Le tourisme urbain en consistoire dans la cité ocre: Oeuvrer dans la synergie, la communion et l’esprit inventif

Lors de la rencontre mondiale du tourisme à Marrakech, le ton s’est pompeusement élevé pour redynamiser la question du tourisme dans le pays, au niveau de sa filière nodale, qu’est le balnéaire. En effet, plus de 3500 kilomètres que compte le littoral national, aussi bien atlantique que méditerranéen sont de nature à revigorer le secteur, à travers des mesures appropriées, tout en tenant en compte l’impact écologique dont le pays constitue, désormais, une référence. Initiée par la Fédération Nationale du Tourisme (FNT), en partenariat avec l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et le Conseil Régional de Tourisme de Marrakech (CRT), cette conférence a drainé également, lundi dernier, dans la cité ocre, une panoplie d’intervenants tant institutionnels que professionnels, nationaux et étrangers. Une occasion de mette le point sur le tourisme urbain, sous toutes ses dimensions. Il faut bien dire qu’un rassemblement de cette ampleur tombe à point nommé afin de mettre du tonus dans un turbo touristique essoufflé, en quête de ressaisissement dans les meilleurs délais.

Le tourisme balnéaire en décadence

La destination Agadir représente, de loin, le prototype du tourisme urbain, dans son statut de tourisme haut de gamme. Il est bien vrai que d’autres stations vivent les mêmes problèmes de fond, mais, il semble bien qu’Agadir incarne, actuellement, la déconfiture d’un choix touristique, basé sur des formules désuètes, en dichotomie avec les exigences de l’heure. Faut-il faire confiance aux chiffres qui «enjolivent» une station balnéaire essoufflée, telle Agadir ? Le nombre de nuitées et d’arrivées, reflète-t-il bien la situation préoccupante dans laquelle se débat un secteur en mal de gouvernance ? Rien de si rassurant, du moment que les professionnels sévissent sous le poids de la disette, en termes de flux. Le produit touristique de la capitale du Souss saigne de toutes parts. A croire l’une des figures potentielles de la dynamique du tourisme, en l’occurrence Said Skalli, ancien directeur du CRT de la région Souss Massa Draa, il serait illusoire de prétendre une éclaircie touristique dans le proche avenir, compte tenu des turbulences qui ne cessent de tarauder le secteur. «Cela ne peut marcher dans les conditions actuelles et attendra encore plus pour que le brouillard «londonien» se dissipe», déplore-t-il. D’autres grands opérateurs dans le soi-disant première destination balnéaire du royaume, tels Jacques Ohayon, Guy Marrache… se font de plus en plus, rares dans la scène du tourisme, en tant qu’acteurs aguerris et chevronnés, en la matière du tourisme dar de Hormis certaines unités hôtelières de la première ligne, attachées à des tours opérateurs favorisés, le reste souffre le calvaire, dans la même disposition, encore pire dans les seconde et la troisième ligne. Une simple comparaison des statistiques rendues publiques et les taxes ou encore les fiches de polices dévoilerait certainement la velléité démesurée des remplissages avancés. Il serait aberrant de continuer à mettre la « baume » sur les yeux d’un domaine maladif dont les réalités déficientes ne sont plus un secret pour personne.

Où en est le plan azur ?

Reconsidérer le dispositif du plan Azur, s’aligner pleinement dans le sillage de la vision 2020, parfaire le module de l’animation au-delà de la saisonnalité, relever de plus belle les taux d’arrivées et de nuitées, sont, à coup sûr, les leitmotivs du cheval de bataille du nouvel entrain de la chose touristique. Il est bien évident que les crises qui secouent actuellement les marchés traditionnels comme la France et l’Espagne influent négativement sur nos rentabilités, en matière de drainages, en plus des répercussions fâcheuses des perturbations occasionnées par les différentes révolutions démocratiques. La stabilité politique et la maitrise institutionnelle demeurent, de tout temps, un atout de haute acuité pour prétendre à des prouesses aux niveaux économique et social. On ne cessera pas de soulever la problématique de la capacité litière qui fait atrocement défaut, depuis que, sur 25 000 lits existants présumés commercialisables, plus de la moitié est délabrée et se trouve continuellement dans un état piteux. On déplorera aussi non sans profonde amertume que l’aérien constitue un réel handicap. Des marchés porteurs tels que l’Allemagne, la Grande Bretagne et la Scandinavie exigent forcément les dessertes aériennes idoines et les éventails d’accueil étendu. Par ailleurs, on a beau reproduire des discours creux par rapport à l’arrière-pays regorgeant de potentialités naturelles et de conditions climatiques indéniables, il se trouve que l’aménagement de ces sites laisse à désirer, à l’image de la région d’Imouzzer Kander, lamentablement abandonnée à son sort, malgré des ébauches timides en matière des sentiers pédestres, dans le cadre de la stratégie du Pays d’Accueil Touristique (PAT). Un grand coup de pouce est à prévoir, dans une optique de choix plus opérationnelle, tout en maintenant les grandes orientations mises à contribution.

