Le mouton « dresse » ses cornes

Aïd  Al Adha 2023

Fairouz EL Mouden

C’est parti pour un nouveau cycle de tensions autour des  prix des moutons. A moins de trois semaines de l’Aid  Al Adha, les spéculations battent leur plein, en l’absence de mesures efficaces du gouvernement,  barrant la route à toute négociation portant sur  la baisse des prix. Certes la qualité sanitaire des ovins et des caprins destinés à l’abattage est bien assurée et garantie mais la hausse des prix, conséquence directe des effets néfastes de  la sécheresse et du coût élevé des aliments du bétail et l’insignifiance voire l’absence du soutien de l’Exécutif,  est inéluctable. Le coût de l’Aid pour les ménages frôlera cette année à coup sur des records absolus.  La variation des prix va tout simplement du simple au double par tête. Cela étant,  un budget de 3000 dirhams ne permettra  d’acheter qu’un mouton dit maigre et chétif. .., alors que la spirale inflationniste frappe de plein fouet les budgets des Marocains.

Ainsi, l’édition  2023 de l’Aid du mouton amplifie les inquiétudes  de tout un chacun. La hausse des prix va crescendo. Le mouton proposé l’année dernière à 3000 dirhams revient cette année à plus de  4500 dirhams et de celui de 4000 dhs ne se négociera  pas à moins de 6000 dhs. Le gap est abyssal.

Il faut dire que les propos de  Mohamed  Sbaniyouli, éleveur de moutons laissent perplexes.   Le gouvernement n’a pas accompagné les éleveurs dans cette conjoncture difficile marquée par la sécheresse récurrente et la montée en flèche des prix de vente des aliments composés. Il précise que le soutien annoncé par le ministère de tutelle est juste formel voire insignifiant vue l’ampleur des préjudices causés par les effets de la sécheresse et de l’inflation. Pour lui, 100 têtes de moutons sont subventionnées à l’équivalent de 180 kilo d’orges, soit à peine la consommation de deux jours.  Et d’jouter  que le coût journalier d’aliments de bétail par tête est passé de 8 dhs à 20 dhs  aujourd’hui. Cela s’explique par la hausse des prix de l’orge (5 dhs), de la botte de paille (3dhs), du kilo de farina (3,5 dhs)  et de celui de pois chiche (20 dhs) et des fèves sèches à (8 dhs) … sans parler du coût de la main d’œuvre et du problème de la pénurie d’eau  et des fourrages.

Selon les informations recueillies par Al Bayane, la décision d’importer des moutons d’Espagne n’est pas très appréciée par la communauté des éleveurs.   L’objectif assigné à cette opération était de réduire les prix et de juguler la demande. Un objectif loin d’être à la portée aujourd’hui.                                                       

Les informations relatées par les éleveurs témoignent d’une qualité largement moindre des moutons importés d’Espagne ou plutôt d’Australie  via l’Espagne. Les  ovins en question deviennent de très mauvaise qualité quant la durée de vie dépasse les six mois. La viande devient  indigeste et perd toutes ses qualités nutritionnelles. D’ailleurs, en Espagne, la valeur du mouton baisse énormément à plus de  6 mois d’âge. On parle aussi des aliments donnés en Espagne aux ovins. Il faut rappeler que le gouvernement a autorisé et subventionné  de manière exceptionnelle et temporaire l’importation de bovins du voisin ibérique afin de stabiliser les prix à la consommation. Cette subvention a été déclinée par une exonération des droits de douane et d’un soutien à l’importation d’ovins destinés à l’abattage, fixé à 500dhs par tête…

Ceci, sans parler d’autres problèmes récurrents et reviennent tous les ans et qui ont trait à l’anarchie, à l’insécurité dans les souks et les espaces aménagés pour la vente des moutons à l’occasion de l’Aid ainsi que le coût excessif facturé par les communes pour l’accès à ces marchés.  

5,8 millions de têtes d’ovins et de caprins identifiés

Quelque 5,8 millions de têtes d’ovins et de caprins destinés à l’abattage ont été identifiés. L’opération d’identification. L’offre dépasse la demande estimée à 5,6 millions de têtes, dont 5 millions d’ovins et 600.000 de caprins et que le cheptel national est « en bon état de santé ».Le ministère a assuré le suivi, le contrôle sanitaire et la protection du cheptel contre les maladies infectieuses, le contrôle du fourrage et des médicaments vétérinaires utilisés, le contrôle de l’approvisionnement en eau du bétail, en plus de la création de 34 marchés temporaires pour les ovins et les caprins, en partenariat avec le ministère de l’Intérieur.

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