Le mea-culpa des «écocidaires»

Il aura fallu plus d’une vingtaine de COPs, de débats burlesques et de tractations pour que ceux, qui président aux destinées d’une planète à bout du souffle et fragilisée à cause de politiques environnementales et d’une gestion écologique ayant démontré leurs limites et qui risquent d’exposer l’humanité au désastre et à l’irréparable, pour que les «écocidaires» déclarent solennellement leur mea-culpa.

En conclave à Marrakech, dans le cadre de la 22ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP), les représentants des Etats-Parties, prêtant enfin l’oreille aux sonnettes d’alarme et aux cris de détresse qui retentissaient depuis belle lurette, appellent de vive voix et s’élèvent contre un mutisme assourdissant. Ils ont ainsi manifesté leur disposition et volonté infaillible de donner corps à l’accord de Paris, signé lors de la COP21 et ratifié par presque la moitié de la planète, tout en mettant en place les mécanismes de sa mise en valeur efficiente.

Vu l’ampleur des catastrophes naturelles et les phénomènes dévastateurs qui se produisent avec une cadence de plus en plus soutenue dans pratiquement les quatre coins du globe, il est temps d’agir et de prendre des mesures «salvatrices» qui cadrent parfaitement bien avec cette situation saugrenue et susceptibles de juguler, voire enrayer, un tant soit peu, ce genre de phénomènes qui risquent de faire basculer l’humanité, surtout les populations vulnérables, dans un engrenage et bourbier qu’il il serait trop tard pour y faire face.

Contraste: les pays les moins pollueurs et émetteurs de gaz à effet de serre, en particulier ceux du continent africain, sont les premiers pénalisés. Ils subissent de plein-fouet les conséquences d’un progrès technologique «prédateur» omettant les répercussions sur l’environnement qui se fait sacrifier sur l’autel d’un essor technologique et d’un boom économique qui semblent, jusqu’ici, encore loin d’être contenus et maîtrisés.

«Ayant conscience que l’Afrique compte parmi les régions les plus affectées par les changements climatiques, Nous avons tenu à ce que la Conférence sur le climat (…) de Marrakech soit une Conférence pour l’Afrique», a affirmé SM le Roi Mohammed VI.

«Aussi, Nous avons appelé à la tenue d’un sommet africain, en marge de cette Conférence, en vue de mettre au point une vision commune pour défendre les revendications de notre continent, notamment en ce qui concerne le financement et le transfert de technologie», a souligné le Souverain, dans Son discours à l’occasion du 41ème anniversaire de la Marche verte, prononcé depuis la capitale sénégalaise, Dakar, symbole de la profondeur et de l’enracinement du Royaume dans les fin-fonds du continent.
Loin de toute diatribe inquisitrice ou «victimisation», l’Afrique s’arroge le droit de réclamer réparation du préjudice et «justice climatique» pour que les efforts de ces pays en matière de développement ne soient guère compromis et hypothéqués par des facteurs exogènes vis-à-vis desquels ils n’assument aucunement de responsabilité.

Selon la présidente de la COP21, Ségolène Royal, «les pays les plus riches vivent comme s’il y avait trois planètes, là où les plus pauvres vivent comme s’il n’y en avait déjà plus. Je demande encore une fois, de la justice climatique et en particulier pour l’Afrique».

Le continent africain, «vulnérable aux aléas climatiques», se caractérise pourtant par sa «faible participation» aux émissions de gaz à effet de serre, a souligné Mme Royal, ministre française de l’Écologie et du développement durable, lors de la cérémonie officielle d’ouverture dans la cité ocre de la COP 22, dont les travaux se poursuivent jusqu’au 18 novembre.

Même son de cloche chez son successeur à la tête de la COP, Salaheddine Mezouar: «il y a donc des enjeux qui sont clairement identifiés et une responsabilité des Etats riches et développés qui sont en premier lieu responsables du réchauffement climatique».

M. Mezouar, qui ne mâchait pas ses mots, est formel: «il existe des engagements que les Etats doivent commencer à mettre en œuvre». Les projets sont identifiés et connus. Il s’agit aujourd’hui d’œuvrer pour que cela devienne une réalité sur le terrain, a-t-il insisté.

Décidément, tous les regards se focalisent sur Marrakech. La COP22 s’érige désormais en Assemblée générale écologique de la société des Nations sur laquelle se fondent de grands espoirs. Améliorer la capacité d’adaptation globale, consolider la résilience et réduire la vulnérabilité aux changements climatiques, tels sont les défis majeurs à relever et les objectifs escomptés pour que les générations futures puissent vivre dans un climat propre, sain et durable auquel ils ont pleinement droit. Dorénavant, le «see and wait poste-COP22» sera nul et non avenu.

Khalid Baraka (MAP)

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