“C’est avec une profonde tristesse que nous vous informons du décès du poète, compositeur et artiste légendaire Leonard Cohen”. “Nous avons perdu l’un des visionnaires les plus prolifiques et respectés du monde de la musique”. Tels furent les mots des proches du chanteur disparu cette nuit du 10 Novembre 2016 à l’âge de 82 ans peu de temps après la sortie de son dernier album «You want it darker».

Grand poète et monstre sacré de la musique, l’artiste u visage d’acteur que l’on voyait très rarement sans son chapeau, sa guitare ou son harmonica s’est éteint après une longue carrière de plus d’un demi-siècle.

Dès l’annonce de sa disparition, le maire de Montréal où l’artiste est né le 21 Septembre 1934 a annoncé la mise en berne des drapeaux de l’Hotel de Ville et ses fans se sont rapidement rassemblés devant son domicile, bougies allumées à la main en chantant ses nombreux succès.

«La musique de Leonard Cohen qui était comme nulle autre a transcendé les générations» dira le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Le chanteur disparu s’était mis à la guitare dès son adolescence avant de former son premier groupe de country music «The Buckskin Boys» et de se faire connaître dans le milieu des arts et des lettres en publiant, dès l’âge de 18 ans, son premier recueil de poèmes tout en  affichant déjà son amour pour  Sartre, Camus ou encore Federico Garcia Lorca.

Dans la dernière interview qu’il a accordée aux «Inrocks» il y a trois semaines, il déclarera «Je n’ai pas peur de la mort, ce sont les préliminaires qui m’inquiètent» alors que, durant l’été dernier, il avait évoqué dans un bouleversant «papier»,  les prochaines retrouvailles avec sa « vieille amie » en ces termes : “Marianne, le temps où nous sommes si vieux et où nos corps s’effondrent est venu et je pense que je vais te suivre très bientôt. Sache que je suis si près derrière toi que si tu tends la main, je pense que tu pourras atteindre la mienne. Tu sais que je t’ai toujours aimée pour ta beauté et ta sagesse, je n’ai pas besoin d’en dire plus à ce sujet car tu sais déjà tout cela. Maintenant, je veux seulement te souhaiter un très bon voyage. Adieu, ma vieille amie. Mon amour éternel, nous nous reverrons.”

Et si les chansons de l’artiste parlent toutes d’amour et d’espoir, elles évoquent aussi la religion, la rédemption, la sexualité, la drogue, la solitude et l’imperfection de la condition humaine.

Léonard Cohen a reçu une multitude de récompenses durant sa longue carrière artistique dont notamment sa nomination en tant que «Compagnon de l’Ordre du Canada » en 2003, de «membre du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens» en 2006 puis de «membre du Rock and Roll Hall of Fame» en 2008.

La maison de disques Sony Music reconnait que Leonard Cohen fut « un musicien sans égal dont l’œuvre époustouflante et originale a touché des générations de fans et d’artistes». Et celle-ci d’ajouter : «Nous sommes fiers et nous nous sentons extrêmement privilégiés d’avoir pu célébrer son art tout au long d’une carrière ayant porté sur six décennies» avant de poursuivre «la famille Sony Music Canada se joint au monde entier dans le deuil de Leonard Cohen».

Leonard Cohen fut en effet, «un homme à part» dans la chanson puisque ses innombrables titres allant du folk, à la pop music en passant par le blues ou l’électro ont été repris et parfois même traduits en d’autres langues par des dizaines d’artistes de renommée mondiale tels Nina Simone, Johnny Cash,  Willie Nelson, Joan Baez, Bob Dylan ou encore Alain Bashung, Greame Allwright ou Peter Gabriel pour ne citer que ceux-là sans oublier, toutefois, la bouleversante version d’«Hallelujah» interprétée par Jeff Buckley alors que lui-même n’a que très rarement chanté des textes dont il n’était pas l’auteur.

En lui remettant en 2010 un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre l’Académie des Grammys reconnaîtra que «son extraordinaire talent a eu un impact profond sur un nombre incalculable de chanteurs, de compositeurs et sur la culture en général».

Ainsi avec la disparition de Léonard Cohen, le monde perd un de ses illustres enfants, un grand poète, un chanteur légendaire, un musicien hors pair et un brillant interprète parti à la rencontre de sa «vieille amie» et muse qui avait le grand voyage sans lui.

Nabil El Bousaadi