L’extrême-droite va-t-elle diriger le prochain gouvernement italien ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Bien que les sondages le donnent au coude-à-coude avec le Parti Démocrate (gauche), « Fratelli d’Italia » (Frères d’Italie), parti post-fasciste né de la résurrection en 2012 du Mouvement social italien mais qui a entrepris un important travail de dédiabolisation pour nier tout rapprochement avec les idées de Mussolini même s’il s’est gardé de condamner le régime mis en place par ce dernier de 1922 à 1943, aurait de très fortes chances de remporter, sans coup férir, les prochaines élections en étant favorisé tant par le système électoral italien que par son alliance avec la Liga et Forza Italia.

Formation xénophobe, à la fois sociale et libérale, « Fratelli d’Italia » qui était le seul parti à s’opposer au gouvernement d’union nationale de Mario Draghi qui s’est effondré le 14 Juillet dernier, semble, en effet, être sur le point de remporter la victoire lors des élections anticipées qui auront lieu le 25 septembre prochain en Italie et de voir, ainsi, sa secrétaire générale Giorgia Meloni, 45 ans, accéder au poste de présidente du Conseil et devenir la première femme à diriger un gouvernement italien car, comme l’affirmera l’historien Marc Lazar, spécialiste de l’Italie à Sciences Po, « durant un an et demi, toutes les rancoeurs et tous les mécontentements italiens n’ont eu qu’un seul débouché, ‘Fratelli d’Italia’ ».

En rappelant que Giorgia Meloni avait commencé, dès sa jeunesse, à militer dans les rangs du parti post-fasciste, Piero Ignazi, professeur émérite à l’Université de Bologne et spécialiste de « Fratelli d’Italia » dira d’elle que si « son identité est, en grande partie, liée aux traditions post-fascistes », son programme contient, également, « certains éléments conservateurs et néo-libéraux, comme la liberté d’entreprise et de licenciement ».

En outre, bien qu’il entretienne des liens très étroits avec la droite traditionnelle, « Fratelli d’Italia » compte, dans ses rangs, des nostalgiques du « Duce », garde toujours comme logo le flambeau si cher à la mystique fasciste pendant que son journal, le « Secolo d’Italia », tient des propos ambigus et que son programme mêle libéralisme économique, conservatisme sociétal, politique nataliste et positions anti-musulmans, anti-roms et anti-immigration.  

S’érigeant en garant des traditions, de la famille et de l’identité nationale italienne, « Fratelli d’Italia » prévoit d’ouvrir des crèches gratuites et de distribuer des allocations familiales de l’ordre de 400 euros par ménage comme l’avait fait, en 1930, le régime fasciste italien de l’époque mais s’oppose farouchement à la reconnaissance des couples homosexuels et aux droits des LGBT et prône la fermeture des ports italiens aux migrants en provenance de Libye.

Mais bien que, jusque-là, la stratégie retenue par « Fratelli d’Italia » s’est révélée payante, les choses risqueraient de se compliquer, aux dires de Marc Lazar, car « le système électoral italien est ainsi fait que la coalition de ‘centre-droit’ qui réunit ‘Forza Italia’, la ‘Liga’ et ‘Fratelli d’Italia’ a le plus de chances de l’emporter face aux candidats du parti démocrate ou du Mouvement 5 Etoiles (M5S) qui se présenteront chacun de son côté » ; étant entendu que même si « cette coalition est une machine de guerre électorale (…) leurs divergences risquent d’éclater une fois qu’ils seront arrivés au pouvoir et de poser (ainsi) une série de questions sur la gouvernabilité du pays ».  

Est-ce à dire qu’en dépit de ses victoires aux élections locales dans le Nord, réputé comme étant le fief de la Liga, et du bon score qu’elle a fait à Palerme, une ville acquise à la gauche depuis quatre décennies, l’extrême-gauche représentée par « Fratelli d’Italia » pourrait avoir des difficultés à diriger le prochain gouvernement italien ?

Tout plaide en ce sens mais attendons pour voir…

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