L’OMS tire la sonnette d’alarme

L’air  pollué que nous respirons quotidiennement,  surtout au niveau des grandes villes,  représente de réels dangers pour  notre santé, celle de nos enfants et de toute la collectivité.

Dans son dernier rapport sur la pollution atmosphérique et qualité de l’air au niveau mondial,  l’OMS  a  tiré la sonnette d’alarme,  car cette pollution atteint des niveaux inquiétants, essentiellement dans les villes des pays pauvres ou ceux à revenus intermédiaires, dont le Maroc fait partie. Ainsi, la qualité de l’air à Casablanca, Tanger, Marrakech, Meknès, Fès entre autres grandes villes marocaines, est préoccupante vu que l’air que nous respirons est souvent  saturé de polluants, ce qui accroît les risques d’affections broncho-pulmonaires, asthme, maladies cardiovasculaires, maladies oculaires, dermatoses…. Eclairage sur la pollution atmosphérique et son impact sur la santé des individus.

Pollution tentaculaire

On pourrait penser que la pollution de l’air, c’est uniquement  au niveau des usines, là où sont implantés les unités de production, les hauts fourneaux. Détrompons – nous, car selon les résultats d’une étude réalisée par l’organisation mondiale de la santé (OMS), et dont les résultats ont été rendus publics, nous apprenons que ce n’est pas uniquement Casablanca qui est concernée par la pollution de l’air, mais bel et bien 7 villes au Maroc.

Il est vrai que c’est un secret de polichinelle, que de dire que l’air que nous respirons à Casablanca est par endroit pollué et que nous avons attendu l’étude de l’OMS pour sortir de notre état de torpeur. La pollution à Casablanca, Rabat,  Mohammedia et d’autres villes est souvent pointée du doigt.

Bien plus,  le constat qui fait aujourd’hui l’unanimité de tous les habitants de la ville de Casablanca,  c’est celui de la pollution qui y règne en permanence, de jour comme de nuit. Une pollution plurielle qui affecte grandement l’air que les Casablancais respirent,  à Ain Sebaa, Belvédère, Maârif, au centre ville, Hay mohammadi, partout, c’est le même problème surtout aux heures de pointes,

La pollution de l’air ne reste pas localisée dans un seul endroit. Elle se déplace, gagne chaque jour plus d’espace et de terrain, telle une pieuvre qui étend ses tentacules, ce qui menace gravement notre santé et celle de nos enfants. Aujourd’hui 7 villes sont concernées par cette pollution de l’air dans le Royaume.

Des niveaux élevés

Il est évident que le niveau de pollution n’est pas le même au niveau de ces 7 villes que l’OMS a citées. On apprend que la ville de Casablanca est la plus polluée avec un niveau de concentration de petites particules dans l’air de 61 micro grammes (µg) par mètre cube (m3). A titre de comparaison, le seuil maximal annuel toléré par l’Organisation mondiale de la santé est d’à peine 20 µg/m3. Marrakech arrive à la deuxième place des villes les plus polluées avec un niveau de petites particules dans l’air fixé à 58 µg/m3. Pour sa part, Tanger est classée à la troisième place avec 57 µg/m3. Trois autres villes marocaines enregistrent également des niveaux très élevés de la pollution atmosphérique. Il s’agit notamment de Meknès (47 µg/m3), Fès (40 µg/m3) et Salé (31 µg/m3).

De réels dangers pour la santé

La pollution atmosphérique représente de réels dangers pour la santé des individus, affectant surtout l’appareil respiratoire avec une plus grande sensibilité chez les enfants qui sont victimes de bronchiolites avec des gênes respiratoires qui peuvent à la longue entraîner de l’asthme. La fréquence des symptômes asthmatiques est plus grande lorsque la circulation est forte, encore plus lorsque les camions sont nombreux dans cette circulation.

