Le Maroc appelle à plus d’efficacité hydrique

A la veille de la 12e édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), les 9èmes assises nationales de l’Agriculture ont mis l’accent sur «Agriculture et Sécurité alimentaire au fil de l’eau».

Si actuellement, 70 % de l’eau douce utilisée dans le monde sert à la production de produits agricoles, qu’en sera-t-il en 2050 où la demande mondiale d’eau dans l’Agriculture augmentera d’environ 20%? Face à ce constat, une gestion hydrique efficiente et respectueuse des impératifs environnementaux se veut, aujourd’hui, une nécessité pour assurer une agriculture durable et une sécurité alimentaire.

C’est le Président de l’Union Africaine (UA) qui a présidé les travaux d’ouverture de cette grand-messe agricole. Dans son discours d’ouverture des Assises, Alpha Condé a saisi l’occasion pour saluer, encore une fois, le retour du Maroc à l’UA en déclarant : « Je salue le retour du Royaume Chérifien dans sa famille africaine au moment où celle-ci a décidé de privilégier la résolution de ses problèmes par elle-même ».  Le président guinéen a ajouté : « Son exemple servira à convaincre ceux de ses pays frères qui ne le sont pas encore, que le développement de nos pays, quelles que soient leurs richesses en matières premières minérales, passe nécessairement par le développement de nos agriculteurs ». Signalons, à ce titre, que l’Agriculture concentre près de 35% des emplois directs du continent et génère les revenus de près de 70% de la population et elle est la première activité économique de plus de 95% des pays africains.

C’est ainsi que «la gestion rationnelle et durable des sols et de leur fertilité, le développement de la petite irrigation et la maitrise aussi complète que possible des eaux sur les grandes plaines, l’agrégation des petits agriculteurs aux grandes exploitations agricoles et agro-industrielles…sont autant d’orientations dans la mise en œuvre des programmes de développement agricole durable», souligne Alpha Condé. Et de poursuivre : «Labonne gestion de nos ressources, aussi bien à des fins agricoles, énergétiques, halieutiques et piscicoles sont des sources de croissance de notre économie et de lutte contre la pauvreté».

Aussi, le Président a exprimé la volonté de son pays de s’inspirer du modèle marocain en Agriculture. Pour rappel,Conakry et Rabat sont liés par trois projets pilotes agricoles qui ont été signés en février dernier entre les deux chefs d’État. Il s’agit d’un projet d’aménagement hydro-agricole d’une superficie de 200 à 300 hectares, d’un projet d’agrégation de petits agriculteurs guinéens autour de la filière maïs et d’un Accord de fourniture de 100.000 tonnes d’engrais, signé par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP).

Pour sa part, Aziz Akhannouch, Ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a  indiqué qu’ « au cours des trois dernières années, la consommation d’eau a presque triplé alors que les différentes concurrences pour son utilisation ont augmenté». Et d’ajouter, «Ainsi, l’eau est au cœur d’enjeux vitaux pour le futur de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire».

Ces assises ont été également l’occasion, pour Aziz Akhannouch, de mettre le point sur les avancées et les réalisations du Plan Maroc Vert (PMV) qui, depuis son lancement en 2008, a toujours érigé l’utilisation rationnelle de la ressource hydrique parmi ses priorités. En effet, le PMV dispose de trois programmes qui ont pour objectif de promouvoir les techniques les plus efficientes, les plus productives et les plus respectueuses de l’environnement. Il s’agit du Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation (PNEEI), le Programme d’Extension de l’Irrigation et le Programme de partenariat public-privé en irrigation. Ces infrastructures mobiliseront à terme une enveloppe de 60 milliards de DH pour économiser près de 2 milliards de m³ d’eau par an, doubler la valorisation de l’eau d’irrigation et valoriser près de 1,2 milliards de m³ supplémentaires mobilisés par les barrages existants ou en cours de construction.

Aussi, plusieurs campagnes de sensibilisation ont ciblé les agriculteurs. Une approche qui a permis d’ancrer dans les mentalités de nouvelles habitudes, faisant des agriculteurs les premiers défenseurs de l’or bleu. Les résultats en attestent. En matière de généralisation de l’irrigation localisée, les superficies équipées sont passées à 500.000 hectares dont près d’un cinquième du total pour la seule région du Souss, une région agricole confrontée à un stress hydrique chronique. De même, ce sont 500.000 hectares qui ont été aménagés par l’irrigation goutte à goutte. De plus, la rentabilité de l’eau utilisée pour les cultures agro-alimentaires et légumineuses en vue d’atteindre respectivement 57% et 82%.

Dans la même logique d’un usage efficient de l’or bleu, le Maroc, à travers le PMV, a mis en œuvre des techniques de dessalement d’eau pour irriguer 15.000 hectares dans la région de Chtouka et 500.000 hectares dans la région de Dakhla.  Un projet novateur qui intègre le volet de la durabilité, assorti d’un contrat de nappe visant à contrôler les prélèvements et à recharger la nappe d’eau souterraine, évitant ainsi les menaces sur l’environnement.

Ces Assises ont été couronnées par la signature d’une convention relative au Projet de développement de l’irrigation et d’adaptation de l’Agriculture irriguée aux changements climatiques à l’aval du barrage de kaddoussa (Province d’Errachidia). Le coût global du projet s’élève à 836 millions de DH, et a pour objectif la sécurisation du développement agricole d’un périmètre de 5000 hectares composés d’oasis et d’extensions hors oasis sur la période 2017-2022. Pour soutenir ce projet, l’Agence Française de Développement (AFD) a accordé au Maroc un prêt de 40 millions d’euros et un don de 1 millions d’euros.

Kaoutar Khennach

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