L’étoile d’or décerné au film «Very Big Shot» du libanais Bou Chaya

Une clôture en beauté pour la 15e édition du Festival international du Film de Marrakech (FIFM). Samedi 12 décembre, le FIFM a dévoilé les lauréats de cette édition au palais des congrès de la ville ocre.

En effet, l’étoile d’or (le grand prix du festival) a été remporté par le film «Very Big Shot (film kebeer) » du réalisateur libanais Mir-Jean Bou Chaaya. C’est une première dans l’histoire du FIFM. Le président du jury Francis Ford Coppola et son équipe ont fait l’événement cette année en décernant le prix du jury de cette édition aux 14 films sélectionnés dans la compétition officielle du long métrage à l’exception du film «Very Big Shot (film keeper)» (étoile d’or). Il s’agit là des films Babai de Visar Morina , Closet Monster de Stephen (Canada), Cop Car de Jon Watts (États-Unis/USA), Desierto de Jonás Cuaron (Mexique & France), Keeper de Guillaume Senez (Belgique, Suisse & France), Key House Mirror   de Michael Noer (Danemark), Lingering Memories de Keiko Tsuruka (Japon), Neon Bull   de Gabriel Mascaro (Brésil, Uruguay & Pays-Bas), Paradise de Sina Ataeian Dena (Iran & Allemagne), Rebellious Girl (Insoumise) de Jawad Rhalib (Belgique & Maroc), Steel Flower de Park Suk-young (Corée du Sud), THITHI de Raam Reddy (Inde & États-Unis), Toll Bar de Zhassulan Poshanov (Kazakhstan) et Virgin Mountain (L’Histoire du géant timide – Fúsi) de Dagur Kari (Islande & Danemark). Quant au prix de la mise en scène, il a été remporté par le film Neon Bull de Gabriel Mascaro. L’actrice en herbe Galatéa Bellugi a décroché le prix de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans le film Keeper réalisé par Guillaume Senez. Le prix de la meilleure interprétation masculine est revenu à l’acteur Gunnar Jonsson pour son rôle dans le film Virgin Mountain (L’Histoire du géant timide – Fúsi) du réalisateur Dagur Kari. Et ce n’est pas tout… le prix cinécoles a été décerné au court métrage intitulé «la fille qui venait de nulle part» du jeune réalisateur Reda Jai (Studio M – Casablanca). Pour la petite histoire, le Jury de cette 15e édition a été présidé par Francis Ford Coppola accompagné de Richa Chadda, Sami Bouajila, Olga Kurylenko, Sergio Castellitto, Naomi Kawase, Anton Corbijn, Jean-Pierre Jeunet et l’actrice marocaine Amal Ayouch. Pour ce qui est du jury Cinécoles, il a été présidé par Joachim Lafosse. Le reste de l’équipe était constitué entre autres de Valeria Golino, Saâd Chraïbi, Valeria Bruni Tedeschi, et NielsSchneider. La 15e édition du FIFM a tenu ses promesses. Marrakech reste une destination et une capitale du cinéma mondial. Son festival grandit au fil des ans.

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Lettre de noblesse du FFIM

Quand le cinéma et l’humain triomphent…

Jean Bou Chaaya600

Le cinéma et l’art sont toujours les gagnants. Le message était fort dans la ville de Marrakech. Tant de lettres de noblesse ont été glissées par l’image, la voix, l’esthétique, les rencontres, les échanges chaleureux…

Pour une énième fois, le FIFM consolide sa place sur l’agenda des grands événements cinématographiques internationaux. En effet, la 15e édition du FIFM a tenu ses promesses de rendez-vous mondialement attendu. Un rendez-vous que les cinéphiles, les amoureux du 7e art et les professionnels du métier n’ont pas raté. Les cinéphiles sont venus assister et découvrir les films en dans les salles comme en plein air et ce, dans une atmosphère conviviale. C’est un très bon signe d’ailleurs dans ce contexte actuel marqué par les turbulences, les mutations et la montée de violence. Ipso facto, l’art et le cinéma ne peuvent être que des remèdes pour panser les plaies du monde, ses failles et corriger ses erreurs.

Le 7e art qui réunit les peuples autour de la beauté, de l’esthétique tisse les liens amicaux entre les cultures. Le monde a besoin plus que jamais de feu familial, de sérénité et du vivre en harmonie.   C’est vrai, c’était une première dans l’histoire du FIFM que les 15 films de la compétition du long métrage représentant plusieurs nationalités et pays, voire plusieurs cultures et peuples, partent avec des prix dans leurs valises. Celà reflète à quel point la voix du cinéma : celle de la paix, de l’humanité et du dialogue entre les peuples… a triomphé. C’est la logique de l’histoire, la plus juste.   Que le cinéma gagne, que l’art et l’Humain règnent toujours… A la prochaine édition !

