«Le Parking suspendu», de la vie monotone de tous les jours

Premier roman de Mohamed Houmrach

Publié à l’imprimerie papeterie watanya de Marrakech, le Parking suspendu est le premier roman en langue française de Mohamed Houmrach, natif du village de Ouaoula en 1963, province d’Azilal (Haut-Atlas) et qui est actuellement enseignant de français à Azilal. Ce roman s’inscrit dans le cadre de «la littérature amazighe d’expression française» et dans la lignée d’autres écrivains amazighes : Feraoun, Souag, Brik Oussaid, Mammeri…

Le narrateur y revient, dans un des villages amazighes (Ouaoula) qui ont fourni des dizaines de soldats (chair à canon) à la France coloniale dans sa lutte contre le nazisme, sur les événements des années soixante, soixante-dix et quatre-vingts qui ont marqué son enfance, son adolescence et sa jeunesse : scolarité, relations sociales, mode de vie dans une bourgade enclavée qui a subi les affres de la décolonisation, élections…Un chapelet de souvenir qui nous rappelle les «Jours de Kabylie» de Mouloud Faraoun et dans une moindre mesure «les coquelicots de l’Oriental» de Brik Oussaid.

Le roman décrit la vie monotone de tous les jours dont le jour du souk hebdomadaire constitue l’apogée, les métamorphoses et les mutations sociales induites par l’installation d’une administration «nationale» corrompue, la prolifération de la débauche inhérente à la misère et aux nombre de veuves de soldats décédés lors des batailles pour la consolidation de la souveraineté marocaine sur son Sahara.

Le style est sans concession, cru et corrosif, transfiguré par des images iconoclastes et burlesques. Un roman donc qui prend les allures d’une «autobiographie collective», celle d’une population amazighe démunie qui lutte contre la précarité et où chacun lutte individuellement pour se faire une petite place dans le Maroc indépendant.

Le héros, Idir, s’accroche et arrive à s’évader de sa réalité «lamentable» par la lecture d’ouvrages que lui procurent ses amis français catholiques et son idylle vaporeuse avec une jeune juive subjuguée par la beauté du village calme et paisible. Une lumière dans un univers sordide où survit la tolérance et la coexistence. Un espoir d’un renouvellement à venir initié par les nouvelles générations.

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