Le manuel scolaire s’est transformé en produit commercial jetable

Avis du Conseil de la concurrence

Khalid Darfaf

L’avis du Conseil de la concurrence (CC)  sur le fonctionnement concurrentiel du marché du livre constitue un véritable pavé dans la marre. En fait, selon la même source, il s’agit d’un marché hermétique qui profite à certaines maisons d’éditions en l’absence d’une concurrence en bonne et due forme.

Jouissant d’une situation rentière, il faut dire que les acteurs de « l’industrie culturelle »,  tout en étant épris par le «superbénéfice»,  ont sacrifié l’innovation ou la créativité au détriment de la qualité,  comme le laisse entendre le document. Abondant dans le même ordre d’idées, le « gendarme de la concurrence », évoque la question de la fabrication du contenu du manuel scolaire, conçu en grande partie par le corps d’inspecteurs et des professeurs affiliés au département de tutelle et qui occupent une position dominante. Une situation qui suscite  plusieurs interrogations quant à « l’objectivité » ou encore la « neutralité » dont, en principe,  devraient faire preuve les concepteurs des manuels scolaires.  Ce qui d’ailleurs pourrait avoir des conséquences néfastes sur le contenu prélogique.

Un produit jetable…

Sur un autre registre, le CC soulève la question de l’augmentation des prix des intrants (papier, importation), ce qui a provoqué un amenuisement des bénéfices des éditeurs  vu que les prix sont restés figés depuis 20 ans. Afin de compenser ces charges, « les professionnels ont procédé à la réduction du grammage du papier ou encore la qualité des pages de couverture », fait savoir le CC. En plus de cela, les éditeurs se sont ingéniés à augmenter leurs profits, en ayant recours à la pratique du « livre jetable », utilisé uniquement pendant une année scolaire.  « Ces livres, contenant des exercices à faire, deviennent inutilisables dès lors qu’ils sont remplis par les élèves »,  lit-on en substance dans l’avis rendu public par le CC.  Une pratique qui «  a transformé le livre scolaire de produit culturel en un produit commercial », poursuit l’autorité de la concurrence.

Cela étant, le marché du manuel scolaire contient plusieurs défaillances. Il s’agit d’un marché oligopolistique vu que seulement 4 groupes d’éditeurs s’adjugent la part du lion, soit environ 53% du marché, note le CC.                                                                     

En fait,  un tel constat nous renseigne sur une « concurrence faussée ». Comme quoi, le livre scolaire est devenu la source principale des bénéfices engrangés par les maisons d’éditions dont la grande partie du chiffre d’affaires global provient de la vente du manuel scolaire.   

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