne pourra plus se faire aussi «aisément» qu’auparavant car  le président Donald Trump a tellement menacé de représailles les autorités Mexicaines que ces dernières ont déployé quelques 26.000 militaires le long des frontières communes à leurs deux pays. Et comme, à l’heure qu’il est, nul ne peut se prononcer sur l’issue de l’élection présidentielle américaine du 3 Novembre prochain, personne ne pourra donc s’exprimer sur la tournure que prendra, dans les prochains mois, le dossier des migrants d’Amérique centrale. Alors, attendons pour voir…

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