Les femmes contre l’interdiction totale de l’IVG…

Alors que la semaine dernière une proposition de loi déposée auprès du Parlement Polonais par un comité «Stop Avortement» a été admise par la majorité des députés alors qu’elle ne permet l’Interruption volontaire de grossesse que dans le seul cas où la vie de la femme enceinte est en «danger immédiat», ce  samedi plusieurs milliers de polonais drapés de noir ont soutenu leurs concitoyennes du sexe opposé lors d’une manifestation qui s’est déroulée devant le Parlement.

Cette importante manifestation avait pour but de dénoncer une initiative législative qui vise, sur l’injonction d’une toute puissante église catholique, à imposer l’interdiction totale de l’avortement dans le pays… Les manifestants ont appelé, par la suite, la reconduire ce lundi 3 Octobre.

Conquis après d’incessantes luttes, le droit à l’avortement fait partie des grands combats menés par les femmes européennes et la Pologne se doit d’éviter de se mettre au ban de l’Union Européenne par une telle loi.

Il est à signaler, au passage, que la Pologne dispose déjà de la législation la plus restrictive d’Europe en la matière puisque l’interruption volontaire de grossesse n’est légalement autorisée qu’en cas de pathologie fœtale grave, de viol ou d’inceste ou, enfin, lorsque la santé de la mère est en danger.

Cette proposition de loi émanant d’organisations militantes «pro-vie» poussées par l’épiscopat entend rendre l’avortement impossible à réaliser dans n’importe quelle circonstance.

L’approbation de ce texte émanant de la droite ultra-conservatrice menée par Jaroslaw Kaczynsky et son parti «Droit et Justice», constitue une grave régression pour un pays qui avait travaillé d’arrache-pied pour parvenir à s’intégrer dans la famille européenne après la chute du communisme. Elle va pousser les jeunes polonaises à quitter leur pays pour aller s’installer ailleurs dans l’Union Européenne afin d’échapper à cette «contre-révolution culturelle» dont elles sont les premières cibles.

Il est à signaler, néanmoins, que l’équipe au pouvoir reste divisée sur ce projet d’interdiction totale de l’avortement puisque certains responsables du parti au pouvoir essaient à la fois d’éviter un nouveau front de contestation populaire et de ménager leurs partenaires de l’Union  Européenne qui leur reprochent déjà la paralysie que vit leur Cour Constitutionnelle à propos de la question de la nomination des juges et de celle du traitement des médias publics.

Enfin, Barbara Nowacka, membre du Comité «Sauvons les femmes» a déclaré : «Dans quelques mois, je vous demanderai votre aide pour réunir plus d’un million de signatures. Elles seront destinées non plus à ceux qui nous méprisent mais à ceux qui vont nous écouter».

 Nabil El Bousaadi

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