Les intermédiaires peinent à se relever

Assurances

Par Salma El Badaoui – MAP

Malgré la particularité de cette année marquée par les effets de la propagation de la pandémie Covid 19, le marché marocain des assurances se porte bien selon les chiffres communiqués par le régulateur et les compagnies d’assurances.

Toutefois, le marché de l’intermédiation en assurances se trouve en situation financière difficile suite notamment à l’entrée en vigueur de la circulaire relative à l’encaissement des primes, accompagnée par une opération de protocolisation des arriérés.

Si l’intermédiaire d’assurance ne conteste pas les mesures réglementaires visant la cessation des dérapages du secteur, et se veut acteur actif dans la réalisation de ces ambitions, il attire néanmoins l’attention sur la stagnation de ses revenus face à la montée continue de ses charges.

Approché par la MAP, le secrétaire régional de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP) et ex-président de l’Union marocaine des agents et courtiers d’assurances (UMAC), Youssef Bounoual, a indiqué qu’ »il est de toute évidence que le transfert des tâches de gestion de la compagnie vers l’intermédiaire, sans contre-partie financière, n’est pas pour arranger la situation de ce dernier qui s’enfonce dans la précarité », rappelant, à cet égard, que la rémunération des intermédiaires n’a pas connu d’augmentation depuis 40 ans.
Diverses problématiques sont à l’ordre du jour, a déploré M. Bounoual, citant « l’injustice fiscale » dont souffre l’intermédiaire d’assurance, ou encore le souci des « pratiques de concurrence déloyale des banques », un véritable problème qui devient, a-t-il dit, « inquiétant pour la profession ».

La distribution des produits d’assurance par les banques, bien que réglementée par l’entrée en vigueur du code des assurances fin 2002, continue de susciter des ambiguïtés, pouvant être à l’origine de certaines pratiques peu respectueuses des lois et règlements surtout au niveau de la branche de l’assurance automobile qui représente la part la plus importante dans la structure du chiffre d’affaires de plus de 90% du réseau des intermédiaires, a-t-il souligné.

Interrogé sur la problématique de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) imposée sur les commissions, l’expert a fait savoir que les intermédiaires d’assurances sont « victimes d’une injustice fiscale » à cause de cette taxe sur la présentation des opérations d’assurances, expliquant que c’est un impôt sur la consommation supporté par le consommateur final, or celle-ci est actuellement imposée à l’intermédiaire, qui est un intervenant économique dans la chaine de l’activité des assurances, et donc aucunement consommateur.

En outre, a-t-il renchéri, l’assiette de la TVA, semble être « le point le plus ambigu », dans le sens où le chiffre d’affaires de l’intermédiaire a été considéré comme incluant la TVA. Ces intermédiaires se posent donc la question sur le chiffre d’affaires hors taxe de cette profession, qui jusque-là, et contrairement à toute logique, se trouve calculé à partir de la TVA, au lieu de servir d’assiette pour son calcul.

Abordant la question de l’ouverture massive des agences d’assurance par rapport au potentiel du marché, le responsable a soulevé que ce phénomène d’ouvertures suit « un rythme plus important que celui du potentiel du marché », précisant que durant les six dernières années, le réseau de distribution s’est développé de plus de 25% dépassant de loin le potentiel du marché et surtout celui de l’assurance Automobile qui constitue un segment important pour les agents d’assurances.

Cette branche d’assurances enregistre en moyenne une hausse annuelle qui ne dépasse pas les 6%, a-t-il fait savoir.

Le modèle économique du réseau classique (agents et courtiers) est étroitement lié à la branche automobile.

Toute mesure menaçant cet équilibre pourrait l’entraîner vers un sort très inquiétant. La conséquence immédiate de ces ouvertures massives est la dégradation de la rentabilité de l’agent, alors que la baisse de rentabilité « fragilise l’agent et le pousse vers la fermeture ».

Concernant la digitalisation du marché de l’assurance M. Bounoual a souligné que ce phénomène va voir le jour très prochainement, exprimant, tout de même, son inquiétude quant aux menaces que cette opération pourrait représenter au réseau actuel des agents et des courtiers si ces derniers ne seront pas associés à ce chantier.

« En effet, les compagnies devront développer la digitalisation avec leur réseau de distribution et il suffira de réfléchir à un mode opératoire qui ne mettra pas en danger les intérêts des intermédiaires », a-t-il souligné.
Et de conclure que « le paysage de l’intermédiation est profondément bouleversé par le volume des ajustements règlementaires et organisationnels, qui méritaient plus de vigilance quant à leur mise en place, pour atteindre les objectifs escomptés ».

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