Le Prix Goncourt 2016 attribué à Leïla Slimani pour «Chanson douce»

Le Prix Goncourt, Prix littéraires des plus convoités de la littérature francophone, a été attribué jeudi à la romancière franco-marocaine Leïla Slimani, pour son roman «Chanson douce» ayant pour thème un infanticide, a annoncé le jury.

A 35 ans, la jeune femme faisait déjà figure de favorite auprès des journalistes et des libraires. Avec ce deuxième livre, Leïla Slimani rejoint les rares femmes figurant au palmarès du Goncourt. Au cours de ces 20 dernières années, le Prix n’avait récompensé que quatre lauréates.

Le roman de la primée, «Chanson douce», histoire atroce et extrêmement bien construite, raconte l’assassinat de deux jeunes enfants par leur nourrice. C’est d’ores et déjà un succès de librairie.  L’auteure a marqué cette rentrée littéraire avec un roman qui se dévore comme un thriller mais peut aussi se lire comme un livre implacable sur les rapports de domination et la misère sociale.

«Sans mes parents, sans ce que sont mes parents, je n’aurais jamais pu écrire ce livre», déclare-t-elle à la presse.

Trois autres auteurs étaient en lice : Catherine Cusset, Régis Jauffret et Gaël Faye. Et ces romans, tout comme celui qui a remporté le précieux sésame, étaient particulièrement sombres : Régis Jauffret, dans Cannibales, raconte le projet fomenté par une femme et la mère de son ex amant de dévorer ce dernier. Gaël Faye, jeune figure montante du rap français, évoque dans Petit Pays ses souvenirs du Burundi et le génocide qui a secoué le Rwanda. Enfin, dans L’Autre qu’on adorait, Catherine Cusset signe un hommage à un ami qui s’est suicidé.

Le Prix «Renaudot essai» a été attribué au livre de la journaliste Aude Lancelin, Le monde libre (Les liens qui libèrent), récit féroce dans lequel l’ex-directrice adjointe de L’Obs, licenciée de ses fonctions fin mai, règle ses comptes.

Leïla Slimani, a reçu son Prix au restaurant Drouant dans le IIe arrondissement de Paris, comme le veut la tradition. Décerné depuis 1903, le Goncourt est le Prix littéraire français le plus ancien et le plus célèbre. Composé de dix jurés, la société littéraire du Goncourt est présidée par Bernard Pivot.

Le Goncourt demeure une aubaine pour les éditeurs. En moyenne, un livre primé s’écoule à plus de 345.000 exemplaires. L’an dernier, il avait récompensé Boussole de Mathias Enard (Editions Actes Sud), un ouvrage exigeant sur les liens entre l’Orient et l’Occident.

Bio express : Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain, est une journaliste et écrivain franco-marocaine. Élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d’expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier ; sa mère est médecin ORL. En 1999, elle part à Paris pour ses études où elle est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP). Elle s’essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l’École Supérieure de Commerce de Paris. Elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord.

En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le Prix de Flore 2014.

(MAP)

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