Les villes du monde à l’épreuve d’une urbanisation débridée

ONU

Par Karim AOUIFIA- MAP

Pour les villes du monde, les défis sont multiples et ne se ressemblent pas. Certains d’entre eux prennent une allure démographique alors que d’autres sont d’ordre environnemental, économique, social ou spatial.
L’acuité de ces défis s’est exacerbée en raison d’une « sur-urbanisation » induite par la vague de modernisation qui s’est déferlée sur le monde durant les dernières décennies. A en croire les dernières statistiques des Nations Unies, six personnes sur dix dans le monde devraient résider dans des zones urbaines d’ici 2030, passant à près de 68 % d’ici 2050.

D’ici 2050 aussi, les villes devraient produire 84% de toute la production économique mondiale.
Cette « méga-tendance » de l’urbanisation qui s’accélère au fil des années renferme des implications considérables pour le bien-être du monde et risque, selon plusieurs observateurs, de compromettre l’avancée tant nécessaire vers la réalisation des objectifs de développement durable, d’où la nécessité de favoriser l’émergence d’une urbanisation durable qui va permettre aux villes d’être des acteurs de changement positif pour les générations actuelles et futures.
Pour l’Organisation internationale, en l’absence d’une planification urbaine efficace et durable, les conséquences de l’augmentation sans précédent de l’urbanisation seront dramatiques.
“Dans de nombreux endroits du monde, les effets peuvent déjà se faire sentir, avec un manque de logements convenables et de croissance des bidonvilles, d’infrastructures de transport inadéquates et obsolètes, d’eau, d’assainissement ou d’électricité”, lit-on dans une note publiée sur le site de l’ONU.

L’organisation multilatérale cite aussi l’augmentation des taux de pauvreté et de chômage, les problèmes de sécurité et de criminalité, la pollution et les problèmes de santé, ainsi que les catastrophes naturelles ou d’origine humaine mal gérées et autres catastrophes dues aux effets du changement climatique, sans pour autant perdre de vue les séquelles profondes laissées par deux années d’une crise sanitaire sans précédent née de la pandémie de Covid-19.
C’est dans ce contexte de défis renouvelés et multiformes que s’inscrit la réunion de haut niveau sur la mise en œuvre du « Nouvel agenda urbain » qui aura lieu ce jeudi à New York à l’initiative de l’Assemblée générale de l’ONU et en collaboration avec ONU-Habitat.

Adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur le logement et l’urbanisation durable (HABITAT III), qui s’était tenue à Quito, en Équateur, en 2016, le Nouvel agenda urbain est un document orienté, indique-t-on, vers l’action qui établit des normes mondiales de réalisation en matière de développement urbain durable.
Il propose aux pays une feuille de route pour atteindre les cibles de l’ODD 11 visant à améliorer l’accès au logement et aux systèmes de transport durables, promouvoir les bidonvilles, la planification participative des établissements humain, sauvegarder le patrimoine culturel et naturel mondial, réduire les impacts environnementaux négatifs des villes et mettre en œuvre des cadres de réduction des risques de catastrophe.

D’après l’ONU, six ans après l’adoption de ce nouvel agenda, peu de pays ont mis en place la gouvernance à plusieurs niveaux, les politiques nationales, la planification urbaine inclusive, les capacités, la technologie et le financement nécessaires pour assurer une urbanisation durable.
Aux yeux des experts, cette “incapacité” à renforcer les principaux moteurs de l’urbanisation durable, comme le demande le Nouvel agenda urbain, limite considérablement les efforts des États membres pour mettre en œuvre l’agenda 2030 pour le développement durable, réduire la pauvreté, lutter contre les inégalités, parvenir à une prospérité équilibrée, maintenir les 1,5 degrés de l’accord de Paris cible vivant, et promouvoir la cohésion sociale et la consolidation de la paix.

Face à cette myriade de défis, l’Assemblée générale de l’ONU aspire à travers sa prochaine réunion de haut niveau à positionner le Nouvel agenda urbain comme une feuille de route pour accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030, notamment l’Objectif de développement durable 11 en conjonction avec l’action climatique, l’autonomisation des femmes, les partenariats ruraux-urbains intergénérationnels, la résilience urbaine, et avec la construction pacifique, inclusive, et des sociétés participatives pour des villes vivables.

Il s’agit aussi de reconnaître l’importance des villes et les actions de transformation identifiées dans ce Nouvel agenda, y compris la promotion de stratégies intégrées de développement urbain durable, selon une approche participative et territoriale, afin d’assurer une reprise plus juste et durable après la pandémie de Covid-19.
Les Etats membres et les acteurs locaux et non-étatiques participant à ce conclave essaieront d’identifier les mécanismes institutionnels, les meilleures pratiques, les technologies numériques et les outils de mise en œuvre personnalisables pour impliquer les gouvernements locaux dans les processus de coordination, de planification et de mise en œuvre intergouvernementaux et nationaux.

Il est question également de créer une dynamique pour soutenir les moyens de mise en œuvre du Nouvel agenda urbain, notamment par le financement prévisible d’infrastructures durables et de services urbains de base, le renforcement de la mobilisation des ressources endogènes et la préparation de projets bancables propices au soutien du secteur privé.
Certes ces objectifs et tant d’autres sont empreints d’optimisme, mais seules les actions sur le terrain sont susceptibles d’épargner aux villes du monde moderne les affres d’une sur-urbanisation galopante et baliser le chemin vers un avenir marqué du sceau de la durabilité et de la résilience.

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