Les appels se multiplient contre le projet d’annexion israélien en Cisjordanie

Des manifestants palestiniens au Premier ministre britannique, les appels se multiplient mercredi pour pousser le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à abandonner son projet d’annexion en Cisjordanie qui ferait bouger les «frontières» d’Israël, au risque d’un nouveau conflit.

Israël a annexé Jérusalem-Est en 1967, puis le plateau syrien du Golan en 1981. Le pays écrira-t-il en 2020 une nouvelle page de son histoire en décrétant «israélienne» une partie de la Cisjordanie occupée?

Selon l’accord entre M. Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz, leur gouvernement d’union doit se prononcer à partir du 1er juillet sur l’application du plan du président américain pour le Proche-Orient, qui prévoit notamment l’annexion par Israël de colonies et de la vallée du Jourdain en Cisjordanie. Au jour 1 de ce calendrier, des ministres ont estimé qu’aucune annonce ne serait faite ce jour.

Quoiqu’il en soit, reste à savoir si Benjamin Netanyahu optera pour une approche maximaliste en décidant du rattachement de la vallée du Jourdain et d’une centaine de colonies juives, ou pour l’approche minimaliste en visant une poignée de colonies?

Le Premier ministre, proche allié de M. Trump, bénéficie d’une «fenêtre» de tir de quelques mois. Car une victoire en novembre à la présidentielle des Etats-Unis du démocrate Joe Biden, hostile à l’annexion, pourrait anéantir l’appui américain à ce projet condamné par les Palestiniens et critiqué par l’Union européenne, l’ONU et plusieurs pays arabes.

M. Netanyahu, qui a rencontré mardi Avi Berkowitz, conseiller spécial de Donald Trump, et David Friedman, ambassadeur américain en Israël, a dit «travailler ces jours-ci» sur ce sujet et qu’il continuerait «dans les prochains jours», sans autre précision.

«Ce me parait improbable que cela se passe aujourd’hui (mercredi)», a déclaré le chef de la diplomatie israélienne Gabi Ashkenazi.

Mercredi, les lecteurs de journaux israéliens ont bu leur café avec le Premier ministre britannique Boris Johnson qui s’est invité en première page du Yediot Aharonot, le quotidien le plus lu du pays, pour exhorter Benjamin Netanyahu à annuler son projet.

«Je suis un défenseur passionné d’Israël» mais «j’espère profondément que l’annexion n’ira pas de l’avant», écrit-il dans une tribune en hébreu.

Dans l’enclave de Gaza, contrôlée par les islamistes du Hamas, plus de 2.000 Palestiniens ont manifesté leur opposition au plan.

Toute annexion, sans pourparlers de paix au préalable, serait une «déclaration de guerre», a averti la semaine dernière le Hamas qui cherche à manifester son opposition au projet mais sans chercher une nouvelle confrontation, selon des analystes.

Mercredi, le Hamas a lancé une vingtaine de roquettes d’essai vers la Méditerranée, en guise d’avertissement, ont indiqué à l’AFP des sources du mouvement impliqué dans trois guerres avec Israël depuis 2008. Des manifestations sont également prévues à Ramallah et Jéricho, en Cisjordanie.

Mardi, des colons israéliens ont manifesté contre le plan Trump car ce dernier prévoit aussi la création d’un Etat palestinien sur un territoire réduit.

«Le plan Trump prévoit l’établissement d’un Etat palestinien pour laisser des miettes aux Juifs. Nous ne mordrons pas à cet hameçon. Cette terre est à nous (…)», a dit Daniela Weiss, une leader de cette contestation.

Les Palestiniens tentent de rallier des appuis contre le projet israélien qui fait voler en éclats, selon eux, les accords d’Oslo prévoyant une solution «à deux Etats», une Palestine viable aux côtés d’Israël.

Or depuis la signature de ces accords en 1993, la population dans les colonies juives en Cisjordanie, jugées illégales par le droit international, a plus que triplé pour dépasser aujourd’hui les 450.000 Israéliens vivant en parallèle de quelque 2,8 millions de Palestiniens.

«Le droit international est clair comme du cristal: l’annexion est illégale. Si Israël va de l’avant, cela témoignera de son mépris cynique du droit international au profit de la loi de la jungle», souligne Saleh Hijazi, spécialiste du conflit israélo-palestinien chez Amnesty International.

Les Palestiniens se disent prêts à relancer des négociations avec les Israéliens mais pas sur les bases du plan Trump.

«Nous n’allons pas nous asseoir à une table de négociations où sont proposés l’annexion ou le plan Trump car il ne s’agit pas là d’un plan de paix, mais d’un projet pour légitimer l’occupation», a déclaré à l’AFP le négociateur des Palestiniens Saëb Erakat.

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