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Entretien avec le directeur artistique du FIFM, Bruno Barde

«Le Maroc est en train de construire une industrie du cinéma»

bruno barde600

Bruno Barde, directeur artistique du FIFM est satisfait du bilan de cette 15e édition dont le rideau est tombé samedi 12 décembre dans la ville ocre, Marrakech. « Le bilan de cette édition est joyeux et heureux parce que les salles étaient pleines. J’ai vu le public enchanté par le cinéma et le cinéma enchanter le public», a-t-il dit. Les propos.

Al Bayane : Le FIFM a clôturé, samedi 12 décembre, sa 15ème bougie. Quel bilan faites-vous de cette édition ?

Bruno Barde : le bilan de cette édition est joyeux et heureux parce que les salles étaient pleines. J’ai vu le public enchanté par le cinéma et le cinéma enchanter le public. On a eu un jury exceptionnel avec un président aussi grand que généreux de même que les autres membres qui l’accompagnaient. Les hommages étaient magnifiques. L’hommage au cinéma canadien était également un grand moment de rencontres. C’est clair que les rencontres sont importantes, s’aimer aussi. C’est Martin Luther King qui le disait : « si nous ne devenons pas frères, nous deviendrons fous. ». Je crois que ce festival a montré cela avec un échange de leçons de cinéma. Venir écouter, voir le cinéma, venir à Marrakech, c’est venir voir le monde et l’écouter… et aimer le monde dans sa différence et sa richesse. C’est un acte d’humanité magnifique.

15 ans déjà d’existence du FIFM. Qu’en est-il de sa ligne éditoriale?

C’est toujours la même depuis 15 ans : les meilleurs films, les meilleurs auteurs. C’est une ligne éditoriale qui défend le talent plus que la notoriété. C’est pour cela que nous rendons des hommages à des personnes qui ne sont pas toujours très connues ; mais qui ont un talent fou. La ligne éditoriale du festival c’est de faire venir les meilleures personnes pour le jury et d’être à l’image du cinéma, d’être à l’image de l’art pour permettre à l’Homme de devenir meilleur. Car le cinéma comme l’art rend l’Homme meilleur.

Dans le contexte actuel marqué par les mutations et la montée de la violence, quelles sont les lettres de noblesse que transmet le festival en particulier et le cinéma, en général ?

Les lettres de noblesse, autrement dit, c’est d’élever l’Homme. C’est de participer entre autres à sa grandeur, à sa beauté. Tous les films que nous avons programmés montrent les émotions de l’humanité, remettent l’Homme au centre du dispositif humain. La noblesse, elle est dans la générosité. Ce festival est vertueux.

D’après vous, y a-t-il un véritable impact des cinécoles?

Les cinécoles permettent aux étudiants de venir au festival, de rencontrer les gens, de voir les films. Les étudiants peuvent voir le travail des maitres. Les cinécoles permettent aussi de découvrir de jeunes cinéastes ou plutôt de leur permettre d’accomplir leur voie. Peut être, il faudrait se rassurer que les étudiants ont vraiment envie de devenir des cinéastes. C’est très important ! Ce désir doit être très fort. Il faut que les étudiants qui rentrent dans cette voie là soient sûrs de ça.

Avez-vous une idée sur le cinéma marocain ?

Je ne suis pas un spécialiste du cinéma marocain, au sens où je suis français et que je vois le cinéma marocain depuis seulement une quinzaine d’années. Ce que je vois d’abord, c’est que le Maroc produit une vingtaine de films par an et c’est déjà beaucoup. Vous savez que le Canada n’en produit que 30 par an. Je vois aussi que les cinéastes marocains reconnus sont des cinéastes dont les premiers films ont été montrés à Marrakech il y a 11ans que ce soit Narjiss Najar, Nabil Ayouch, Nourdine Lkhmari, les frères Nouri et d’autres. Il suffit de regarder nos génériques. On voit bien que nous avons montré ce qu’il y a de mieux dans le cinéma marocain. Je crois que le Maroc est entrain de construire une industrie du cinéma. Il y a déjà une industrie audiovisuelle très forte et aujourd’hui on se développe vers une industrie cinématographique. Mais il faut faire les choses avec le temps. Ce qui est fait sans le temps, le temps ne le respecte pas.

Un dernier mot peut être ?

Aimez la vie, aimez le cinéma et aimez les Hommes…

Mohamed Nait Youssef

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