Dans le registre des agents en cause dans la pollution atmosphérique, on relève les polluants chimiques composés de l’ozone, du monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre et des aérosols, il faut aussi ajouter à cette liste le gaz de cuisine…
– Dioxyde d’azote (NO2)
Gaz irritant pouvant pénétrer profondément dans les poumons. Il altère l’activité respiratoire et augmente les crises chez les asthmatiques.
Chez les plus jeunes, il favorise des infections microbiennes des bronches. Les effets de ce polluant ne sont pas tous identifiés. Il est un bon indicateur de la pollution automobile.
– Ozone (O3)
Gaz agressif, fortement irritant pour les muqueuses oculaires et respiratoires, il pénètre aisément jusqu’aux voies respiratoires les plus fines. Il peut ainsi entraîner des irritations du nez, des yeux et de la gorge, des altérations de la fonction pulmonaire, des essoufflements et des toux. Il exacerbe les crises d’asthme.
Il ne semble pas possible de déterminer un seuil en dessous duquel ce polluant serait totalement inoffensif. De plus, les effets d’une exposition chronique sur le long terme restent encore mal connus.
– Dioxyde de soufre (SO2)
Gaz irritant pouvant entraîner des crises chez les asthmatiques, augmenter les symptômes respiratoires aigus chez l’adulte et l’enfant : gène respiratoire, accès de toux ou crises d’asthme
– Particules en suspension
Les plus grosses sont retenues par les voies aériennes supérieures. Les plus dangereuses sont les plus fines, car elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et transporter des composés toxiques.
Elles augmentent le risque d’infections respiratoires aiguës chez l’enfant et renforcent des sensibilités allergiques ou des pathologies préexistantes.
Une grande partie de cette pollution vient des transports. Les émissions des moteurs diesels sont particulièrement riches en particules de petites tailles. De plus, certaines particules en suspension contiennent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) aux propriétés mutagènes et cancérogènes
– Monoxyde de carbone (CO)
A fortes doses, il est un toxique cardio-respiratoire souvent mortel ;
A faibles doses, il diminue la capacité d’oxygénation du cerveau, du cœur et des muscles.

Des solutions adaptées s’imposent

La problématique de la pollution atmosphérique au Maroc, et en particulier dans les grandes villes, là où existent des unités industrielles, constitue une préoccupation majeure pour les citoyens dont la santé est directement menacée par la pollution quotidienne. Cette pollution impose des solutions immédiates, urgentes car les effets nocifs à long terme sur la santé des individus pourront être très lourds en termes de morbidité et de mortalité.

La question qui se pose est naturellement celle de savoir quoi faire ?

La principale source de pollution dans les agglomérations urbaines est le  trafic automobile. C’est donc là qu’on doit agir.

Les autorités doivent adopter des dispositifs contraignants et instaurer des zones où l’accès est interdit aux véhicules les plus polluants. C’est le cas des bus, des grands taxis, des camions et autres véhicules dont l’âge dépasse 10 ans et qui crachent des fumées noirâtres à longueur de journée.

Des contrôles réguliers doivent être effectués par la police, la gendarmerie, et face à ce type de véhicules, il faut verbaliser, ne pas hésiter à placer ces engins pollueurs dans la fourrière.

Par exemple à Londres, ville qui a recours à la vidéosurveillance, les contraventions sont élevées, de  500 livres (603 euros) pour les grandes camionnettes et les minibus et  jusqu’à 1.000 livres (1 205 euros) pour les poids lourds.

Il faut obliger les véhicules diesel à s’équiper de filtres à particules, multiplier les lignes de tramway, un moyen de transport  non polluant.

Il faudrait par ailleurs encourager l’usage des bicyclettes en rendant leur achat accessible au plus grand nombre, encourager la marche à pieds. On peut aussi réfléchir et envisager le covoiturage.

L’air est un bien collectif précieux, mais son état suscite des inquiétudes, particulièrement  au niveau des grandes villes. Aujourd’hui, on ne peut rester sans rien faire, être des spectateurs passifs face à la pollution qui nous menace chaque jour un peu plus.

Le droit de respirer un air sain nous concerne tous. Nous avons le devoir d’agir surtout après le rapport de l’OMS.

Des solutions existent pour réduire les émissions de polluants. Ces solutions requièrent une réelle volonté politique pour être appliquées.

C’est pourquoi nos élus, les acteurs économiques, les associations et les citoyens, se doivent d’agir ensemble et conjuguer  tous les efforts pour  assurer une réussite à cette politique qui nous permettra de lutter efficacement contre ce fléau qui nous menace tous jusque dans nos maisons.

Ouardirhi Abdelaziz

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