Quand l’extrême-droite polonaise en appelle à la pureté de la race…

Si le fait que 60.000 polonais se soient regroupés ce samedi 11 Novembre dans les rues de Varsovie pour fêter l’indépendance de leur pays, intervenue le 11 Novembre 1918 après une occupation par la Russie, la Prusse et l’Autriche qui a duré 123 ans, est un évènement assez banal en soi puisqu’il a lieu partout dans le monde à l’occasion de semblables évènements, ce qui choque ce sont les slogans auxquels il a été fait appel et qui, en louant «la Pologne pure, la Pologne blanche» au  titre de «la défense de la civilisation occidentale» glorifient expressément la violence et la xénophobie.

Une autre particularité a été que ce rassemblement auquel ont participé massivement des jeunes nationalistes pour lesquels le christianisme reste la base de l’unité de l’Etat polonais s’est tenu, cette année, sous le mot d’ordre officiel «Mychcemy Boga» qui signifie  «Nous voulons Dieu» et qui est  le titre d’un chant catholique qui rappelle un moment important de l’histoire du pays; à savoir la venue en Pologne en 1979 du pape Jean-Paul II et la célébration, par ce dernier, d’une messe malgré l’interdiction opposée par les autorités communistes de l’époque. Il est à signaler que lors de son passage à Varsovie en Juillet dernier, Donald Trump avait évoqué cette chanson qui, pour lui, est un très clair rejet de l’islam et «félicité» les polonais pour «la défense de la civilisation occidentale».

Inaugurée en 2009, cette «Marsz Niepodleglosci» (Marche de l’Indépendance) reste,  à ce jour, le plus grand rassemblement nationaliste et fasciste d’Europe dès lors qu’il proclame haut et fort que «la culture chrétienne (est) supérieure à la culture islamique».

Force est de constater, toutefois, que, pour arrondir les angles aux yeux de la communauté internationale et de ses pairs européens, Andrzej Duda, le chef de l’Etat polonais, a déploré  ce lundi, lors d’un déplacement dans le sud du pays, la présence au sein de ce rassemblement de «bannières apportées par des personnes irresponsables dont le message est inacceptable pour toute personne honnête en Pologne parce qu’on ne peut pas mettre un signe d’égalité entre le patriotisme et le nationalisme». Il en a profité également pour  rappeler qu’en Pologne, il n’y a aucune place «pour la xénophobie, le nationalisme maladif (et) l’antisémitisme».

Il est à signaler, néanmoins, qu’au même moment se tenaient deux contre-manifestations à l’autre bout de la ville organisées par des groupes antifascistes et par des partis d’opposition à l’effet de dénoncer le virage autoritaire de l’actuel gouvernement qui, sans soutenir officiellement cette marche de l’indépendance à fort relent xénophobe, aurait tout de même déclaré que «le plus important est (que) l’attachement à (la) patrie» va bien au-delà des «divisions idéologiques » et des «opinions politiques».

Disons pour terminer que ce rassemblement qui a été assimilé à «une marche fasciste» dès lors qu’en utilisant une rhétorique nazie, il a évoqué «la suprématie de la race blanche», a été violemment critiqué par un grand nombre de médias étrangers…

Nabil El Bousaadi

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