Le Maroc a double vitesse!

Récemment encore, un organisme mondial rend public un sondage de croissance plutôt maussade  à l’égard de notre pays. Il le place parmi les derniers sinon le dernier de la marche des nations à ce propos.

Une sentence devenue habituelle et n’étonne plus personne, tant que les griefs sociaux ne cessent de ronger notre réputation au sein des pays dits émergents. Ce n’est alors là  plus un secret pour personne ! Notre pays accuse un énorme déficit au niveau de son immense territoire du milieu rural.

Le dénuement frappe de larges franges de la société, laissées pour compte, dans plus de la moitié de la superficie  nationale. Il est vrai qu’un effort considérable a été déployé pour désenclaver et promouvoir aussi bien la campagne que la périphérie des grandes villes. La dotation en eau, en électricité, en infrastructures de base, en conditions de vie ont déjà franchi le cap de la suffisance, dans nombre de contrées déshéritées.

Cependant, il n‘exclut point de déplorer les carences qui continuent à sévir, au point de relever des disparités navrantes, à plus d’un titre. Les sites à vocation touristique, patrimoniale ou encore productive ne sont pas aménagés ni valorisés. Les accès cyclables et pédestres se raréfient à mesure qu’on s’introduit dans les arrière-pays, aux couleurs et aux saveurs captivantes. Les moyens d’existence les plus élémentaires font cruellement défaut: l’école, l’hôpital, la ferme, la fabrique, l’espace de culture, l’aire de jeu…La terreau des ancêtres  est donc, de long en large,  relégué à l’exclusion!

Pourrait-on affirmer que le domaine citadin est mieux loti que le terroir profond ? Peu évident, serait-on tenté de rétorquer, si l’on sait que les disettes de la ville, tant matérielles que morales,  sont encore plus criardes. Là, en plus, le besoin est beaucoup plus accablant, la criminalité bat son plein, la valeur humaine s’effile, tel un fétu de paille…

Le monde rural se tord, alors, sous le fardeau de la carence, depuis que les politiques publiques ont tort de le bannir à des dimensions inopportunes, de leur agenda stratégique, au profit des chantiers urbains. Certes, il ne fait pas de doute que l’effort entrepris en matière des grands travaux vise à tirer vers le haut toute la nation dans sa globalité.

Les retombées économiques et financières de cette stratégie fondatrice ne tardent pas à venir, mais nécessitent, toujours dans une optique globalisante, une meilleure gouvernance, en termes de répartition des ressources et d’équité d’espaces. Or, on relèvera, non sans désagrément, les inégalités saillantes qui continuent à sanctionner le milieu rural, en dépit des tentatives de saupoudrage à son adresse qui ne sauraient assurer, en fait, l’essor escompté.

C’est donc un pays à double vitesse qui s’offre à nos yeux, non sans désolation. D’une part, la ville s’enhardit à grands pas, à travers ses projets hauts de gamme, malgré ses énormes déconfitures, à plus d’un registre: les ports, les aéroports, les autoroutes, les tramways et bientôt les TGV…D’autre part, la campagne gémit toujours sous le marasme de l’école obsolète, du dispensaire désuet, du passage sinueux, du transport harassant, de la vie rebutante…

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