S’atteler de concert avec les multiples intervenants

Une synergie concertée pour larguer les amarres et parvenir à bon port, avec un équipage performant dont l’Etat saisirait de main forte le gouvernail de la commande. Le potentiel naturel   d’une région florissante telle que Souss Massa en sortirait grandie. Le manque à gagner réside, en conséquence, dans la maîtrise de la gestion. Il est question, encore une fois, de l’expression
de malaise de la destination, après le recul criard des marchés porteurs, tel que l’Allemagne et de la Pologne. La référence de l’année 2007, marquée par une embellie manifeste, n’est plus qu’unebelle réminiscence enfouie dans les méandres de la nostalgie. Pour ce qui est du marché germanique dont les parts d’environs75 millions de touristes par an font le tour du monde, il importe d’assurer la différenciation parrapport à une concurrence farouche pour un émetteur vivement convoité par les grands produits récepteurs de la planète. Quant à Varsovie, ladémarche s’en tient à l’ouverture de la représentation de l’ONMT en terre polonaise, afin de redynamiser cemarché émergent et positionner le Maroc et en particulier la capitale du Souss. Dans le même ordre d’idées, Il convient de mettre en place une base à Agadir de la Royal Air Maroc, à partir de laquelle seront desservis les foyers d’émission à haut potentiel.C’est tellement beau pour y croire, malgré le plan d’action ambitieuxde la structure fédératrice d’Agadir.  En effet,  l’ambiancetouristique dans la présumée première station balnéaire du royaume estplutôt inquiétante, depuis un bon bout de temps. On déplorera lesmouvements protestataires qui accablent nombre d’unités hôtelières.Les ouvriers asphyxiés par le Patronat et ses acolytesadministratifs accentuent leurs manifestations en procédant à l’arrêtde travail et brandissant leurs droits légitimes. On s’indigneraencore plus devant l’état chaotique dans se trouvent encore de grandshôtels qui, des années durant, gisent tels des pachydermes éventrés,en plein centre de la ville. D’autres tardent à voir le jour sans quela procédure de transaction légale ne soit entamée pour permettre àdes repreneurs potentiels d’activer la mise en œuvre, comme ce fut le cas  du complexe Royal Atlas dont la finalisation a été récupérée etredéfinie par la Royal Air Maroc pour en faire un réel joyau.

Rénover l’état actuel des structures délabrées

Devant tous ces dysfonctionnements, outre l’état délabré dont se débat plusde la moitié de la capacité litière censée être rénovée depuislongtemps, le secteur de l’hôtellerie n’est nullement au beau point.Le climat de tension qui y règne risque de frictionner encore
davantage les rapports entre les intervenants dans la plupart des hôtels. Il est bien vrai que la crise qui secoue le domaine aussi bien interne qu’externe ne fait que s’aggraver. Cependant, il n’est pas question que les frais de ces retombées négatives de la conjoncture générale soient payés par les ouvriers en portant atteinte à leur gagne-pain et à leurs droits les plus rudimentaires. On ne peut donc prétendre contribuer à l’essor touristique si l’on persiste à se dérober face à ses responsabilités incontournables envers la classe travailleuse dans les divers compartiments de la structure hôtelière.
Il va alors falloir combler ces attentes pour décrisper les relations et faire régner une atmosphère de paix et de communion. D’autre part,on remarquera, non sans satisfaction, la présence des professionnelsdu secteur, dont l’apport est judicieux, en dépit des contraintesmatérielles et humaines, mais lassés par la déchéance. Un marché commel’Allemagne, avec plus de 75 millions touristes par an et dont leproduit national n’attire que quelques modiques milliers, est dotéd’une seule délégation en Rhénanie, à Düsseldorf, alors que la Tunisieà titre d’exemple, ne possède pas moins de quatre, répartie dans lesmeilleures régions germaniques. Cela se passe de tout commentaire etmettra, peut-être, la puce à l’oreille des décideurs du département dont l’optimismedemeure démesuré…

Saoudi El Amalki

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