«Les relations culturelles entre le Maroc et la Mauritanie sont bonnes»

Leila Chghali Ahmed Mahmoud est une poétesse Mauritanienne issue de la ville historique de Chinguetti. En séjour  au  Maroc, la chercheure prépare  un travail  littéraire et  historique sur les liens communs entre le Maroc et la Mauritanie à travers les relations entre le Maroc et les familles mauritaniennes les plus connues, surtout des savants, ainsi que le rôle des voyages, des échanges littéraires et  scientifiques entre les hommes de la science et de la littérature des deux pays. Les propos.

Al Bayane : Vous travaillez actuellement sur les Chinguettis situés entre le Maroc et la Mauritanie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Leila Chghali Ahmed Mahmoud : De prime d’abord, je suis présidente d’une association qui s’intéresse à la littérature, à la culture et au patrimoine. Parmi les spécificités de cette association figure la direction de festivals internationaux, notamment les événements littéraires.

Je vise à travers cet événement à créer une dynamique à Chenguit sur tous les plans. Je suis issue d’une grande famille de savants. Mon père, Chaghal Ould Ahmed Mahmoud, était un historien, créateur et poète mauritanien très connu. Il a écrit un livre sur quelques facettes de Chenguit dans lequel il a démontré que nos origines sont marocaines. Et du coup, j’ai voulu écrire dans ce cadre, mais autrement. Ma démarche de travail consiste dans le choix d’une thématique et d’un axe de travail précis. J’ai fait ce voyage au Maroc pour écrire sur les liens culturels, historiques et politiques entre le Maroc et  la  Mauritanie et les rapports qui nous unissent  à  travers  la grande famille Al Cheikh Maalainine.

Cette famille a une place importante dans l’histoire de la Mauritanie et du Maroc. C’est ainsi que j’ai traité du rôle d’intermédiaire qu’a joué Cheikh Maalainine parmi la délégation de chefs  mauritaniens venus présenter leur  allégeance  au Sultan du Maroc à  l’époque.

Mon projet est de faire connaitre les liens culturels qui nous unissent.  Pour ce faire, j’écris de la poésie et de la prose, mais avec mon propre style. Je suis au Maroc pour faire un travail de recherche pertinent et vivre ce moment historique à travers ce qui a été écrit au Maroc à ce propos.

Avez-vous rencontré des difficultés au niveau de l’accès aux références ?

Non. Les Marocains ont été très généreux avec moi. Je suis très émue de cette générosité. Ici, je ne me sens pas étrangère.  J’ai un attachement à cette terre et j’ai écrit de la poésie pour exprimer mon engouement pour ce pays. J’ai pu accéder à des références avec l’aide de Bahija Simou, directrice des Archives royales. J’ai trouvé  un tas d’ouvrages qui vont enrichir mon travail de recherche.

Il y a une histoire commune entre le Maroc et la Mauritanie. A votre avis, comment cela peut-il enrichir les échanges entre les deux pays?

C’est vrai qu’il y a des points de convergence entre les deux pays. La culture marocaine est une culture différente de celle des autres pays. Durant mon séjour, j’ai découvert que le Maroc est très riche sur les plans culturel et artistique et c’est cette diversité qui fait sa force et son homogénéité.

Pour ce qui est des liens fraternels et familiaux entre les deux pays, ils sont ancrés dans l’histoire et vont se développer dans l’avenir.

En tant que poétesse et chercheure, comment voyez-vous les relations culturelles entre les deux pays ?

Les relations sont bonnes et les deux cultures s’enrichissent réciproquement. Il y a un va-et-vient entre les deux entités et des prolongements, notamment avec les villes sahraouies marocaines. Dans ces villes, sur le plan culturel, on ne trouve pas assez de différences avec les autres villes mauritaniennes.

Sachant que la Mauritanie est le pays au million de poètes, comment se porte la poésie dans votre pays ?

En Mauritanie, la poésie classique garde toujours son triomphe et sa dominance. Mais il y a de nouvelles expériences poétiques qui ont vu le jour dernièrement grâce à de nouvelles voix, notamment celles des jeunes. Il y a une dynamique de la poésie moderne qui fleurit dans le paysage culturel, mais sans changement dans l’essence et le patrimoine poétique mauritanien.  A vrai dire, la langue de la poésie reste toujours puissante et forte dans son écriture, le style, l’image et le rythme. Quant à moi, je n’écris que la poésie classique avec du renouveau. Je déguste la poésie libre mais je ne tente pas de l’écrire.

Le monde vit ces derniers temps des changements et des mutations sur tous les plans. D’après vous, comment la poésie peut-elle faire face aux enjeux et changements actuels ?

Je pense que le poète a toujours un référentiel très riche et que tout l’inspire : les contextes et mutations politiques et culturelles. Le poète trouve toujours des issues et a toujours cette envie d’écrire et de créer. Peut-être qu’on va passer dans une période de faiblesse, temporairement, parce que la poésie aujourd’hui ne séduit pas le lecteur et le public comme auparavant. La poésie traduit la souffrance humaine et l’instant. Malgré ces conditions qui étouffent le poète et l’essence du poète d’une manière générale, le monde ne peut pas vivre sans poésie et poètes.

Y a-t-il des échanges entre les poètes et les intellectuels marocains et mauritaniens ?

J’ai de bonnes relations avec des poètes marocains que j’ai rencontrés lors d’événements poétiques un peu partout dans le monde. Les poètes marocains représentent magnifiquement leur pays. J’ai organisé un festival poétique auquel j’ai invité des poètes marocains.

Mohamed Nait Youssef

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